L’institutrice

Publié le 13 septembre 2014 par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

L’Institutrice
De Nadav Lapid
Avec Sarit Larry, Avi Shnaidman, Lior Raz
Israel, 2014, 2h00
Date de sortie 10 septembre 2014

SYNOPSIS

Une institutrice décèle chez un enfant de 5 ans un don prodigieux pour la poésie. Subjuguée par ce petit garçon, elle décide de prendre soin de son talent, envers et contre tous.

"C’est parce que ces personnages sont ambigus et parfois déconcertants que ce film crée l’émotion. La façon dont Nira, l’institutrice, couve son petit poète est étrange : le réflexe professionnel normal du maître surprotégeant un élève doué brûle d’une intensité qui flirte avec le désir maternant exclusif, et même avec le début de la folie. Cet enfant presque inquiétant lorsqu’il se met à déclamer. Il y a dans cette rencontre à la fois de la tendresse  et de la douleur. 

Ce flottement des repères est accentué par les choix de mise en scène : plans-séquences, gros plans très rapprochés, cadrages parfois décadrés, bande-son immersive, contrastes appuyés de volumes sonores, regard intense et mystérieux de Sarit Larry, l’actrice qui joue l’institutrice, visage aussi poupon qu’intrigant de Avi Shnaidman, l’interprète de Yoav.

L’ambiguïté des personnages, la qualité de la mise en scène et de la direction d’acteur, le choix des morceaux musicaux font de l’Institutrice un film à découvrir absolument." Journal Cinéphile Lyonnais.

A PROPOS DU FILM

L‘Institutrice, deuxième film de Nadav Lapid, qui avait déjà signé Le policier, est en partie un film autobiographique. "Entre l’âge de quatre ans et demi et sept ans, j’ai dû écrire une centaine de poèmes ou plus précisément, je les ai récités à ma nounou", raconte Nadav Lapid, en poursuivant : "À sept ans, j’ai arrêté d’écrire et je ne voulais plus entendre parler de poésie. Ce n’est qu’à la fin de mon service militaire que j’ai de nouveau écrit, mais jamais plus de poésie. Mes parents ont mis mes poèmes au placard et ils y sont restés pendant vingt-cinq ans, jusqu’à ce que j’envisage d’en faire la matière d’un film.  Les poèmes "Hagar" et "Une séparation" que l’on peut entendre dans L’Institutrice ont été écrits par le réalisateur, lorsqu’il était enfant.

La poésie, qui est l’un des sujets principaux du film, ne se contente pas d’être dans le cadre, elle est aussi hors du cadre, en se retrouvant dans la mise en scène notamment : "Je souhaitais construire des plans-séquences pour les scènes de groupe qui conduisent, parfois grâce à la mise en scène, ou grâce à un changement de profondeur de champ, à des plans plus intimes se focalisant sur le visage d’un individu, détaché de son entourage. Afin d’exprimer une tension entre l’individu et le groupe, l’enfant et l’adulte, la réalité matérielle et la conscience. J’ai également filmé en très gros plans, cela me permettait de briser la distance classique entre la caméra et les personnages. Ainsi ont été élaborés des plans « primitifs », brutaux, où l’on a l’impression que l’acteur « marche sur la caméra », se cogne à elle ou l’attaque. Je voulais que le spectateur ait le sentiment de tenter de pénétrer dans l’intériorité de l’acteur", explique Nadav Lapid.

NADAV LAPID

Nadav  Lapid a étudié le cinéma à l’école « Sam Spiegel » à Jérusalem ainsi que la philosophie et l’histoire à l’Université de Tel-Aviv et la littérature à l’Université de Paris 8. Il a travaillé comme chef-opérateur sur plusieurs documentaires en Israël et publié un roman, Danse Encore, en janvier 2010 aux Éditions Actes Sud.
Il a réalisé 3 courts-métrages, son premier long-métrage Le Policier a été développé à la Résidence de la Cinéfondation et a été présenté à L’Atelier de Cannes 2008. Sélectionné pour représenter Israël aux European Awards, il a obtenu le grand prix du jury au Festival del film Locarno 2011 et gagné plus de 15 prix dans les festivals internationaux parmi lesquels : Meilleur Film et Meilleur Réalisateur aux Bafici 2011 et Meilleur Film à San Francisco 2011. Il a été sélectionné dans une centaine de festivals internationaux tels que New York Film Festival 2011, London Film Festival 2011 etc.

FILMOGRAPHIE
Courts Métrages

  • 2004 Mahmud works in the industry, docu-fiction (Cannes 2004 Cinéfondation)
  • 2005 Road, fiction (Berlinale 2005, Ours d’Or au festival d’Avensy 2005)
  • 2006 La Petite amie d’Émile, fiction (Cannes 2006 Cinéfondation)

Longs Métrages

  • 2011 Le Policier, Grand Prix du jury au Festival del film Locarno
  • 2014 L’Institutrice, Semaine de la Critique – Séance Spéciale