Le procès de "l'affaire de la tempête Xynthia" qui a fait 29 morts à La Faute-sur-Mer (Vendée), dans la nuit du 27 au 28 février 2010, débute lundi. Le point sur le dossier et rappel des circonstances de la catastrophe
Ce procès très particulier, lié à l'une des plus grandes catastrophes naturellesen France depuis plusieurs décennies, devrait durer cinq semaines. L'ex-mairede la petite communedeLa Faute-sur-Mer (800 habitants permanents) encourt cinq ans de prison, la commune n'ayant pas mis en place son plan de prévention du risque d'inondation (PPRI) et son plan communal de sauvegarde (PCS).Le maire n'aurait pas non plus répondu à son obligation de mise en place derepères de crue. On lui reproche également de ne pas avoir réalisé dedocument d'information sur les risques majeurs (DICRIM), ni de diagnostic de vulnérabilité des habitations. Enfin, René Marratier aurait illégalement délivré des permis de construire en zone inondable et insuffisamment informé la population et les propriétaires des digues des risques, lors de l'arrivée de la tempête Xynthiaqui a fait 29 morts dans la commune.
23 février 2010 : une tempête hors norme
Le 23 février 2010, les services météorologiques évoquent pour la première fois une dépression, située en plein cœur de l'Atlantique sur le tropique du Cancer et susceptible de se transformer en forte tempête. Le 25 février, des images prises par les satellites au large de l'archipel portugais de Madère, dans l'Atlantique subtropical, laissent apparaître le creusement rapide de cettedépression baptisée "Xynthia" par les météorologues allemands, qui remonte peu à peu des régions subtropicales vers l'Europe.
26 février : Xynthia atteint le Portugal
Le 26 février, le creusement rapide de la dépression et son potentiel «explosif» au sens météorologique du terme conduisent l'Institut météorologique national portugais à émettre un bulletin d'alerte pour dix districts du nord du pays. La protection civile conseille aux habitants des régions du centre et du littoral de limiter les déplacements en raison de rafales de vent estimées à plus de 160 km/h et de pluies soutenues. Unepremière victime est signalée dans la journée du 27 février : un enfant de 10 ans meurt écrasé par un arbre à Paredes, dans le district de Porto. Neuf personnes sont également blessées dans l'accident.
27 février : l'Espagne et la France en alerte rouge
Image satellite de la tempête Xynthia, le 28 février à 02h00 UTC.Après les îles Canaries, les premières rafales de vent atteignent rapidement les îles de Tenerife et de La Palma où des bourrasques de 120 km/h, 147 km/h et 160 km/h sont enregistrées. Xynthia touchela Galicedans le courant de l'après-midi du 27 février, avec localement des pointes de vent à 196 km/h. Au Pays basque espagnol, les principaux médias diffusent des messages incitant les habitants à rester chez eux et donnant des consignes en cas d'urgence. La tempête menace désormais la France dont les services météoplacent quatre départements en alerte rouge (niveau maximum) dans la journée du 27 février : la Charente-Maritime, la Vendée, les Deux-Sèvres et la Vienne. Au total, 69 départements sont placés en vigilance orange. C'est la deuxième fois qu'un avis de vigilance rouge est mis en place pour des vents violents depuis la mise en place du dispositif dans l'Hexagone en 2001, après les tempêtes Lothar et Martin de décembre 1999. Dans la soirée du 27, Xynthia s'abat sur le golfe de Gascogne, pendant qu'à Orduña, au Pays Basque espagnol, on enregistre des pointes de vent à 228 km/h...
Nuit du 27 au 28 février : Xynthia dévaste l'Ouest de la France
Les habitants des maisons construites dans les terres situées sous le niveau de la mer sont surpris dans leur sommeil par la montée des eaux. En dépit des secours, au matin du 28 février, le bilan des victimes de la tempêteest particulièrement élevé dans le grand Sud-Ouest où l'on dénombre 35 mortsdans le seul département de la Vendée, 12 dans le département de laCharente-Maritime,2 dans les Pyrénées-Atlantiques et 1 dans les Hautes-Pyrénées. La petite commune de La Faute-sur-Mer en Vendée paie le plus lourd tribut à la violence de la tempête : 29 personnes ont trouvé la mortdans une zone située à un mètre sous le niveau de la mer, en contrebas de la digue du fleuve côtier Lay. Parmi elles, beaucoup de retraités mais aussi certains de leurs petits-enfants en vacances, qui ont été piégés durant la nuit dans leurs maisons construites récemment dans la "cuvette mortifère", cette zone submersible. 47 personnes ont également été blessées et 762 autres évacuées.