Dessinateur formé à Angoulême, Xavier Mussat a choisi de rester sur place à la fin de ses études. En 1998, le studio dans lequel il travaille s’attaque à la réalisation du dessin animé « Kirikou et la sorcière » de Michel Ocelot. Une fois ce travail titanesque terminé, les productions suivantes, formatées pour la télévision, lui paraissent bien fades. Décidé à se lancer dans la BD, il abandonne son job et se retrouve du jour au lendemain à dépendre des ASSEDIC. C’est à cette époque que débarque dans sa vie Sylvia, jeune femme instable, fragile et un peu sauvage. Le début d’une relation tumultueuse dont il ne sortira pas indemne…
Xavier Mussat ne nous épargne rien dans cet album introspectif, disséquant la moindre parcelle de ses moments passés avec Sylvia, de leur rencontre à la rupture, du désir au rejet, de la tendresse à l’indifférence. Comment Sylvia l’a isolé de ses amis, comment elle l’a dévoré peu à peu, comment il n’a pu faire face à son instabilité chronique. Leur histoire est un grand huit permanent dont la toxicité sonne comme une évidence mais avec laquelle ils finissent par s’accommoder. « On ne s’enferme pas dans une relation secouée de tant de dissemblances sans que quelque chose ne finisse par changer. Au début on cherche les similitudes et on s’indigne des désaccords, on essaie de tordre la matière. Et puis, ne parvenant ni à extraire ni à modifier ce corps étranger, on intègre les paradoxes. On apprend à aimer et on se surprend à vouloir que cet amour devienne véritable. »
Deux cent quarante pages d’une mise à nue complète pour une histoire d’amour tellement tumultueuse qu’elle ne pouvait qu’être émouvante. Oui mais voila, je n’ai pas été touché une seconde par ce récit d’une totale sincérité. Trop intime pour moi, je déteste avoir l’impression de jouer au voyeur. Bien trop bavard aussi. Joliment écrit mais avec des tonnes de récitatifs au verbiage très, très plombant.
Visuellement, par contre, c’est impressionnant. Je trouve la prise de risque formidable et je dois bien reconnaitre que les nombreuses allégories présentes quasiment à chaque page sont aussi variées qu’originales.
Un exercice purificateur, une catharsis sans doute nécessaire, mais cette séance de psychanalyse géante m’a laissé de marbre. Rien à faire, je suis allergique à l’autofiction, même en BD !
Carnation de Xavier Mussat. Casterman, 2014. 247 pages. 25,00 euros.
Une lecture commune que j’ai l’immense plaisir de partager avec Mo’. Ça faisait longtemps, bien trop longtemps
L'avis de Moka qui a pour sa part beaucoup aimé.