EBOLA: Croissance exponentielle du nombre de cas – Science- JAMA

Publié le 14 septembre 2014 par Santelog @santelog

L’épidémie d’Ebola actuelle exige maintenant une réponse rapide et massive à l’échelle mondiale, appellent ces virologues de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, dont le découvreur du virus, en 1976. Un cri d’alarme, poussé aujourd’hui à l’unisson par de nombreux experts dans de nombreuses revues scientifiques.

Au 31 août 2014, le bilan de l’OMS fait état de 4.293 cas confirmés et suspects dont 2.296 décès, en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone. Au Nigeria, 21 cas et 7 décès sont constatés. Au Sénégal, un cas a été confirmé dont les 67 contacts étroits sont identifiés et surveillés. Cependant, la transmibilité démontrée du virus laisse penser aux autorités que le Sénégal pourrait connaître bientôt d’autres importations de cas d’Ebola (Voir courbe ci-contre).

 

Le Pr Peter Piot, directeur de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, dans son éditorial, parle d’un sombre exemple de rappel de la menace mondiale posée par les épidémies. Il attribue l’épidémie en Afrique de l’Ouest à une combinaison dramatique de facteurs, -qualifiée de «  perfect storm  », dont les pratiques funéraires insalubres, la dysfonction des services de santé des pays touchés, le manque de confiance à la fois dans les politiques, et, plus globalement, en la médecine occidentale, de l’absence de prise en compte et de surveillance suffisantes du virus. Le résultat ? L’épidémie débutée en décembre 2013 touche désormais 5 pays d’Afrique de l’Ouest et a déjà tué près de 2.000 personnes. L’OMS prévoit que l’épidémie pourrait désormais entrainer plus de 20.000 infections.

Une réponse massive et mondiale pourrait arrêter le virus : Réponse internationale oui, explique le chercheur, sous condition de mise en place d’un véritable système de surveillance international, d’une distribution mondiale d’équipements de protection, d’accès aux soins pour tous les patients, y compris dans les zones les plus reculées et suivi thérapeutique pour tous ceux mis en quarantaine. Des conditions difficiles à réunir, selon les derniers bilans des organisations humanitaires sur le terrain.

La menace est donc là, et même si l’on prend en compte l’accélération des essais pour l’évaluation des thérapies expérimentales et des vaccins. En dépit de la recommandation de l’OMS, pour l’usage compassionnel de traitements expérimentaux, encore non testés chez l’homme, et qualifiée par l’auteur de «  réponse exceptionnelle à une crise exceptionnelle  ».

Plus de cas, plus de transmissions : Dans un autre article présenté par Eurosurveillance, le Pr Piot et le Dr Adam Kucharski, épidémiologiste à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, les scientifiques avertissent sur la croissance exponentielle du nombre de cas, rendant de plus en plus improbable le traçage et la surveillance du virus. Ils prévoient un doublement du nombre de cas tous les 15 jours sans autre contrôle de la situation. En cause, le discrédit des autorités de santé régionales, l’image des centres d’isolement et leurs capacités limitées, la fermeture de plus en plus d’établissements de santé et les infections chez les professionnels de santé.

Une contribution négligeable pour les pays riches : Enfin, dans le Journal de l’American Medical Association (JAMA), les pays à revenu élevé et leur capacité de développement et d’évaluation de nouvelles thérapies dans la lutte contre l’épidémie par des scientifiques du King ‘s College de Londres et de l’Université de Pennsylvanie (Philadelphie). Le calcul est simple : Le coût estimé pour pouvoir contenir l’épidémie est d’environ 1,5 milliard de dollars, soit inférieur à 1% du produit intérieur brut (PIB) des 20 plus grandes économies du monde. Au-delà, les auteurs «  réclament  » le partage équitable des produits de la recherche, traitements et vaccins, en évoquant néanmoins les questions éthique, de disponibilité des produits expérimentaux, d’évaluation clinique et de prudence, d’équilibre enfin de leur utilisation en regard de l’importance de l’épidémie.

Sources:

OMS Ebola virus Disease

Science 12 September 2014 DOI: 10.1126/science.1260695 Ebola’s perfect storm

Eurosurveillance Containing Ebola virus infection in West Africa

JAMASeptember 10, 2014 doi:10.1001/jama.2014.11170 Largest-Ever Outbreak of Ebola Virus Disease Thrusts Experimental Therapies, Vaccines Into Spotlight