Judith et le sourire

Publié le 15 septembre 2014 par Mentalo @lafillementalo

Judith a trois semaines lorsque je la rencontre, endormie au creux des bras de sa mère, au cours d’une visite d’une exposition de patchwork (Si. Contre toute attente : superbe, j’en suis encore sur mon séant de tant de beauté et de minutie. Je ne sais pas ce qui m’arrive.). C’est un bébé menu et paisible aux traits fins et délicats, longs cils et longs doigts. C’est également la première fois, je crois, que je vois sa maman. Qui d’emblée me raconte, boostée aux hormones, qu’elle adore accoucher, alors que je m’extasie sur cette jolie petite vie toute fraîche. Elle me raconte joyeusement les sept heures de travail à la maison, la naissance en moins d’une demi-heure dans l’hôpital tout neuf, le personnel à l’écoute et le soutien qu’elle y a trouvés.

Alors que nous nous mettons à la recherche de l’aînée qui a filé dans les rayons de la médiathèque, elle me dit les difficultés d’allaitement, les compléments, les solutions qu’elle a trouvées avec son mari, encouragée par une pédiatre (baba-cool, dit son mari) très à l’écoute. J’ouvre la bouche, prête à dire que je pense ces solutions bancales, qu’il faudrait faire comme ci ou comme ça, lire tel ou tel livre. Et puis je la referme, sans avoir rien dit. Je la félicite. Je l’encourage. Je dis c’est chouette, de trouver un équilibre qui vous convient.

Et je le pense. Vraiment.

Parce que cette maman ne me connaissait pas, ne me demandait rien, si ce n’est l’approbation d’une de ses congénères.

Parce que trop souvent on croit qu’on est meilleure que l’autre, qu’on en sait plus, parce qu’on a appris, lu, vu, parce qu’on a vécu, expérimenté.

Parce que trop souvent on impose, on s’impose. Et, implicitement, on sous-entend que l’autre s’y prend mal. On instille le doute là où il n’était pas quelques secondes plus tôt.

Souvent, se taire et sourire sont les meilleures choses à faire.

Elle ne me demandait rien, je n’ai rien dit.

Sauf que Judith était si jolie. Sa maman est partie, radieuse.