L'un des plus grands stratèges électoraux américains, Richard Wirthlin, Conseiller de Ronald Reagan, a résumé en une formule les campagnes plébiscitaires "si nous réussissions à faire de la campagne de 1980 un référendum sur les résultats obtenus par Jimmy Carter, l'élection était acquise".
Son homologue dans le camp démocrate, Patrick Caddell, a résumé leur enjeu de l'époque de la façon suivante "sachant ce que le peuple pensait du président, nous nous devions axer notre campagne sur le futur car sur le passé nous étions convaincus d'être battus à plate couture".
Le scrutin a tourné sur la Présidence Carter et R. Reagan a réalisé l'un des plus beaux scores de toute l'histoire électorale des USA.
Depuis 1980, rien n'a changé ou plutôt tout s'est amplifié.
Premier élément, les campagnes sont devenues des campagnes plébiscitaires. C'est un référendum sur une ou deux questions qui font l'opinion publique à un moment donné. Tout l'enjeu réside dans la capacité à influer sur l'émergence desdites questions. Cette "bataille culturelle" conditionne le choix du terrain de la bataille électorale.
Second élément, la réalité politique a de plus en plus imposé le bilan du président sortant comme l'un des enjeux majeurs si ce n'est en permanence l'enjeu principal du "référendum sans nom".
La société est tellement atomisée qu'il est impossible de concevoir une campagne portant sur des réponses précises cas par cas.
Dès lors la question est simple : comment engager une conquête si l'image nationale donnée par le parti du Président sortant est peu attirante ?
Se détacher de façon ostentatoire de cette image ne peut que faire naître de nouvelles divisions internes aggravant la situation. Depuis 1980, aucun candidat n'est arrivé à résoudre cette équation. C'est tout l'enjeu de communication des prochaines élections.
L'image de marque du Parti Républicain est au plus bas. Comment regagner "le respect de l'américain moyen" sans désavouer excessivement les couches électorales toujours fidèles au Parti du Président ?
Les questions à traiter sont simples. Mais les réponses sont aussi difficiles et complexes que l'énoncé de la question peut paraître banal :
* quelle innovation politique peut être formulée pour redorer l'image du parti sans choquer les serviteurs loyaux traditionnels de ce parti ?
* comment formuler cette innovation à l'opinion publique sans démobiliser les donateurs financiers ni démobiliser les militants républicains ?
C'est aujourd'hui l'enjeu de communication de John McCain.
Il a un atout majeur qui réside dans la rapidité de sa désignation et dans son propre cursus au cours duquel il s'est distingué de Bush de façon ostentatoire.
Le vrai créneau de McCain réside probablement dans deux cartes majeures selon le candidat démocrate désigné :
* si c'est Obama, il pourrait ouvrir la Vice-Présidence à un démocrate type Liberman montrant combien le pays doit être uni dans les circonstances particulières actuelles. Cette union à base d'expérience et de sagesse serait un atout important,
* identifier le vote Obama à un message de "garde baissée" par rapport au terrorisme toujours à l'affut.