J’ai (re)vu Les amants du Pont-Neuf à la télévision. Jacques Morice, de Télérama, écrivait à cette occasion : « Trop de paroxysme tue le paroxysme ». Il opposait notamment « culte de la pauvreté et dépense outrancière, croquis néoréaliste et conte ». Bien sûr, les « images (toujours impressionnantes) du centre d’hébergement de Nanterre » peuvent nous faire croire que ce film a une base documentaire, alors que, bien sûr, ce n’est qu’un conte.
Ça joue sur plusieurs registres, en effet, et le film ose des images qui m’ont encore ici étonné : le Pont en chantier, le 14 juillet et son feu d’artifice avec les fontaines que traversent les deux héros, le portrait de Michèle qui brûle dans tout un couloir du métro, et tant pis si la fin est trop « happy » et tant pis si on n’y croit pas à tout instant. Les alliances ou les oppositions entre l'eau et le feu me séduisent. Je suis touché par le jeu de Denis Lavant et de Juliette Binoche (son moment de danse sur le Pont m’a soulevé), Hans, le personnage incarné par Klaus-Michael Grüber, ne m’a pas laissé indifférent. Et le face à face avec l'autoportrait de Rembrandt dans une lumière digne de Georges de La Tour...
Et le lendemain de cette diffusion, au milieu de la route que j’ai empruntée en voiture, un homme titubait. J’ai revu un instant Alex au début du film. Je me suis arrêté et l’ai laissé traverser…