Il y a bientôt un an et demi, le 23 avril 2013, le Cosunam, Comité Suisse-Vietnam, organisait à la Ferme Sarasin, au Grand-Saconnex, dans le Canton de Genève, la projection en avant-première d'un court-métrage sur les Vietnamiens de Suisse, intitulé Deux pays dans le coeur.
Ce film, posté quelques mois plus tard sur YouTube, le 31 juillet 2013, a été vu à ce jour par près de 15'000 personnes, dont quelques centaines au Vietnam même.
Des personnalités suisses y figurent, telles qu'Anne-Marie Von Arx-Vernon, député au Grand Conseil de Genève, Jean-Marc Comte, conseiller administratif de la ville du Grand-Saconnex, Serge Dal Busco, député au Grand Conseil de Genève, Michel Rossetti, ancien maire de la ville de Genève, ou Rolin Wavre, ex-secrétaire général du Parti Radical genevois.
Ces personnalités donnent leurs témoignages sur la communauté vietnamienne de Suisse, environ 15'000 personnes sur les 3 millions d'exilés du Vietnam. Il ressort de ces témoignages que les Vietnamiens de Suisse se sont remarquablement intégrés à leur pays d'accueil tout en restant très attachés à la culture et aux traditions de leur pays d'origine. Ils font tous preuve d'une grande faculté d'adaptation et se passent de l'aide sociale pour s'en sortir...
Ce court-métrage montre également des images du Vietnam actuel où se sont rendues ces personnalités. Le pays apparaît animé d'un grand dynamisme, qui s'est traduit par un réel boom économique, stoppé cependant depuis 2007 par la crise internationale. Mais ce boom économique profite surtout aux membres du parti unique (20% de la population). Sans la carte du parti il est en effet illusoire d'ambitionner une quelconque réussite sociale.
De fortes inégalités sont le résultat du régime politique corrompu en place, qui n'a rien de libéral et tout d'une dictature. Il y a ainsi une concentration de voitures de luxe qui ne se retrouve nulle part ailleurs dans le monde...
A côté de cela, la misère n'épargne pas des pans entiers des populations des villes et des campagnes, victimes bien souvent d'atteintes aux droits de propriété. Les expropriations pour construire des complexes touristiques sont monnaie courante sans qu'il n'y ait de dédommagements en rapport avec les préjudices subis.
Alors qu'en Suisse la circulation est très prévisible et que le code de la route est très bien observé dans l'ensemble, les images de circulation dans les grandes villes vietnamiennes donnent le tournis. Et le spectateur ne peut que se demander comment il se fait qu'il y ait aussi peu d'accidents dans ce fourmillement de deux roues, qui sont les moyens de transport les plus utilisés, parce qu'à la portée du plus grand nombre.
Des membres de la diaspora vietnamienne en Suisse apportent également leurs témoignages sur les raisons qui les ont amenés à quitter leur beau pays pour s'installer en Suisse et pourquoi ils ne veulent pas y retourner. D'autres, plus jeunes, nés en Suisse, y ont été, mais ne sont pas davantage enclins à y vivre. Car, si le Vietnam connaît une ouverture touristique et économique, pour le reste, c'est la fermeture, qu'il s'agisse des domaines politique, culturel ou social. L'omniprésence du parti communiste en est la cause.
Tous les intervenants du film ont cependant le mot d'espoir à la bouche. Ils ont l'espoir que le Vietnam évolue un jour vers une démocratie pluraliste et le respect effectif des droits individuels par les autorités.
Le succès de ce court-métrage sur Internet, résultat surtout d'un bouche-à-oreille, n'est-il pas de bon augure?
Francis Richard
Deux pays dans le coeur - Les Vietnamiens de Suisse, sur YouTube: