Jours fériés

Publié le 16 septembre 2014 par Malesherbes

Le MEDEF vient à nouveau de tenir ce qu’il appelle un langage de vérité et qui n’est en fait qu’un langage de paresseux. À croire ces messieurs, c’est le coût du travail qui serait à l’origine de tous leurs maux. Au lieu de proférer de telles contre-vérités, ne pourraient-il faire une analyse de la structure des coûts afin de déterminer, branche par branche, la part du coût du travail dans le prix des produits. Le coût du travail est leur cible favorite alors qu’ils pourraient travailler à améliorer leurs gammes de production, leurs circuits d’approvisionnement, leur gestion de stock, doter leurs produits de caractéristiques surclassant nettement celles de leurs concurrents, développer leurs méthodes de vente, en un mot jouer leur rôle d’entrepreneur.Le malheur, c’est que de tels efforts nécessitent du temps pour faire sentir leurs effets, tandis que la réduction de personnel procure immédiatement un allègement des charges, avec en prime une docilité accrue des survivants, soucieux d’éviter la charrette suivante. La plus grande partie de notre industrie textile s’est trouvée délocalisée en Asie du Sud-Est où les coûts salariaux étaient dix fois moindres. Je n’ai pas remarqué une baisse de même importance dans les prix des vêtements et vous avez sans doute constaté comme moi que, lorsqu'un commerce disparaissait, il était remplacé par une banque ou une boutique de vêtements, activités donc profitables, même si elles requièrent du service et donc du salaire.

Considérons le premier tabou attaqué : les jours fériés. À mon sens, deux situationssont possibles, selon que l’entreprise a un excès de capacité ou non. Dans le premier cas, ce qui, semblerait-il, est celui de notre pays, puisque la croissance n’est plus là, à quoi servirait-il de convoquer des ouvriers auxquels on n’a pas de travail à confier ? Bien pis, je me souviens que, dans l’entreprise qui m’employait, l’expérience ayant prouvé que très peu de collaborateurs étaient présents la semaine du 15 août, elle avait jugé préférable de fermer complètement cette semaine, économisant ainsi les frais liés aux immeubles : énergie, gardiennage, etc.. En outre, la suppression de ces deux journées entraînera mécaniquement une baisse de la consommation, les salariés étant dans l’incapacité de courir les lieux de divertissement ou les magasins qu’on aimerait tant voir ouverts le dimanche.

Inversement, si l’entreprise a besoin de produire davantage, elle peut recourir aux heures supplémentaires ou à l’embauche. Bien sûr, les heures supplémentaires vont diminuer la marge mais l’entreprise va accroître sa part de marché ce qui ne peut que la pérenniser. La défiscalisation des heures supplémentaires était une absurdité, dissuadant les entreprises d’embaucher. La perte de revenu subie par les salariés lors de la suppression de cette défiscalisation a bien montré qu’il ne s’était pas agi de faire face à un surcroît d’activité temporaire mais que ces heures étaient devenus une composante permanente du revenu des salariés.

Je traiterai sous peu d’une notion radicalement étrangère à ces nostalgiques des conditions de travail du XIX° siècle, la productivité.