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Ching Shih, alias Madame Tsching, la plus terrible pirate chinoise de l'histoire
Publié le 12 juillet 2014 par LeleliliCertains personnages historiques ont eu une vie digne des plus grandes légendes, et qui de mieux que la plus grande femme pirate chinoise ayant sévit dans la Mer de Chine pour illustrer ces grande figures : Ching Shih connue aussi sous le nom de Madame Tsching. Cette pirate fut sans doute une des femmes asiatiques plus redoutées de l'histoire, semant la terreur à travers les océans. Ses aventures en font une des figures les plus sombres et les plus envoûtantes de la piraterie en Asie.
Ching Shih (1784 -1844), apparaît d'abord dans les récits sous les traits d'une belle prostituée cantonaise du nom de Shih Yang. Elle se marie en 1801 avec Cheng I, qui commande une flotte de pirates et combat du côté des rebelles Tay-son pendant la rébellion vietnamienne. Ils adoptent un fils, Chang Poa. Avant de mourir de la gale en 1807, Cheng I parvient à réunir une coalition de 400 navires et 70 000 pirates.
Maître dans l'art de la manipulation, Ching Shih, alors également nommée Cheng I Sao (littéralement, la femme de Cheng I), parvient par des manœuvres politiques à prendre la tête de la flotte. Quelque temps plus tard, elle commence une liaison avec son fils adoptif, qu'elle avait déjà promu au rang de lieutenant, et se marie avec lui, renforçant son pouvoir sur la flotte. Une méthode douteuse mais les mœurs de la piraterie de l'époque ne s'encombraient pas de ce genre de considérations morales.
Elle développe un ensemble de lois strictement appliquées. Les ordres sont donnés exclusivement par les dirigeants de la flotte. Désobéir à un ordre est alors considéré comme une offense capitale. Si un village aide régulièrement les pirates, c'est également une offense capitale de le piller. Celui qui vole dans le butin ou viole les prisonnières est condamné à mort. Si un de ses pirates a des relations sexuelles avec une prisonnière consentante, il est condamné à la décapitation, et la prisonnière est jetée à la mer, des poids accrochés aux pieds. Si un pirate déserte et qu'il est repris, on lui coupe une oreille et on le montre au reste de l'équipage, pour l'exemple. Des lois dures et impitoyables mais qui fonctionnent bien dans des équipages cruels et sans foi ni loi.
La flotte de Ching Shih commet divers actes de piraterie, allant du simple pillage de navires marchands au sac de villages le long des rivières. Le gouvernement tente de mettre un terme à ces activités en lançant une série de batailles en janvier 1808 sans succès. Les pirates en profitent même pour capturer leurs navires et renforcer leur flotte. La flotte royale est tellement amputée que le gouvernement doit acheter des bateaux de pêche pour combler les vides. La véritable menace contre le pouvoir croissant de Ching Shih vient en fait des autres pirates : O-po-tae, un rival (considéré parfois comme le second plus grand pirate asiatique), force sa flotte à battre en retraite. O-po-tae, inquiété par la revanche que Ching Shih pourrait vouloir prendre, demande au gouvernement une amnistie, et l'obtient, pour ses hommes et lui-même. Le gouvernement peut ainsi consacrer tous ses moyens à la destruction de la flotte de Ching Shih, et celle-ci demande et obtient une amnistie en 1810.
Chang Poa passe le reste de sa vie à un poste confortable dans le gouvernement. Ching Shih dirige un bordel et un cercle de jeux à Guangzhou, avant de mourir en 1844. La terrible pirate était revenue à ses premiers amours ou du moins ses premières activités.
Un jeu de société (Madame Ching chez Hurrican) et une série de bande dessinée (Shi Xiu, Reine des pirates chez les éditions Fei) ont été adaptés de l'histoire de cette pirate de légende qui fit trembler les navires de la mer de Chine.
Un film italien (mais que font les chinois?!) a été tourné sur ce thème en 2004 « En chantant derrière les paravents » : Dans une maison close chinoise, un vieux capitaine raconte l'histoire de la célèbre pirate Ching Shih, veuve du capitaine Ching. Réalisé par Ermanno Olmi avec Bud Spencer et Jun Ichikawa, une actrice japonaise (!), c'est la revanche du film Mémoire d'une Geisha (qui date de la même année) qui n'était qu'avec des actrices chinoises.