La vie n’est pas facile pour les membres du parti socialiste de France. Les sondages répétitifs de différents sondeurs leurs cassent la tête. Ça va mal! Ça ne peut aller plus mal ! Leurs déclarations, leurs positionnements, leurs prédictions, leurs débats sont devenus une tour de Babel où tous les bruits sont brouillés. On ne sait plus ce qu’ils disent, ce qu’ils pensent, ce qu’ils veulent. Le président François Hollande réclame des élus socialistes qu’ils respectent ses politiques, le premier ministre ne parle que d’unité-unité-unité, les ministres jouent aux coqs, certains démissionnent, d’autres sont démis, de nouveaux sont nommés, une démission suit l’autre, les alliés politiques fuient, l’ex-première dame dévoile le réel Hollande… ce n’est pas beau ! Rien ne va plus ! Pourquoi!
Le gouvernement français actuel n’est pas un bon gouvernement. C’est simple. Il parle pour parler, promet pour promettre, ne rencontre pas ses objectifs, déçoit. Il taxe, taxe, taxe. Puis, il détaxe, détaxe, détaxe. Il ne sait pas où il va et cela devient évident. Les statistiques d’emploi, de relance de l’économie, de croissance, de compétitivité, etc… l’assomment mensuellement. Le français moyen ne comprend pas, craint pour sa famille, pour son emploi, pour son commerce, pour son entreprise. Il ne voit pas le bout du tunnel. Ce n’est pas surprenant, le gouvernement gouverne mal.Une bonne démonstration est la formation du nouveau cabinet des ministres suite à l’affaire Montebourg-Hamon-Filippetti. De ces trois, les deux derniers n’avaient absolument pas le bagage ni l’expérience nécessaire pour être ministres de France. C’était clair le jour de leur nomination et c’est devenu encore plus clair le jour de leur démission. Pourtant Hollande les avait choisis. Et, il vient de récidiver en choisissant les membres du nouveau cabinet. Certains diront que c’est le PM Valls qui a fait le choix. Soyons sérieux ! Normalement, un cabinet de ministres doit être formé des meilleurs individusdisponibles afin que chacun puisse remplir adéquatement le devoir du ministère qui lui est confié. Ils doivent être les plus expérimentés, les plus à jour des problèmes de l’heure, les plus renseignés sur les solutions réalistes pour les régler, les plus prêts à prendre les meilleures décisions pour que la France progresse. Ils peuvent être dans le cercle des élus ou se trouver dans le privé, si nécessaire. Qu’ils viennent tous de la même ville, de la même rue, importe peu. S’ils sont les mieux qualifiés, ils doivent être choisis. Le malheur est qu’Hollande ne procède pas comme cela. Il joue aux cartes, il avance des jetons pour gagner politiquement. La France est son second choix. En effet, ce président cherche à créer des alliances pour l’avenir. Qu’importent les qualités requises pour de vrais ministrables, les choisis le deviennent sur la base de critères qui ont rapport avec le sexe, les régions, les services rendus, la loyauté, les partis de gauche, la popularité, les promesses, la tendance, etc… Ainsi, plusieurs sont nommés ministres et arrivent dans leur ministère sans savoir où celui-ci va, qui il est et où il doit aller. On parle ici de la France, Believe it or not ! C’est une méthode de choix ridicule qui débouche sur un cabinet faible, non efficace, incapable de régler les vrais problèmes. Avec l’enfer que vit la France aujourd’hui, il semble que pour la formation du dernier cabinet, le président aurait pu inviter plusieurs non-élus, reconnus dans leur sphère d’activité pour leur savoir-faire et leur efficacité, à venir l’aider à gouverner. Son approche est vouée à l’échec car le niveau des problèmes et des solutions à trouver est trop haut pour des ministres non qualifiés. Pourtant, Hollande le sait puisqu’il a chialé contre certains des anciens ministres, les traitants d’« incompétents ». Ce n’est pas moi qui le dis, c’est lui qui l’a dit et répété à son ex-compagne et ex-première dame comme on peut le lire dans son récent livre sur sa relation avec Hollande.Il y a aussi le parti socialiste français et son idéologie inébranlable de gauche. Il veut que le comportement des français corresponde à ses croyances, ses idées, ses doctrines. La bourgeoisie américaine qui s’associe principalement au parti républicain fait de même, à droite. Le temps de tels partis est dépassé. Aujourd’hui, plus que jamais, un parti doit pouvoir s’adapter aux besoins du temps. Au pouvoir, il doit gouverner en fonction des problèmes réels et ne pas se laisser aveuglement orienter par son idéologie. Alors que de plus en plus de citoyens souffrent, le temps n’est pas de se complaire dans des chimères, des politiques utopiques, des illusions ou des projets irréalisables, non plus que de ne s’occuper que d’une classe de la société. Toutes les classes de la société française ont besoin de l’une et de l’autre pour se sortir du marasme dans lequel elles sont toutes immergées. Le parti est à un niveau d’impopularité record. Balayé aux dernières élections législatives, il subira, de l’avis de tous, une secousse sera encore plus forte aux prochaines élections sénatoriales. Son approche politique a entrainé Hollande dans les bas-fonds électoraux parce qu’elle ne correspond pas aux problèmes d’aujourd’hui. Le président semble avoir compris enfin le désastre dans lequel il a poussé la France, et ses nouvelles politiques ont pris un tournant brusque vers la droite. C’est ce qu’il avait à faire dans les circonstances actuelles, il n’avait d’autres choix. Mais plusieurs membres influents du parti socialiste s’offusquent et menacent de ne pas accorder leur confiance au nouveau programme politique du gouvernement Valls, à l’Assemblée Nationale. Si cela se concrétise, on comprendra que ce parti s’éloigne à nouveau des vrais problèmes et est voué à la disparition de son influence politique en France. Il risque de devenir une entité négligeable.Au Canada, j’ai été longtemps membre actif du parti progressiste-conservateur du pays. Ces deux qualificatifs ensemble sont surprenants mais ils représentent bien ce qu’était ce parti qui avait dans son sein une aile droite forte et une aile gauche forte. C’est le parti de John Diefenbaker, plus à droite, celui de Joe Clark, plus à gauche et de Brian Mulroney, plus au centre. Ces trois ex-premiers ministres appliquaient une politique du parti appropriée aux besoins du moment. Chaque aile savait user de son influence si un besoin particulier de la population se faisait sentir et l’autre savait se rallier. Ainsi l’approche gouvernementale était pragmatique. Il en est de même pour le parti libéral du Canada. On peut critiquer chacun d’eux à différents moments, mais le fait demeure que le Canada progresse constamment et bien. La France n’est plus à l’heure de Jean Jaurès, ni à celle de l’après-guerre de DeGaulle. L’heure est à la vraie démocratie. Les électeurs comprennent mieux l’envergure des problèmes. Ils sont mieux renseignés et plus vite. Ce ne sont plus les discours qui manient l’opinion publique, mais les médias qui, par tous les moyens différents que leur offrent les nouvelles technologies, répandent rapidement les informations. De plus en plus, chaque côté de la médaille de chaque problème, est connue. Nous devenons plus aptes à nous faire une opinion. Certes, il y a toujours les images et les illusions que cherchent à créer les politiciens pour que l’opinion publique les favorise, mais lorsque ça va mal, elles n’atteignent pas les électeurs. Ensemble, le président Hollande et son parti socialiste doivent repenser leur approche politique afin que les meilleures personnes dirigent le pays, non seulement dans le temps présent mais aussi et surtout dans le futur, sinon le parti risque de disparaître. La France a besoin dans les prochaines années de meilleurs conducteurs à la roue de l’État, quelque soit le parti, car le chemin est parsemé d’obstacles majeurs.
Claude Dupras