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Europe : juncker fait la grosse commission…

Publié le 15 septembre 2014 par Blanchemanche
#Commissioneuropéenne
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Discussions de marchands de tapis jusqu’à l’ultime limite, contre-emplois en forme de provocation, ça sent mauvais pour l’examen de passage du nouvel exécutif devant le parlement européen à la fin du mois…EUROPE : JUNCKER FAIT LA GROSSE COMMISSION…
Dans la douleur, Jean-Claude Juncker son nouveau président est parvenu à pondre sa grosse commission. Les marchandages ont duré jusqu’à l’annonce du dernier round.Le 4 septembre dans le dernier virage avant le sprint final, Pierre Moscovici était encore sur le papier commissaire à la concurrence, Jonathan Hill le british, à l’énergie et au changement climatique sous l’autorité de Valdis Dombrovski promu vice-président en charge de ces affaires délicates ; Jyrki Katainen aux affaires économiques où il avait temporairement succédé à Olli Rehn ; l’allemand Günther Oettinger qui s’occupait de l’énergie dans la Commission Barroso était bien parti pour se retrouver au commerce et donc devenir négociateur européen en chef du Partenariat Transatlantique pour le Commerce et l’Investissement (TTIP) et l’espagnol Miguel Arias Canete qui rêvait d’un gros commissariat, devait se contenter de la Recherche et l’Innovation…Sauf qu’à l’arrivée le 10 septembre, et au terme d’un bonneteau à rendre jaloux les meilleurs spécialistes du genre qui tondent avec le talent que l’on sait les hordes de touristes égarés cet été à Montmartre, le casting a été considérablement bouleversé : Mosco’ décroche les affaires économiques et financières non sans une délectation justifiée compte tenu de ses lamentables états de service. Miguel Angeles Canetes qui s’occupait de l’agriculture du temps du gouvernement Aznar, hérite de l’énergie, sous l’étroit contrôle de l’ancienne Premier Ministre Slovène Alenka Bratusek. La concurrence revient finalement à Margrethe Vestager l’ex-ministre de l’économie et de l’intérieur danoise ; Jonathan Hill représentant très convenable de la City de Londres qui tient l’Euro pour quantité négligeable, récupère – c’est tellement logique – les services financiers et l’union des marchés de capitaux. Günther Oettinger lâche l’énergie pour l’économie numérique et rendra compte à l’ex-premier ministre estonien Andrus Ansip, à peine plus qualifié que lui sur le sujet. Quant au commerce, c’est la suédoise Cecilia Malmström qui n’avait pas caché sa préférence pour la justice, qui s’y colle…

MOSCO’ : UNE VICTOIRE À LA PYRRHUS ?

C’est peu dire qu’en Allemagne, la nouvelle de la nomination de Mosco’ a fait l’effet d’une bombe dont la déflagration a été d’autant plus forte que Michel Sapin a annoncé le même jour que la France ne tiendrait ses engagements budgétaires, ni en 2014, ni en 2015. Le déficit hexagonal qui devait reculer en 2014 est maintenant annoncé à 4,4% du PIB contre 4,1% en 2013, et les 3% fatidiques promis à la commission Baroso pour 2015 sont maintenant renvoyés dans le meilleur des cas à 2017. Bref, à jamais…Sapin qui ne manque pas d’air à même poussé le bouchon jusqu’à  déclarer que « nous ne demandons aucune modification des règle seuropéennes mais la prise en compte des réalités économiques ». Dans le nouveau package des illusions perdues, il a placé par la même occasion une croissance réduite maintenant à 0,4% cette année et à 1% en 2015. L’exaspération est telle outre-Rhin qu’on ne trouve même plus la force de railler les prévisions fantaisistes françaises émises, tant en matière de déficit budgétaire que de croissance il y a seulement quelques mois par les Mosco’ Sapin et autre LagardeDie Zeit n’y va pas par 4 chemins et qualifie la grosse commission Juncker « d’affront à Merkel ». Bild, plus raffiné se demande si « l’Allemagne n’a pas été roulée dans la farine » et Florian Eder, le correspondant de Die Welt à Bruxelles écrit sans précautions épistolaires inutiles que la nomination de Mosco’ comme commissaire à l’économie et aux affaires monétaires est « LE mauvais choix ». C’est le Handelsblatt qui résume le réveil migraineux de l’exécutif teuton par la question qui tue « Est-ce une commission pour affaiblir l’Euro ? ».  Un site satirique genre Hara Kiri y va même de sa kolossale finesse en constatant avec un goût exquis : « Il fut un temps ou le Junkers 87 (« Stuka ») faisait trembler l’Europe. Aujourd’hui, le Juncker 2014 se fout de la gueule de l’Allemagne »... Il n’y a plus guère qu’un certain Werner Mussler, correspondant de Faz à Bruxelles, pour rappeler à ses concitoyens groggy que les apparences pourraient être trompeuses…

PIERROT ET SES GARDE-FOUS

A y regarder de plus près en effet, la marge de manœuvre du pire économiste qu’a connu notre pays depuis 30 ans pourrait bien s’avérer réduite. Jean-Claude Juncker a monté une usine à gaz dans laquelle il a confié à quelques anciens premiers ministres européens au chômage, 7 postes de vice-présidents dotés d’un droit de regard sur  ce que feront les simples commissaires de quartier dont ils pourront par exemple, interdire les initiatives législatives intempestives. Un beau merdier en perspective. EUROPE : JUNCKER FAIT LA GROSSE COMMISSION…Mosco’ sera en effet flanqué non pas d’un seul, mais de 2 vice-présidents : L’ex-premier ministre letton Valdis Dombrovski, partisan convaincu de l’orthodoxie budgétaire qui a si bien réussi à son petit pays et pas du tout du même bord politique que Mosco’ est chargé de coordonner les politiques de l’Euro et du dialogue social. Quant à son homologue finlandais Jyrki Katainen qui occupait le job de Mosco’ à la suite du départ d’Olli Rehn, il va s’occuper de l’emploi, de la croissance et de la compétitivité et donc surveiller comme le lait sur le feu, les écarts de conduite éventuels de l’ex-remercié de Bercy qui aura tout de même le droit de représenter la commission lors des thés dansants de l’Eurogroupe.C’est sans doute ce qui explique l’accueil dubitatif fait en France à l’annonce de la nomination de Moscovici. L’eurodéputée PPE Françoise Grossetête n’a pas tardé à tenter de dégonfler le melon du lauréat : « On marche sur la tête ! le jour ou la France annonce un nouveau report des objectifs de déficit public et revoit à la baisse ses prévisions de croissance, Pierre Moscovici est nommé commissaire aux affaires économiques et monétaires ! Quelle légitimité aura-t-il pour conseiller les autres membres en matière de politique économique ? ». Une interrogation à laquelle Alain Lamassoure, président de la délégation UMP au Parlement Européen a répondu par un bon mot : « Pierre Moscovici sera soumis à la tutelle de deux vice-présidents qui ont réussi chez eux le redressement raté en France…. ». on ne saurait mieux dire.Même Marc Tarabella le chef de la délégation socialiste belge au parlement européen y est allé de sa petite blagounette involontaire : « On a souvent pu taxer la Commission de centre de recyclage où certains Etats-membres envoyaient leurs indésirables… ». Et c’est en théorie, un ami politique du Mosco’…

UNE GROSSE COMMISSION MALODORANTE

Le king du bonneteau européen ne s’est pas contenté d’embaucher des acteurs à contre-emploi. Il a fait aussi dans la provocation comme l’illustre la nomination du grec Dimitris Avramopoulos à l’immigration et aux affaires intérieures et surtout en confiant le portefeuille de la culture, de la jeunesse et de la citoyenneté à un certain Tibor Navracsics,membre influent du parti Fidesz de Viktor Orban. Lequel comme chacun sait, s’est consciencieusement employé depuis son arrivée au pouvoir en Hongrie il y a 4 ans, à rogner grave sur les libertés publiques.Une autre erreur de casting saluée en ces termes par Guillaume Balas, eurodéputé socialiste à l’odorat hypertrophié : « Nommer l’ancien ministre de la justice hongrois au poste de commissaire à la culture à la jeunesse et à la citoyenneté c’est au mieux une provocation au pire une abdication du président de la commission dans son rapport avec Monsieur Orban. Jean-Claude Juncker n’aurait pas dû accepter un tel profil à la Commission et nous allons nous y opposer ». Car il est vrai que les citoyens européens que nous sommes, tenus largement à l’écart de ces savants tripatouillages, ont un peu tendance à oublier l’étape obligatoire du vote du parlement européen après audition des commissaires choisis par l’ami Juncker, par les commissions parlementaires spécialisées dans leur discipline.Et rien ne dit que celle qui va entendre Mosco’, même s’il peut compter sur les efforts de Pervenche Beres pour faciliter son grand oral, va tomber sous le charme du Ballon d’Ordes prévisions de croissance…

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