Canet, le 12 05 2014- Miroir plan, miroir sphérique - Scribe, museur, interprète
M. B. : Nous sommes le lundi 12 mai 2014.
Quand quelqu'un pose une question, j'essaie d'y répondre, c'est la règle mais sous la forme que je veux, pas sous la forme de la thèse parce que c'est trop compliqué. Rappelez-vous, je vous remets la dramaturgie en scène, tout commence avec Lacan sur le miroir plan, qui donne une image virtuelle, ce n'est pas une image réelle car que si on regarde derrière il n'y a pas d'image, c'est un effet d'optique. L'image virtuelle est renversée et, qui plus est, avec une symétrie verticale, la gauche est à droite et la droite à gauche, on a tellement l'habitude qu'on ne s'en aperçoit pas, on ne se voit pas. Les gens qui se rasent seraient stupéfaits de leurs gestes s'ils se trouvaient en face d'eux mêmes avec un miroir sans tain, ce ne serait pas du tout les gestes qu'ils ont l'habitude de voir dans le miroir. Lacan insiste beaucoup là-dessus mais habituellement on n'y met pas trop l'accent. Ça c'est une chose.
Vous connaissez les principaux éléments, ce que l'enfant voit dans le miroir pour la première fois lui fournit son corps, l'unicité, c'est i(a). Ce i(a), il le renvoie sur son corps de l'autre côté et cette fois-ci du même côté que lui par rapport au miroir, il se le renvoie sous la forme de i'(a) qui est le moi ; en face, c'est le moi idéal, et i'(a) c'est le moi. Mais Lacan ajoute quelque temps après une petite complexité qui est le miroir sphérique, dont la particularité est la suivante : dans un miroir sphérique si on n'est pas trop loin du centre de la sphère, si par exemple, vous posez sur le centre virtuel de la sphère un petit objet, vous le verrez dans le miroir sphérique cette fois-ci inversé mais une inversion horizontale, et non plus verticale, cette fois-ci, la symétrie est horizontale, et contrairement à l'image qui était virtuelle dans le miroir plan, l'image est réelle dans le miroir sphérique. Le miroir plan est l'expérience de la bougie allumée… Je me souviens qu'on l'avait reproduite, j'avais pris un miroir sphérique, une bougie, et l'on avait pu voir effectivement qu'il y avait la lumière sur la bougie, et cette fois-ci la flamme de la bougie éclairait réellement, même si elle n'était pas du tout sur la bougie, on avait l'impression, c'est un autre effet d'optique, qu'elle était sur la bougie.
Lacan invente un truc qui est l'histoire du bouquet de fleurs, il installe un pot de fleurs à la hauteur, le miroir sphérique est là, vous avez une planche qui est placée à la hauteur du centre de la sphère, sur cette planche il pose un pot, et au-dessous, sous la planche, il attache un bouquet de fleurs. Si quelqu'un regarde à une certaine distance, il voit les fleurs dans le pot, ce qui pose la question de l'inversion. Il appelle a le bouquet de fleurs, le a qui fera florès, si je puis dire, puisque les fleurs vont se développer largement par la suite avec l'objet a. Cet objet a explique aussi la présence du a dans le i(a) et le i'(a). Il que le vase est le corps et que l'objet a est recelé à l'intérieur du corps. Il prend l'exemple de ce qu'il appellera par la suite l'agalma et il finit par dire que dans le désir amoureux habituellement ce qu'on désire c'est l'objet qui est dans le corps de l'autre, ça c'est une des formules… Mais on peut dire que si l'on place le miroir sphérique ici et le miroir plan là, on obtient une construction absolument intéressante, une possibilité de créer cette fois-ci l'image dans le miroir complété de tout l'arrière fond du miroir sphérique. C'est un bref résumé, je vous renvoie à la lecture de Lacan, vous avez ça dans les Écrits, dans le rapport Lagache, entre autres, où c'est extrêmement détaillé, il montre comment tout ça peut être utilisé et peut opérer. Je l'ai utilisé en découpant les rôles du miroir sphérique et du miroir plan.
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