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Les câbles sous-marins, enjeu stratégique du Big Data

Publié le 15 septembre 2014 par Pnordey @latelier

L’entreprise française Alcatel-Lucent et le constructeur Seaborn Networks prévoient de construire la première fibre optique sous-marine afin de gérer et accélérer les flux de données.

A l’ère où les données constituent un enjeu nouveau à différents niveaux, entreprises technologiques et organisations étatiques montrent leur volonté d’accaparer les données transmises dans le monde, notamment grâce à la construction de câbles sous-marins. Google, avec l’aide de cinq autres entreprises, soutient en ce moment Faster, un projet visant à relier le Japon (Chikura et Shima) et les Etats-Unis (Los Angeles, San Francisco, Portland et Seattle) en très haut débit. De son côté, le français Alcatel-Lucent, en partenariat avec Seaborn Networks, se lance dans la construction d’une fibre optique sous-marine, reliant Fortaleza au Brésil et Wall Street. Baptisé Seabras-1, ce câble va transmettre des données cellulaires et autres signaux numériques à une vitesse de 60 térabits par seconde. De quoi attiser les convoitises des pays et des agences de surveillance et remettre à jour les enjeux stratégiques de la maîtrise de l’information.

Un enjeu stratégique historique qui s’accentue

La mise en service de câbles sous-marins (historiquement destinés à envoyer des télégraphes) a toujours été source de convoitise, tant ils représentent un enjeu important dans la maîtrise de l’information, et donc dans la stratégie des États. Déjà durant la Guerre Froide, en 1971, les États-Unis lançaient l’opération Ivy Bells, destinée à s’informer sur les technologies de missiles et de sous-marins russes grâce à l’interception de conversations directement depuis les câbles sous-marins présents en mer d’Okhotsk. Aujourd’hui, les scandales des "écoutes" grâce à la technique du "tapping" (consistant à se brancher directement au câbles pour récupérer les informations y transitant) démontrent la valeur de la maîtrise de l’information en s’attaquant directement au "backbone", colonne vertébrale de l’Internet. Si l’affaire Edward Snowden confirme cette tendance de l’écoute, elle met surtout en lumière le rôle grandissant des entreprises privées dans la maîtrise des données. A titre d’exemple, le programme PRISM aurait donné à la NSA accès à des données présentes sur les serveurs de Facebook, Microsoft ou encore Google.

Des risques de positions dominantes

Le Big Data, ensemble tellement volumineux de données numérisées que les outils traditionnels de gestion ne suffisent plus, génère des risques de positions dominantes, de géants du web ou d’organisations, au vu de l’ambition qu’ils démontrent dans la gestion des flux de données. Par exemple, Google et Facebook représentent 50% de l’audience du web, ce qui leur offre la possibilité de fixer les règles du jeu sur certains marchés et de défier les organisations étatiques. Depuis le scandale de la NSA, ces entreprises profitent en effet de ces affaires pour se lancer dans la construction d’infrastructures destinées à gérer les données, et surtout les crypter suffisamment pour qu’elles soient inviolables par une autre organisation. Autre preuve que la gestion des données représente un réel enjeu géostratégique : les Etats-Unis ont mis en place une "team telecom", chargée de veiller à ce que les câbles restent sous contrôle américain. Celle-ci a récemment fait avorter le projet du constructeur électronique chinois Huaweï qui voulait construire un nouveau câble transatlantique. Cependant, la construction de la fibre sous-marine Seabras-1, liant Etats-Unis et Brésil, montre la volonté de décentraliser les "noeuds" de câbles principalement situés en Europe et aux US, en incluant les BRICS.


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