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Chroniques manga : c’est bon ça, c’est très très bon !

Publié le 14 septembre 2014 par Paoru

Chroniques septembre manga

Comme je vous le disais dans le top des lectures de fin août, la rentrée manga 2014 est chargée : plus de 160 sorties pour ce mois de septembre. Après avoir lu une vingtaine de mangas depuis fin août, en voici 4 qui méritent votre attention et qui ont en commun de talentueux -voir brillants – mangakas. Au programme : Tokyo Ghoul #7, de l’enthousiasmant Ishida, Billy Bat #11 des malins et déroutants Urasawa & Nagasaki, Space Brothers #7 de l’inhabituel Koyama et enfin Seven Deadly Sins #4 du prometteur Suzuki.

En route pour ce top 4 de septembre !

Tokyo Ghoul #7 : une quête identitaire violente et jouissive…

Tokyo Ghoul Tome 7
J’ai déjà réalisé une critique de l’oeuvre en janvier dernier, à l’occasion du tome 3, mais ce tome 7 mériterait presque un article à lui tout seul. Un opus marquant, pour le lecteur et dans le déroulement de l’histoire. Et notable pour sa violence, aussi. Pour ceux qui ne connaissent pas la série disons succinctement que tout commence le jour où  Ken Kaneki est pris en chasse par une goule et que, suite à un accident, cette dernière meurt et l’on transplante ses organes à Ken, pour le « sauver ». Ce jeune homme timide devient un être hybride plongé dans un monde sanglant et sans pitié où il faut manger de l’humain pour survivre. Ajoutez-y une guerre entre les clans de goules, répartis dans différents quartiers, qui se battent aussi contre les sections spéciales des forces de polices : on obtient donc un monde sordide mais de plus en plus complexe et prenant.

Et donc jusqu’ici notre cher Ken, toujours timide et un brin mollasson, jouait le rôle du garçon entre deux peuples, mi-humain et mi-goule, refusant d’abandonner sa sensibilité d’humain mais apprenant petit à petit à maîtriser ses pouvoirs de goule, avec un petit coté shônen / nekkutsu pour les plus âgés, hémoglobine et cannibalisme obligent. Mais au fur et à mesure que les anciens ennemis de Ken deviennent des alliés, séduit par son refus de la violence et sa recherche de la paix, il faut bien amener de nouveaux ennemis. Des Némésis en veux-tu en voilà, bien décidés à instaurer un nouvel ordre établi où la goule domine sans partage la chaîne alimentaire. Ken, capturé par ces troupes obscures, a le malheur de croiser la route de Jason, une goule sadique et cruelle, qui prend son pied dans la torture de son prochain. Et quand on sait que la goule qui sommeille en Ken a une capacité de régénération hors-norme, on comprend rapidement le manège qui s’annonce derrière ce sceau rempli à ras-bord de phalanges.

Ken. Va. Souffrir. Beaucoup. Longtemps. Jusqu’à la folie. Et alors que les troupes spéciales se décident à attaquer la place forte des goules, la quête identitaire de notre jeune hybride va sauter un pas de géant, nous entraînant alors dans un combat de virtuose entre la victime et son bourreau. Alors que de nombreux personnages secondaires font leur apparition et annoncent du lourd pour la suite, le héros de l’histoire reprend sa place : il se transcende et emballe l’intérêt du lecteur. Ne hurlez pas au scandale si je vous dis qu’il y a un peu de la grande bataille de Marine Ford (One Piece) dans ce tome 7 de Tokyo Ghoul, dans une version totalement horrifique, folle et malsaine, avec une trentaine de personnages prêt à en découdre. La série de Sui Ishida était réussie, mais ce volume la fait passer au niveau supérieur et constitue l’un des meilleurs tomes seinen de l’année. Rien que ça.

Billy Bat #11 : mais où nous emmènes-tu Urasawa ?

Billy Bat tome 11
Billy Bat aussi je l’avais évoqué dans ces colonnes, avant la sortie du tome 10 en mars dernier. Après la séquence sur Oswald et Disney, l’histoire a bifurqué pour revenir au Japon depuis quelques tomes, pour la chasse au rouleau censé contrôler la chauve-souris. A l’image de l’arc précédent, je m’attendais à un passage mêlant à nouveau le scénario de Billy Bat et l’Histoire mais c’est finalement sur ces personnages principaux et le mystère de la chauve-souris que se concentrent Naoki Urasawa et Takashi Nagasaki.

Enfin je dis qu’il ne touche pas au passé mais les deux auteurs semblent incapables de s’en empêcher complètement et nous prépare un joli coup fourré à propos du premier voyage sur la Lune de 1969. Néanmoins le sujet principal n’est pas là pour le moment, et on suit donc trois générations de mangakas héritiers de la chauve-souris… Enfin plutôt DES chauves-souris, puisqu’il est maintenant clair que deux d’entre-elles œuvrent pour des destinées très différentes de notre monde. Ces trois auteurs, Kevin Yamagata, son maître Zofu et le maître de son maître, dessinent donc l’avenir et tentent de de déjouer des tragédies de deux périodes clés, entre 1924 et 1964.

Au milieu de tout ça le lecteur peut rapidement se perdre, car trop de complexité peut tuer la complexité et Urasawa ne sait pas toujours s’arrêter et se dépêtrer des imbroglios qu’il créé. Heureusement les tomes 9 à 11 de Billy Bat parviennent à conjuguer scénario riche et lecture trépidante :  les événements de 1924 et de 1964 sont très bien mis en parallèle et nous paraissent quasi-simultanés, comme dans un effet papillon où l’on observait en même temps les premiers battements d’ailes et la venue de l’ouragan qui en découle 40 ans plus tard. Les rebondissements, la psychologie des personnages et les quelques révélations qui viennent éclaircir la trame de fond nous permettent d’être captivé dans le récit, d’être surpris par les bifurcations du scénario… mais sans finir avec un horrible mal de crâne. Urasawa et Nagasaki ont compris qu’il fallait laisser le lecteur résoudre quelques petits puzzles, même si ces derniers ne sont en fait que des pièces pour un tableau plus grand, dont on ignore encore la taille… Même si on a l’impression de commencer à en voir les bords.

20th Century Boys semblait prendre un certain plaisir à noyer son lecteur. L’imagination d’Urasawa est toujours aussi grande qu’un océan mais au moins, dans Billy Bat, on arrive à peu près à y nager. Reste à savoir où est-ce qu’on va aller…

Seven Deadly Sins  #4 : c’est qu’on s’y attache à cette bande de malfrats !

Seven Deadly Sins Tome 4
On change totalement d’univers pour parler shônen cette fois-ci. Celui là aussi j’en avais parlé il y a 2 tomes  mais j’étais plus mitigé à l’époque. Je pensais que le manga de Nakaba Suzuki allait plaire – ça,il y avait de bonnes chances – mais je ne me doutais pas qu’il allait ME plaire. Seven Deadly Sins, c’est un shônen d’aventure qui narre les péripéties de 7 combattants déchus et plus ou moins disparus de la surface de la Terre. Enfin de la surface de Britannia pour être précis, car ce récit se veut l’adaptation TRÈS libre des légendes arthuriennes, une préquelle pour être exact. A la façon d’un Übel Blatt ces 7 anciens mercenaires se sont fait piégés, ont été tués, mis au rebut ou déclarés dangereux et recherchés, et ceux qui ont pris le pouvoir depuis dirigent les pays d’une main de fer et sous un régime totalitaire.

Les gentils de l’ordre établi sont donc des salopards et les soi-disant bandits sont des gens sympas et incompris avec un cœur gros comme ça. Vous ajoutez une petite princesse à l’âme innocente – et aux fringues courtes – qui veut sauver le monde et on pourrait donc s’arrêter là. C’est bien croqué, avec une mention ++ pour les décors, l’univers est bien mis en place et les scènes de baston n’ont rien à envier, globalement, à la concurrence. Un travail classique et efficace.

Le petit plus, car il y en a un finalement, vient des personnages, qui sont rapidement attachants. Là encore, si vous cherchez de l’originalité, vous pouvez passez votre chemin, mais un bon ingrédient peut aussi se suffire à lui-même, sans forcément créer la surprise. Nakaba Suzuki fait du bon travail et sait attribuer à chacun de ces protagonistes un chara-design singulier et en forger des personnalités sympathiques. Pour rappel ou pour info, ces Seven Deadly Sins sont rattachés aux 7 péchés capitaux dont ils tirent en partie leur nom. Mais ce trait de caractère (colère, avarice, paresse, etc.) n’est pas prépondérant, pour le moment en tout cas. Ban l’avare se caractérise plus pour sa nonchalance et son oisiveté, King la paresse est avant tout à la recherche de justice, Meliodas la colère est un bon-vivant un tantinet pervers… Bref, chaque personnage propose bien plus que sa fiche d’identité et la bonne camaraderie qui se dégage de cette bande finit d’en faire des anti-héros plutôt cools, il faut bien l’avouer. Que l’ont soit le public cible ou non, voici donc une aventure qu’on prend plaisir à suivre !

Space Brothers #7 : il y a de la fierté dans ce tome…

Space Brothers tome 7
Un drôle d’ovni pour finir ces chroniques, sans mauvais jeu de mots. Que ce soit par le manga ou l’anime je suppose que vous avez déjà entendu parler de cette histoire de deux frères qui veulent aller sur la Lune. Et bien ça y est, ils y sont. Enfin IL Y EST. Hibito, le petit frère classe à qui tout réussi, qui a toujours foncé tout droit vers son rêve parvient enfin à l’atteindre. Après avoir passé 6 tomes à suivre les périples de Mutta, le loser qui-n’en-n’est-finalement-pas-un-et-à-qui-on-s’attache, on avait tendance à trouver Hibito trop sympa, trop intelligent, trop fort… Trop parfait. Parfait il l’est toujours, mais au fur et à mesure qu’il se rapproche de la Lune on se rend compte de l’exploit qu’il accompli, un exploit personnel qui prend toute sa saveur à l’alunissage, un exploit familial avec la découverte de deux parents tordants et très humains, et un exploit national, car il est le premier Japonais a arriver sur la Lune. Et on est emballé, il faut bien le dire, par cet évènement : on se prend au jeu, dans la peau de Mutta, et on écrase une larme de joie ou on applaudit mentalement. Du décollage à l’arrivée sur la Lune, Space Brothers nous a offert un chouette moment.

Mais Space Brothers c’est plus que ça, c’est aussi un suspens et une angoisse latente pour le lecteur. Où est-ce que Chûya Koyama veut nous emmener nom d’une pipe, qu’est-ce qui se cache dans le destin de ces deux frères, à quand le drame et y en a-t-il qui se profile pour eux ? Avec ce manga tranche de vie de deux astronautes pas comme les autres, on est toujours dans l’attente d’un décollage – pas celui de la fusée pour le coup – qui serait caché en embuscade. Après avoir refermé le tome 6, nous évoquions avec ma chère Gally l’imminence d’une catastrophe ou d’une grosse surprise. Mais non, pas encore. Et pourtant il semble bien qu’on nous donne des indices mais ils restent encore difficile à appréhender : une vie extra-terrestre ? Un drame sur la Lune ? Raaaaaah they’re must be something, damnit ! Je veux la suite où je bute un bébé chat en mettant un flingue dans les mains d’un bébé panda, c’est clair ?!

Bref, vous l’aurez compris : Space Brothers, sous ses faux airs de série banale, a de quoi devenir un drogue dure pour le lecteur. La série n’a pas volée ses awards Shogakukan et Kodansha et on se dit vivement le 15 octobre pour la sortie du tome 8.

Voilà donc pour ces 4 titres, ces 4 coups de cœur. Pour le reste je vous conseille également Erased #2, qui confirme le talent de scénariste et de narrateur de Kei Sanbe. Si vous aimez les thrillers – polars jetez-vous dessus. Il y a aussi Dream Team #16 pour les fans de basket, où l’équipe phare enchaîne les défaites et les coups durs, pour une fois. Mais le mois de septembre est loin d’être fini et l’avalanche de titre est loin d’être finie. Pour glaner d’autres idées de lecture je vous conseille donc notre sélection spéciale rentrée sur Journal du Japon ET de continuer à passer ici dans les semaines à venir, pour deux sélections spéciales : un point sur les sagas shônens à rallonge et un special tome 10. On a vraiment de quoi se mettre sous la dent pour cette rentrée… C’est boooon ça, c’est très très bon !


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