Les 26 et 27 février derniers, dans ma chère ville bretonne, on recevait par le biais du MIDAF, une artiste qui fait beaucoup parler d' elle depuis un sacré bout de temps à cause de sa plume bien sûr, mais également de la façon dont elle aborde certaines choses.
Je ne pouvais pas laisser passer une telle occasion sans aller la découvrir en personne. Léonora Miano, oui car c'est bien d'elle, gagnante du Prix Fémina 2013.
J'y suis allée en compagnie de l'association Afrik' Entraide Asso dont je vous avait déjà parler dans un article vide grenier et dont je suis membre.
Alors qui est cette femme talentueuse et à la personnalité très imposante?
- Petite biographie:
Léonora Miano est née en 1973dans la zone côtière du Cameroun, plus précisément dans la Capitale économique Douala. Elle a passé son enfance et son adolescence dans son pays natal avant d' immigrer en France en 1991. Artiste émérite, elle est l'auteur d'une dizaine d'ouvrages et a reçu en 2006 le Prix Goncourt des lycées pour son oeuvre "Contours du jour qui vient", et en 2012 Le Grand Prix Littéraire de l'Afrique Noire pour l'ensemble de ces oeuvres pour ne citer que ça.
L'auteur venait justement nous présenter son dernier opus littéraire "La saison de l'ombre". (Grasset – 240 pages – 17 Euros)
Je vous avouerais que quand je m'y suis rendue je ne l'avais pas encore en ma possession , mais j'avais déjà eu une idée sur le contenu tant les débats autour de ce petit chef d'oeuvre sont multiples.
De plus de l'auteur, je n'ai lu que "Ecrits pour la parole", qui est un texte littéraire pour le théâtre et dont j'ai apprécié ces petites mises en scène de l' Homme noir dans tous les contextes de sa vie du quotidien . J'ai adoré et je me retrouvais imbriqué avec elle dans Afropéan ou dans Sororité ou même encore dans Pièce d'identité… Bref je ne vais pas faire le tour de cette oeuvre, ce n'est pas l'objet aujourd'hui.
La rencontre avec les lecteurs a eu lieu à l'espace Ouest France, un cadre sympathique et tout à fait adapté aux événements. La soirée a commencé avec une présentation de l'auteur, puis une lecture dynamique des premières pages du livre nous a directement mise au coeur même du monde dans lequel l'auteur voulait nous amener .
Avant les questions du public
- La saison de l'ombre
Dans ce roman, on entre dans l'univers d'une population enclavée, repliée sur elle même qui vient faire l'objet d'une brutale attaque. L'histoire commence avec les femmes de ce clan. Celles dont les fils ont disparu. Un jour noir qui marque la fin du clan des Mulongo. Personne ne sait ce qui s'est passé. Le lendemain, les femmes qui ont perdu leurs fils sont isolées dans une case. Elles sont en quarantaine et ne doivent pas contaminer les autres membres du clan avec leur désespoir…
Pour développer son intrigue, l'écrivaine déploie des personnages à découvrir au fil de la lecture...
A travers le choix de ce titre "La saison de l'ombre", on serait tenté de croire que l'auteur est pessimiste . Mais que neni. Léonora Miaono est dans une démarche positive. En effet, pour ces peuples de l'Afrique subsaharienne l'ombre n'est qu'une saison passagère qui va passer.
- La traite trans atlantique
Ce roman revient sur une préoccupation qu' a la romancière, celle de la traite trans atlantique. Elle travaille sur les aspects de cette traite qui ont marqué l'Afrique subsaharienne et qui ne sont pas souvent abordés, du moins du point de vue des populations locales.
On note d'ailleurs qu' à aucun moment elle ne parle de traite négrière ou de couleur de peau ou d' africains. Cela notamment dû au fait que les personnages de ce roman ne s'identifient pas par rapport à des aspects géographiques ou de peau. Le mot esclavage n'est pas non plus prononcé car n'appartient justement pas au langage de ces peuples locaux, naïfs qui ne comprennent même pas ce qui leur arrive. Leur univers est réduit à celui de la brousse , ils ne connaissent rien d'autres que cet univers.
Au delà de toute autre préoccupation , c'est l'expérience humaine qui nous intéresse ici et c'est ce qu'elle a voulu partager avec ces lecteurs. Oui l'auteur veut toucher et rien de mieux que d'aborder la chose d'un point de vue de notre humanitaire.
- La femme dans le roman
On note que Léonora Miano choisit de commencer sa narration en faisant de la femme le bouc émissaire , celle par qui le malheur arrive . A travers la lecture, on voit que la place de la femme et son importance varient en fonction des clans. Et pour cause, l'Afrique n'est pas un pays mais bel et bien un continent avec une multitude de clans, de tribus, avec chacun ses habitudes culturelles. Dans la Communauté Bwellé par exemple, la femme est valorisée et au coeur même du pouvoir.
Je terminerai en paraphrasant l'auteur quand elle parle d'un grand texte, c'est celui qui arrive à toucher une autre population. Et je pense que "la saison de l'ombre" est bel et bien un grand texte .
Dédicace
Avec l'équipe Afrik' Entraide Asso, Breizh Africa, et le MIDAF (Association organisatrice de cet évènement)
Dédicace et en pleine discussion avec La présidente d'Afrik'Entraid Valerie et Chrisvie
Retrouvez le site de l'auteur ici et à très bientôt.
XoXo, L