Gregg Araki est de retour avec un style éthéré et la nouvelle star du ciné indé ado Shailene Woodley pour, encore et toujours, dresser un portrait de l’adolescence. Place maintenant à White Bird.
Il replonge donc dans les années 80 pour nous raconter comment une adolescence a vécu la disparition inexpliquée de sa mère qui s’ennuyait au foyer. Peu inquiétée au début puis faisant rapidement une croix dessus pour vivre sa vie et aider son père à tourner la page, elle va commencer à faire des rêves qui vont instiller le doute dans son esprit et la pousser à en savoir plus sur ce qui à pu arriver, ce qui pourrait bien faire basculer son petit mon et ses relations avec son entourage.
Construit sur plusieurs ligne temporelle avec la jeune Kat Connor qui raconte donc ce qu’elle a vécu mais aussi les souvenir qu’elle a de sa mère tandis qu’elle revient ensuite en ville pour enquêter, le film entretient un mystère auquel on ne voudrait pas de réponse. Araki, comme à son habitude, n’hésite pas à faire part frontalement des désirs sexuels de son héroïne et nous plonge alors directement dans les affres de l’adolescence où le sexe n’est jamais occulté. Mais le réalisateur y apporte également une part d’innocence avec cet oiseau perdu dans le blizzard avec des rêves éthérés et des souvenirs racontés avec un certain sens de l’irréel et brisant tout de suite l’impression que l’on pourrait avoir de la famille parfaite.
Ici, nous serions même carrément dans un épisode spécial de Desperate Housewives du point de vue de l’adolescente et réalisé par Gregg Araki où Eva Green campera cette femme au foyer qui ne supporte plus sa condition. L’intrigue ne va finalement pas très loin et tout le mystère s’évapore malheureusement dans la réponse apportée dans les dernières minutes alors que le film aurait été beaucoup plus fort sans cela puisque notre héroïne avait terminé sa progression et n’avait pas besoin de cette révélation pour avoir une conclusion à son voyage intérieur.
Néanmoins, l’atmosphère nous emporte d’emblée dans l’univers d’Araki, notamment grâce à une BO aérienne et à une esthétique irréelle. De leur côté, les acteurs font bien le boulot. Shailene Woodley confirme ce qu’elle fait depuis quelques films indés tandis que Christopher Meloni sera plus surprenant dans le rôle du père soumis. Et si Eva Green impose sa présence même lorsqu’elle n’est pas à l’écran, toujours magnifique, on regrettera tout de même qu’elle use toujours du même artifice dans son regard pour faire passer la folie de son personnage.
En fait, après Kaboom qui était un véritable shot à prendre sans réfléchir, ce White Bird semble beaucoup plus posé mais surtout beaucoup trop « facile» pour Araki qui avait dressé des portraits plus complexes et barrés de l’adolescence. Le film restera alors très plaisant à regarder, parfaitement maîtrisé, mais il lui manque peut-être cette petite étincelle pour que l’on s’en souvienne encore bien après la séance.