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Le Triangle d'Hiver

Publié le 15 septembre 2014 par Auroretaupin

Le Triangle d'Hiver   Le Triangle d'Hiver pourrait presque être une nouvelle tant la construction peut y faire penser, avec ces quelques cent cinquante pages et cette chute finale qui tient en une ligne.
Julia Deck nous fait suivre pendant quelques mois l'histoire de Mademoiselle, une jeune femme dont le nom ne nous sera jamais vraiment dévoilé, qui décide un jour de se renommer Bérénice Beaurivage et de devenir romancière, comme l'héroïne éponyme de Rohmer. Comme elle s'enlise dans les mensonges pour tenir cette fausse identité – et son rêve, elle va s'aliéner peu à peu ceux qui veulent l'aider.
L'auteure a un style magnifique qui ne peut pas laisser indifférent, décrivant avec poésie les pls emblématiques des villes portuaires françaises : Le Havre, Saint Nazaire, Marseille. Pour qui connait bien ses villes, la description en est saisissante de réalisme, captant non seulement l'architecture mais aussi l'ambiance particulière de ces villes.
Le style de Julia Deck ne tient pas seulement à la description des rues et chantiers navals, mais également à sa capacité à capturer des moments de vie très réalistes ; ainsi quand l'amant de Mademoiselle lui dit quelque chose qu'elle ne veut pas entendre : "Bérénice n'entend lus rien. Elle se tourne vers les objets, déchiffre les mots qui lui tombent sous les yeux, l'enseigne du restaurant ("bar brasserie Vieux Port, service continu de 12h à 22h), la marque de bière sur le pourtour du cendrier en plastique ("Loburg"), les conseils de dégustation à l'arrière de la bouteille de chardonnay ("servir entre 12°C et 15°, en apéritif avec des poissons ou crustacés, viandes blanches").
Même si cette écriture si fine pourrait suffire à ouvrir (et finir) le roman, on regrette un peu que l'histoire semble si peu vraisemblable, étrange ; on se demande parfois ce qui lui est passé par la tête, ne voyant pas toujours où l'auteur veut ne venir. Et la chute finale, sans vraiment éclairer, nous jette encore dans plus de confusion quant aux 150 pages précédentes.
Le Triangle d'Hiver se lit donc facilement, d'une traite même avec ce format "nouvelle", mais laisse un peu sur sa faim malgré le potentiel indéniable de Julia Deck.
Le Triangle d'Hiver, de Julia Deck aux Editions de Minuit

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