Black-Ish // Saison 1. Episode 1. Pilot.
Black-Ish c’est la nouvelle compagnie de Modern Family. Au fond ce n’est pas bête de tenter une comédie familiale derrière Modern Family. C’est même ce qu’il y a de plus logique et pour une fois que ABC ne semble pas trop faire d’erreur on ne va pas lui en vouloir. Mais si la tentative n’est pas bête d’un point de vue de la programmation, je ne suis pas certain que la qualité soit le premier mot qui vienne à la bouche de quelqu’un qui a pu voir le pilote de cette comédie. Cette comédie est cependant semi-autobiographique, inspirée de la vie de Kenya Barris (The Game). On sent que cela veut devenir une sorte de nouveau Cosby Show version single-cam. Là encore ce n’est pas bête. Ce n’est pas bête non plus de choisir Anthony Anderson (Guys with Kids) pour prendre la tête de cette comédie et de choisir Laurence Fishburne (Hannibal) pour jouer le rôle de son père. Mais cette comédie donne l’impression que la société est encore ultra raciste envers les noirs alors que les américains ont tout de même élu Barrack Obama à la tête du pays (et Black-Ish ne se prive pas de le rappeler comme le "premier président noir américain"). Du coup, dans une société moderne où il y a certes encore de la discrimination, je pense que les noirs ne sont pas autant catégorisés par … les blancs.
Dre Johnson, marié, quatre enfants, vient d'être promu dans son agence de publicité. Il devrait logiquement tout avoir pour être heureux mais il ne l'est pas à cause... de sa couleur de peau ! Afro-américain, il déplore que les valeurs de son identité culturelle se soient diluées peu à peu dans la société. Sa femme, très libérale, et son père, très vieux jeu, ont bien du mal à le comprendre, sans parler de ses enfants...
C’est un sujet sensible dont parle Black-Ish et j’ai peur que la série se gaufre la tête la première là dedans. Pourtant il y a énormément de potentiel et ce premier épisode n’est pas totalement raté non plus. L’introduction énergique avec un Anthony Anderson au sommet de son art cela fonctionne mais est-ce suffisant ? Je n’en suis pas certain. Surtout que l’on se rend bien vite compte que les blagues tournent toutes plus ou moins autour de la race. Que cela soit le fait que Dre n’apprécie pas d’être vice président d’une partie de l’agence dans laquelle il travaille qui était forcément destinée à quelqu’un qui est noir. Ce dont rêve Dre c’est d’être un afro-américain vu comme un américain. Vu comme ça c’est assez compliqué. Disons qu’il veut rappeler à tout le monde qu’il a une identité culturelle forte mais il veut aussi devenir le premier noir à avoir fait tel ou tel chose (notamment devenir vice-président d’une agence mais pas de sa partie « urbaine »). Les enfants de leur côté sont certainement les maillons les plus problématiques. Le fils qui veut devenir juif c’était encore une pente glissante pour ce pilote. Black-Ish a du mal à s’en dépêtrer mais tente de nous amuser sans trop discréditer son propos. Le père ne comprend pas que son fils ait envie de devenir juif car il a peur qu’il perde son identité culturelle.
J’aime beaucoup Anthony Anderson et même si ses choix d’acteur ces dernières années ne sont pas toujours brillants, j’ai envie de voir un peu plus d’épisodes de Black-Ish afin de me forger une opinion. En effet, j’ai envie de savoir ce que cette série cache réellement et pourquoi elle nous cache tout ça. Car il y a largement de quoi faire mine de rien avec une telle thématique mais il ne faut pas vouloir trop en faire non plus sur l’identité culturelle et ce racisme à la fois anti-blanc (qui ne donneraient aux noirs que des boulots qui pourraient leur être prédestinés) mais aussi anti-autre culture (dans le sens où Dre et sa famille se ferment à la culture d’autres personnes). Au delà de tout ça, je pense que ABC a fait un choix judicieux en associant Black-Ish avec Modern Family. Cela peut fonctionner même si la culture est différente. De plus, ce n’est pas bête non plus d’avoir une comédie afro-américaine sur les networks américains. Cela change de ces comédies bas de plafond que des chaînes comme OWN ou encore BET peuvent nous offrir. Quand on sait que Kenya Barris a travaillé sur The Game j’ai légèrement peur que cela devienne un peu du mal acabit mais avec l’étiquette ABC, je suppose qu’ils vont devoir faire quelque chose de différent donc pourquoi pas. Mention spéciale à Laurence Fishburne par ailleurs qui en père bougon est tout simplement excellent.
Note : 4.5/10. En bref, cela peut probablement devenir le nouveau Cosby Show en creusant un peu plus. Reste cependant la corde sensible du racisme qui semble ressortir de toute part sans être suffisamment finaud à mon goût.