Bien : ça chauffe grave dans la discussion qui suit le film qui m'a effectivement surpris par son ton "moderato cantabile".
Première impression : le film est bien moins incisif et marqué "anti-riches" que le livre et il y a deux lectures possibles.
- la personne lambda qui n'a du vin qu'une connaissance sommaire. Si elle a une intelligence correcte, elle saura séparer le bon grain de l'ivraie, l'excessif du normal.
- celui qui a de sérieuses connaissances en matière de vin, et singulièrement sur les vins de Bordeaux. Lui verra surtout les points qui le hérissent mais calmons le en disant qu'il n'y a pas tout à jeter. Gardons quelque distance.
Un préliminaire : il est quand même assez singulier de constater à quel point on oublie totalement le simple fait qu'un bien trouve sa valeur à l'intersection d'une offre et d'une demande. Si un cordonnier ne fait que des chaussures de taille 60 et +, qu'il ne vienne pas pleurer qu'il a du mal à vendre son produit ! Mais voilà un langage, dans le monde passionné du vin qui est simplement interdit.
Maintenant, il est évident que bien des facteurs plus ou moins coûteux peuvent être mis en oeuvre pour modifier un prix "pur". On le sait, il faut l'accepter si on veut continuer des discussions sérieuses sur le vin.
Savoir faire, faire faire, faire connaître : Conditions sine qua non pour envisager une réussite.
Exemple : tout le monde sait qu'il y a 30 % du vignoble bordelais qui a été planté tard, dans une période où cela était rentable, ce qui n'est plus le cas actuel avec l'extension du marché mondial et les changements de comportements alimentaires. A quel moment Madame Saporta a t'elle évoqué ce point essentiel ?
Et s'il m'est permis de revenir sur ce qu'elle dit d'Hubert de Boüard : oui, les règles pour le nouveau classement n'ont pas donné un poids majoritaire au terroir. On peut le reprocher ou non. Mais enfin, ces règles ont été discutées en commission, en réunion, et j'ai personnellement assisté à l'une d'elle. Où était la contestation ?
Bref : rien dans ce film de majeur négatif pour vous faire hurler à l'imposture. C'est bien biaisé dans un sens très "les riches sont méchants et fourbes, les pauvres sont gentils et honnêtes". Mais ça, on le savait depuis le livre.
Chacun saura voir, revoir ce film avec son intelligence de la chose. On insistera pas.
Le gros bémol que je mets : il est un peu dommage qu'à tout le moins Madame Saporta n'ait pas indiqué que le cas du vignoble bordelais est spécial : c'est une région d'assemblage, avec un système de négoces et où effectivement le style Parker a joué un rôle majeur, comme dans le Rhône.
Ailleurs, c'est quand même bien différent : Bourgogne, Piémont, Allemagne, Autriche, Rioja, etc…
Petit rappel : dans la liste des 50 vins les plus chers au monde donnée par le site winesearcher, combien de bordeaux ? 2 !
Combien de notes 100/100 Parker ? zéro !
Donc, ne jamais oublier de relativiser.
Bravo pour la sensibilité mise sur la question des pesticides.
Conclusion : il serait dommage que la personne lambda qui a vu cette vidéo croie que c'est ainsi dans tous les vignobles. On en est bien loin, très loin ! Qui nous fera un reportage de cette taille sur le Piémont, la Bourgogne, l'Alsace, la Moselle, le Priorat ?
PS : un mien ami me communique un papier de la RVF sur ce film. Par principe, quand j'écris sur un sujet chaud, je ne vais pas puiser ailleurs des idées qui changeraient mon point de vue initial. A vous de juger ce qui est dit sur ce site RVF : ICI
Autres points :
Quelqu'un connaît-il les vins de ce Monsieur Techer de Pomerol ? Sont-ils remarquables ? Le nom de la propriété ?
Mais que n'a t'elle pas visité Clos Fourtet, Clos des Jacobins, Fleur Cardinale, Haut-Carles pour constater à quel point des nouveaux venus, catégorie "riche", ont véritablement réussi à produire des vins de référence sans se monter du col ?
Et pourquoi ce ton particulièrement agressif contre Dupont du Point qui essayait sagement de lui expliquer quelques points qu'elle n'avait manifestement pas compris ou qu'elle voulait écarter pour motifs idéologiques ?
Bizarre le comportement de cette dame.
Qui a rit le plus à la vue de ce film ? Je vous le donne en mille : les propriétaires de la rive gauche ! Si, si !!!