Twitter est utilisé par les sociologues des réseaux pour montrer l’importance que peuvent prendre des médiateurs dans les relations internationales sur internet, et ce jusqu’aux comptes officiels comme celui des départements d’Etats américains.
De façon contre-intuitive, les médias traditionnels figureraient rarement (à hauteur de 3%) parmi les meilleurs médiateurs sociaux, entités faisant le lien entre une institution et son public à travers les réseaux sociaux. C’est en effet ce qu’ont découvert des sociologues américains dans le cadre d’une étude publiée dans le Journal of Public Relations Research en 2014. L’étude définit le rôle de médiateur comme un compte comptant dans les 2,5% les plus reconnus (ou actifs) pour un hashtag quelconque – et les sociologues ont construit cette typologie par rapport à une étude précise d’un secrétariat d’Etat américain.
Une étude de cas sur un département d’Etat américain
C’est un hashtag particulier, #SecClinton, qui a été utilisé par les sociologues pour mener l’étude au niveau international. L’idée est d’inspecter la relation que peut nouer une institution aussi officielle que l’Etat Américain avec son public, qu’il peut avec Twitter toucher partout dans le monde sans aucun coût. Twitter est un réseau social adéquat pour étudier les effets d’influence grâce à deux de ses fonctions : le "retweet" et le système non bilatéral de "following". Les relations internationales entre l’US State Department et son public, telles que les flux Twitter peuvent en témoigner, passent le plus souvent à travers des médiateurs sociaux "formels" – c’est à dire des ressortissants d’institutions étatiques étrangères ou américaines. La raison avancée est que les médias traditionnels comptent parmi les plus réticents à suivre les autres comptes de façon bilatérale et restent dans un rôle de pourvoyeur d’informations sans pour autant rentrer dans en interaction avec leurs "followers".
"Sur Twitter, les relations ont une direction"
Seule exception géographique : le Moyen-Orient et l’Afrique du nord. Dans cette région, les relations du US State Department avec le public ne passent, non pas par des médiateurs sociaux formels, mais par des informels, tels que les ONG ou blogueurs individuels. Cela prouve surtout que les “bridging hubs” (nom donné dans l’étude par les sociologues aux médiateurs sociaux) de ces régions occupent, socialement, des places différentes dans la société. La conclusion de l’article, très impliquée dans les questions géostratégiques, reste dans cette veine-ci. Les sociologues invitent les organisations officielles, reliées aux États, à se renseigner sur la façon dont les flux Twitter eux-mêmes sont relayés dans les différentes régions du globe pour saisir des enjeux géopolitiques auparavant inexistants.