Mi-août, en partant pour passer un week-end rallongé à Saint-Maximin, j’ai Christian au téléphone. On parle de ce que Le p’tit Seb (Talotti) a posté sur facebook. Tine va y participer. Et il m’embobine comme c’est pas permis pour que je m’inscrive à ce truc. Départ Le Schuss (Le restaurant d’altitude de l’organisateur) à Saint-Nicolas-de-Véroce et arrivée le Mont Joly. Un kilomètre vertical dré dans le pentu qu’ils ont écrit. Je m’inscris mais je me dis que je n’en suis pas capable. Non mais du grand n’importe quoi !
Je suis la tête dans le coffre de ma voiture et une voix que je connais m’interpelle. Tiens un Seb. Le Chaigneau. C’est la première personne à me parler. Quel accueil !
Je me dirige vers le retrait des dossards et je rencontre l’organisation de la Montagn’Hard. Des gars très sympas et souriants comme d’hab. Je récupère mon dossard. Le n°4. Non il ne s’agit pas d’un dossard Elite. Le seul dossard Elite était le numéro 1 qui était en fait celui du parrain de l’épreuve, Mathéo Jacquemoud.
Puis j’entends cette douce voix que j’aime tant entendre quand je suis dans le dur sur les chemins de mes courses : c’est Christian. Puis on enchaîne avec Martine, puis un autre Seb. Le Talotti. Les deux autres Seb ne sont pas là. Le B.O. est de fête en famille et le mien est au boulot.
Je suis tout près du Schuss et je demande à Christian d’où on part. Il me dit, « de là sous l’arche et vous allez là-haut, tout droit ». Et là je me dis que les absents n’ont pas toujours tort. C’est quoi ce truc ? Non mais du grand n’importe quoi !
Je suis habillée et je m’échauffe. Christian part avec le minibus de sacs de change en direction du « presque » sommet. Je discute un peu avec Martine. Le p’tit Seb appelle tous les coureurs sous l’arche pour un petit briefing. Il est 16h56. Il reste 4 minutes avant le départ. Je défais mes lacets et je refais mes lacets. Là c’est bien ! Il va de soi que je suis à l’arrière. A côté de moi, un homme me parait un peu nerveux de voir le mur qui nous attend. Non mais du grand n’importe quoi !
16h59… compte à rebours… Go ! Devant ils partent en courant, bon les 50 premiers mètres ok… moi aussi… mais après. Ils font comment pour courir ? En course depuis 10 minutes, seulement 500 mètres de parcourus mais déjà 150 mètres de dénivelé positif. Le dernier conseil que j’ai lu pour les montées, c’est de regarder au loin et affronter la pente. Ça pour l’affronter, je l’affronte mais je ne peux pas voir plus loin que le dessous des chaussures de la personne qui me précède. Non mais du grand n’importe quoi !
Des encouragements des deux côtés du chemin. C’est top ! Car là, on morfle sévère. Mais après c’est pire ! La pente s’accentue davantage. Le sol est détrempé. Ça glisse. Le bruit des pas de tout le monde crée un chant un peu particulier au premier abord mais on s’y fait : « ploc, ploc, ploc » ! Et ça glisse. Je vois maintenant l’intégralité des semelles de l’homme qui monte juste devant moi. Oui je suis sûre que c’est un homme car les poils des jambes des femmes ne sont pas comme ceux-là. Avant que quelqu’un ne me pose la question, j’ai retiré les poils de mes jambes. La pente s’incline encore un peu avant d’atteindre le chemin qui croise le notre et nous renvoie vers un nouveau raidard. Je lutte et je me débats pour pouvoir grimper cette petite portion et je donne mes lunettes de soleil en toute confiance à une dame que je ne connais pas pour qu’elle les donne en bas. MERCI MADAME ! Et vlan… tu crois qu’après ça monte moins raid mais ce n’est qu’une vision d’optique. Non mais du grand n’importe quoi !
Au loin, une nappe de brouillard s’étale et la longue ligne de coureurs que je voyais s’y engouffre. Mais ils vont où ? Le sommet n’est pas encore visible mais je suppose au loin l’Epaule. Cet endroit où une barrière horaire nous impose un passage après 60 minutes de course. Ah tiens ! Un ravitaillement et j’entends déjà la douce voix. Ouf ! Il est là. Il est 17h39 quand je l’atteins. Un verre d’eau plate. « il te reste plus de 20 minutes avant la barrière horaire, tu gardes ton rythme et c’est bon ».
Je repars d’un pas décidé, le même que d’habitude. Je me focalise sur 18h00 et je vais monter le plus vite que je peux jusque 18h00. Je double on me double, personne n’a vraiment de rythme dans les pentes ultra-raides qui nous mène à cette barrière horaire. Non mais du grand n’importe quoi !
Je fonce. Enfin, je fonce, à mon rythme d’escargot et j’arrive à sortir de cet endroit sans chemin. Ce chemin lui aussi très raide en cailloux et sable est glissant. Et sans bâton, la stabilité est moins évidente. Bien sûr, j’ai mis mes petites mitaines roses que j’aime tant. Depuis le début que je m’aide de mes mains, je les chéris. Quelques personnes sont là en balade sur le chemin. Ils s’arrêtent pour regarder cette bande de tarés qui se lance à l’assaut d’une des montagnes sacrées du coin à une paire d’heures de la nuit. Et je lis dans les regards que je croise furtivement. Non mais du grand n’importe quoi !
Il est 17h55 quand je passe la barrière horaire. Ouf ! Premier soulagement. Un souci de moins. Nous sommes en plein brouillard. Notre trajet n’est plus visible pour le moment mais la destination finale est dégagée et on y voit du monde. Un dernier ravito juste avant d’entreprendre la dernière partie très technique qui mène à la croix. Je bois deux gorgées d’eau plate et c’est parti. Le marquage au sol est rose : c’est un signe.
Deux hommes du Secours en Montagne sont dans la première partie et demandent à chaque coureur si tout va bien. Mis à part les cuissots en feu, tout va bien. Il est 18h20. Si je donne tout, dans 10 minutes je passe la ligne d’arrivée. DMJ écrit en rose. C’est encore un signe.
Alors action Elisa… sors toi les pouces et tu le fais ! Tu avais dit en 1h30 alors tu vas le faire en 1h30. C’est à ta portée. Je donne tout. Non mais du grand n’importe quoi !
FINISHER en 1h30 !!! J’ai fini ! C’était mon premier kilomètre vertical qui faisait 4km en distance mais plus d’un kilomètre verticalement.
Je n’en reviens pas ! Je fais une photo, je l’envoie à mon chéri et je l’appelle. Je n’en reviens pas. Je l’ai fait !!!
Merci à Christian de m’avoir embarquée dans ce grand n’importe quoi que j’ai adoré mais aussi pour ses encouragements et ses photos et vidéos.
Merci à l’organisation pour ce super moment de sport, de simplicité et de convivialité.
Merci à Martine pour la rose, elle venait du cœur.
Merci à la dame qui a déposé mes lunettes au Schuss.
Et merci à mon mari chéri qui croyait que j’étais capable de la faire.
PS : J’ai fait toutes les photos uniquement après avoir passé la ligne d’arrivée. La descente a été épuisante car mes cuisses étaient engourdies et le chemin très long mais c’était génial ! On recommence quand ???
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