Chronique « Mongo est un Troll » : Au bout du chemin…
Scénario et dessin de Philippe Squarzoni
Adultes/Adolescents
Médiéval fantastique
Paru chez Delcourt, le 3 septembre 2014, 90 pages couleurs, 15.99 euros
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L’histoire
Ambiance médiéval-fantastique. En plein hivers, quelque part dans une auberge miteuse, Duane et son vieux pote Cameron boivent des bières. Entre complicité et gros mots, les deux petits papy s’en vont dans la nuit, volent une poule et vont dévorer leur butin autour d’un feu improvisé.
Pendant ce temps, Claire Woodward, une belle sorcière se bat avec un Troll, fou amoureux d’elle.
Plus tard, sur la route, la sorcière croise un musicien au visage mangé de tentacules. Quelques paroles et elle rentre chez lui.
Duane et Cameron s’approchent d’un cimetière. Le soir venu, ils vont piller une tombe pour récupérer quelque pécule. De quoi survivre pendant leur périple. Mais la tombe est gardée par une foule de serpents venimeux…
Ce que j’en pense
Je connaissais Philippe Squarzoni, l’auteur de « Mongo est un troll », pour ses albums « documentaires » engagés et hautement recommandables (« Garduno, en temps de paix », « Zapata en temps de guerre » et le plus récent « Saison brune« ). C’est donc, avec une vraie curiosité, que j’ai abordé ce récit de pure fiction. Grand amateur de fantastique et de comics, Squarzoni nous offre un récit très personnel, dans un monde « Heroic Fantasy » parodique.
A sa façon, moderne et décalée, un peu dans l’esprit de la série « Donjon » (de Sfar), il nous raconte la balade aventureuse de deux vieillards presque immortels. Le récit s’apparente à une « geste », mais le ton en est très éloigné. Pas de preux chevaliers par ici, mais deux vieillards (Duane, le grand balaise et Cameron, le petit rabougri) qui passent de village en village, en pillant les cimetières.
Et puis, il y a la sorcière : Claire Woodward, avec ses huit vies (elle en a déjà consommé trois). La belle inspire autant la peur que l’amour. C’est elle, le catalyseur, l’élément déclencheur du petit groupe. Pour où ? Pour quoi ? Cela semble très confus et à vrai dire sans intérêt…
Cette relecture moderne de la geste médiévale, qui s’attache plus à l’introspection qu’à l’aventure, Squarzoni l’accompagne par des dialogues crus, voire un peu vulgaire (Je n’ai pas compté le nombre de « merde » dans l’album…). Moi qui aime les dialogues plus subtils, je n’ai pas été conquis par ce parti-pris.
Le dessin
Sur « Mongo est un troll », Squarzoni adapte son dessin. Sur « Saison brune« , le dessin typé « reportage » ne m’avait pas emballé. Là, tout au contraire, il nous offre une belle « ligne épurée » épurée et moderne. Exploitant parfaitement le « petit format » de l’album, il trouve une expression graphique d’une efficacité parfaite, dans l’esprit d’un bon « Comics ».
Ses couleurs, traitées en grands aplats et souvent très saturées, collent bien à l’ambiance médiévale et caricaturale de l’album. Pour le dessin, c’est un sans-faute !
Pour résumer
Avec « Mongo est un troll », Philippe Squarzoni nous embarque dans un « Road movie » médiéval, froid et brutal. Peuplé de créatures étranges, de monstres, de sorcières et de mort, c’est un récit inattendu, assez décousu qui nous emmène là où on ne s’y attend pas.
Entre aventures et absurde, Squarzoni tente autre chose. Quoi ? Pas toujours évident de le suivre, mais après tout, le voyage n’est-il pas plus important que le but…
Porté par un dessin « ligne claire » épuré, rehaussé de couleurs franches, Squarzoni se fait conteur. Ecoutez pour voir !