Les questions concernant le poids corporel touchent à l’image de soi, c’est pourquoi il convient de les aborder avec tact, qu’on soit un parent, un proche ou un professionnel de santé. La discrimination du poids peut en effet avoir des effets psychologiques néfastes bien sûr, mais peut également favoriser une prise de poids supplémentaire, révèle cette étude britannique, présentée dans la revue Obesity.
Les chercheurs de l’University College de Londres confirment, avec cette étude, menée sur 150 personnes victimes de discrimination en raison de leur surpoids, que ce sont souvent les personnes déjà en surpoids, qui prennent le plus de poids. Leur analyse a porté sur des données de poids, taille et tour de taille de 2.944 adultes âgés de 50 ans et plus, participant à l’étude ELSA (English Longitudinal Study of Ageing). La discrimination subie a été évaluée par questionnaire, à l’aide de questions du type « vous êtes traité avec moins de respect ou de courtoisie », « vous êtes menacé ou harcelé »…Les chercheurs ont ensuite regardé la relation entre la variation de l’IMC et du tour de taille avec les niveaux de discrimination évalués. Un poids a été considéré comme normal avec un IMC <25, un surpoids avec 25<IMC<30, une obésité avec un IMC> 30. Enfin, les facteurs de confusion possibles de discrimination comme l’âge, le sexe et le revenu ont été pris en compte.
L’analyse montre que,
- 5,1% signalent avoir subi une discrimination de poids : C’est le cas chez :
- 0,7% des participants de poids normal,
- 35,9% des atteints d’obésité sévère.
- Globalement le participant stigmatisé pour son poids est plus jeune (62 ans vs 66), a un IMC plus élevé (IMC 35 vs 27) et un tour de taille plus important (112cm vs 94cm), il a de plus faibles revenus.
La discrimination du poids fait aussi la prise de poids :
· En moyenne, les personnes qui ont subi cette discrimination du poids ont pris près d’1 kilo (0,95 kg) par année de suivi d’étude, alors que les personnes qui n’ont pas déclaré subir de discrimination perdu 0,71 kg, ce qui fait une différence moyenne entre les « extrêmes » de 1,66 kg/an.
· Ainsi, pour les participants en surpoids, le gain de poids atteint 2,22 kg chez ceux qui ont été stigmatisés vs une perte de 400g dans le groupe sans discrimination.
· Idem pour le tour de taille, les personnes discriminées ont pris 0.72cm vs une réduction de 0.4 cm.
· Enfin, chez les personnes en surpoids mais non obèses, la discrimination « du poids » multiplie par près de 7 le risque de passage à l’obésité.
La discrimination sur le poids favorise ainsi le gain de poids et le développement de l’obésité. Une évidence psychologique ? Si cette étude n’en fait la démonstration que sur un modeste échantillon et mérite d’être confirmée par une étude plus large, elle pose ou rappelle les bases d’une prévention spécifique, ciblée chez les personnes en surpoids, pour prévenir ce développement de l’obésité.
Source:Obesity September 11 2014DOI: 10.1002/oby.20891Perceived weight discrimination and changes in weight, waist circumference, and weight status (Visuel Fotolia)
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