Matt est un jeune homme perturbé. On le serait à moins: son frère est mort lorsqu’il était petit. Les circonstances de cette mort sont troubles. Depuis, la vie de Matt a toujours été un peu cahotique. D’abord avec l’attitude de sa mère, nerveuse, surprotectrice, qui l’enlève de l’école. Et puis avec les voix, celle de son frère surtout qui le suit un peu partout. Cette chambre de son frère dans laquelle il va encore jouer. Alors il essaye d’exprimer tout cela, d’expliquer, de raconter. Il écrit, beaucoup. Et il dessine.
Malgré son thème très intéressant, je suis restée souvent en-dehors de ce roman. Pourtant, il y avait plein de bonnes choses. J’ai tout d’abord été très touchée par la mère, et ses habitudes étranges derrière lesquelles on devine le profond mal-être, le besoin maladif de protéger le seul enfant qui lui reste. Son rapport à l’école, aux médecins, à tout ce qui fait la vie d’un enfant souffre de nombreux dysfonctionnement qui la rendent vraiment très émouvante.
Le point fort de ce livre est aussi son suspens. Petit à petit, on rentre dans l’esprit de Matt, on essaye de comprendre ce qui lui est arrivé, pourquoi la mort de son frère a produit les fameux “contrecoups” promis par le titre. On reconstitue le fil de son existence, ses périodes les plus sombres et sa vie, maintenant, au centre psychiatrique. On replonge dans des épisodes de son enfance où son frère était là. On devine d’ailleurs à quel point ce frère était particulier, probablement faible mais complètement dévoué à Matt. Les différentes époques sont d’ailleurs parfois marquées par les changement de typographie, suivant si Matt écrit sur du papier ou sur une machine à écrire. On suit donc toutes les errances du narrateur, passées et présentes. La fin du livre, notamment, prend un nouveau souffle puisqu'on comprend enfin la démarche de Matt pour se libérer de ses démons et faire à la fois son deuil et sa thérapie et elle donne une véritable bouffée de tendresse.
Cependant, je n’ai pas du tout accroché à ce thème de la folie. D’abord parce que je l’ai trouvée mal retranscrite. J’ai déjà lu d’autres oeuvres, qu’il s’agisse de Maupassant ou de Valérie Valère, qui décrivent bien mieux les troubles psychologiques, qui les faisaient bien mieux passer au lecteur (d’autant mieux qu’il s’agissait des réelles expériences des auteurs). Ici, je l’ai trouvé un peu artificielle, simpliste, très peu approfondie et curieusement, j'ai eu l'impression qu'on y restait très extérieure alors qu'on est censé être dans la tête du malade. Quelques changements de typographie ne me satisfont pas quand on parle de schizophrénie. D'ailleurs, j'ai souvent eu l'impression qu'il ne ressemblait pas tant que ça a un schizophrène, tant j'ai vu des personnages de romans sains d'esprit et bien plus évocateurs. Je me suis sentie proche de tous les personnages, même de son défunt frère, mais pas de Matt. De plus, j'ai trouvé la narration pertubée peu pertinente, la confusion qu'elle provoque n'apportant rien à part une chute assez prévisible. En ressortant de ce roman, je n'ai pas l'impression d'avoir appris grand-chose sur le thème et ça me laisse vraiment sur ma faim.
La note de Mélu:
Dans l’ensemble, je n’ai vraiment pas accroché. Je remercie néanmoins les éditions Michel Lafon pour cette lecture.
Un mot sur l’auteur: Nathan Filer est un auteur britannique.