Semaine périlleuse pour le plus impopulaire des gouvernements" border="0" title="POLITIQUE > Semaine périlleuse pour le plus impopulaire des gouvernements" />
François Hollande et Manuel Valls I Photo ©SIPA
Dans cette rentrée qui tourne au chemin de croix, François Hollande n’a d’autre choix que d’aborder cette nouvelle semaine, décisive soit-elle, en se repliant sur le terrain international, laissant ainsi Manuel Valls batailler avec la majorité rebelle et les difficultés socio-économiques du pays.Ministres, députés ou conseillers qui ont croisé le président depuis dix jours ne l’ont pas reconnu. Tous avouent avoir éprouvé de la compassion… certains de la gêne. L’homme politique de sang-froid, sur qui les événements les plus noirs semblaient glisser telles les averses à répétitions sur ses costumes sombres lors de ses nombreuses sorties officielles, ressemblait à un boxeur dans les cordes. Touché, bouleversé, isolé… "Pas coulé !", précise [sceptique, ndlr] le porte-parole du gouvernement, son fidèle Stéphane Le Foll.Le surplace de l’économie, les dérapages des déficits, les salves de Cécile Duflot, les leçons de Martine Aubry, l’éviction de Montebourg et consorts, la fronde des députés PS, les bêtises de Thomas Thévenoud et surtout les morsures du livre de Valérie Trierweiler… Depuis la rentrée du président le 18 août dernier, chaque semaine accélère une défiance de l’opinion, augmente les doutes sur sa capacité à renouer le lien avec le pays.
"Les semaines périlleuses, on s’y habitue", lâchait, grinçant, Stéphane Le Foll après une réunion à Matignon pour préparer le vote de confiance demain à l’Assemblée. Après cette terrible séquence, les rôles sont distribués entre le Président et le Premier ministre. À François Hollande, les dangers du monde, à Manuel Valls, les urgences du pays. À ce niveau d’impopularité, le président n’a d’autre choix que le repli sur le domaine réservé de la politique étrangère. Jeudi, il devrait placer au coeur de sa deuxième conférence de presse de l’année, la guerre contre les jihadistes de l’État islamique (EI ou Daesh en arabe) en Irak et en Syrie. Avec ce conflit et les tensions autour de l’Ukraine, le chef de l’État à "du pain sur la planche". Il devra également vendre et gérer la nouvelle potion d’austérité qui empêche de revaloriser les retraites, qui oblige à réaliser €2Mds d’économies de plus, immédiatement, et les €21Mds prévus en 2015.
Son Premier ministre, fragilisé par une rentrée joliment pourrie, ira demain chercher à l’Assemblée la confiance de sa majorité pour la seconde fois en cinq mois. Il avait rallié 306 voix en avril (11 abstentions au PS). Il faudrait au moins 55 abstentions au PS, plus les 18 écologistes pour que Manuel Valls n’obtienne pas une majorité, ce qui paraît très improbable. Mais l’un des leaders de la fronde, le député PS de la Nièvre Christian Paul, rappelle : "Il y aura ensuite le budget de la Sécurité sociale, celui de l’État et nous nous ferons entendre". Cette semaine périlleuse en annonce d’autres pour le Premier ministre et pas seulement en raison des difficultés de la majorité et du vote de défiance qu’exprimeront les élus le 28 septembre à l’occasion des sénatoriales. Le terrain social s’agite avec la grève des pilotes d’Air France, la mauvaise humeur des huissiers, notaires et autres métiers qui anticipent les projets de déréglementations de leurs professions. Sans oublier l’essentiel : la direction de Pôle emploi constate un flux massif d’inscriptions depuis deux semaines.
Au-delà de cette semaine, François Hollande et Manuel Valls pourront quitter les feux brûlants de l’actualité et les turbulences politiques dans leur majorité. Le retour annoncé, préparé, inévitable de l’ex-président Nicolas Sarkozy va raviver l’affrontement classique gauche-droite et réveiller les rivalités dans l’opposition. Un répit, certes, mais de courte durée.FG