Jeudi prochain, les Ecossais doivent voter pour décider si l'Ecosse reste ou non dans le Royaume-Uni. Alors que tout le monde pensait le scrutin joué à l'avance en faveur du non à l'indépendance, il s'avére que les résultats sont particulièrement indécis. Du coup, toute l'Europe s'intéresse à cette élection, avec la crainte qu'une victoire des indépendantistes écossais ne donnent des idées aux nationalistes de toutes sortes qui foisonnent dans toute l'Europe. C'est pourtant réduire le référendum écossais à ce qu'il n'est pas, c'est à dire un choix uniquement nationaliste et idéologique, et donc refuser de voir ce qu'il est aussi : un vote contre le libéralisme économique.
En effet, il y a une spécificité écossaise forte. La volonté d'une partie des Ecossais de sortir du Royaume-Uni est d'abord liée au refus de la politique économique menée par les dirigeants britanniques. L'Ecosse est la partie la plus à gauche du Royaume, à tel point que le parti Conservateur du Premier Ministre n'y a plus aucun député. Les Ecossais qui votent toujours en faveur de politiques de redistribution des richesses voient bien qu'ils n'ont rien à attendre de Londres, que ce soit les Travaillistes ou les Conservateurs qui soient au pouvoir, puisqu'à l'instar de la France, ils y mènent les mêmes politiques. Le vote oui est donc porté par une envie d'égalité et de progrès social.
Il est également porté par un des fondements du peuple écossais : l'accueil des autres. L'Ecosse est aujourd'hui la nation la plus accueillante d'Europe, une de celles où les partis racistes et xénophobes sont le moins bien implantés. A l'heure où une part importante des Anglais se jette dans les bras de l'UKIP, parti de droite ultra réactionnaire, cette donnée a son importance pour le scrutin de jeudi.
Bref, il est fort probable que vendredi matin l'Ecosse soit encore britannique. Mais le simple fait qu'elle ait pu envisager de continuer son chemin seule, portée par des valeurs de gauche, est une excellente nouvelle, et vu d'un pays si hautement déprimé comme le nôtre, cela fait du bien.