L’épisode d’hier du raffut des blogs à propos de l’utilisation du mot « libéral » par Bertrand Delanoë m’a décontenancé. Pour moi, qui ne suis pas membre du PS, ça n’est qu’une bataille de mots (et je l’ai dit ailleurs) : ce qui importe, c’est bien le fond du projet et ce qui sera proposé pour faire avancer la société pour le bien de tous et pas seulement celui des actionnaires rondouillards.
Une bataille des mots. Rien de plus mais, avant de connaitre mes copains socialos des left_blogs, j’ignorais que ça existait encore. Et ils sous-estiment à quel point les électeurs s’en foutent ! Au contraire, il y a des mots qui servent de repoussoir !
Je me souviens de la campagne électorale pour les présidentielles où je détaillais le pacte présidentiel de Ségolène Royal avec mes copains Jean (patron de bistro) et Jacques (héro de blog et retraité benoit). Jean et Droite sont à droite. Purement. Défendant le libéralisme économique et tous les côtés conservateurs abominables qu’on peut trouver à droite ! Tiens ! Je suis sûr qu’ils seraient partisans d’un encadrement des délinquants par des militaires.
Je m’amusais ainsi à prendre au hasard des mesures du Pacte Présidentiel sans dire d’où elles venaient… L’accès des PME aux marchés publics, la régionalisation, la recherche, … ils applaudissaient des deux mains au risque de renverser leurs verres réciproques. Quand je leur disais : « Ahah ! Les vieux ! Ca vient de Ségolène Royal, je vous ai bien eu », ils me répondaient : « Ah ! Très intéressant ! C’est dommage que ça soit la gauche qui propose ça ». Non pas qu’ils pensaient que les mesures étaient de droite mais de voir qu’elles ne seraient pas appliquées car ils ne pouvaient décemment pas voter des socialistes car ils mangent les enfants et sont contre la peine de mort.
Voilà les mots ! Mes copains socialos devraient aller plus souvent au bistro que se masturber les neurones sur des mots : libéralisme, social-démocratie, social-libéralisme, …
Tiens ! J’ai entendu ce dernier hier. Ne sachant pas trop ce que c’est, je fonce sur la seule université à ma disposition : Wikipedia.
Social-libéralisme : « Le social-libéralisme est un terme servant à désigner, notamment en France, en Italie, en Grande-Bretagne et en Allemagne, des libéraux socialistes revendiquant une synthèse entre la social-démocratie et le libéralisme économique. Cette expression garde une connotation péjorative lorsqu'elle est employée notamment par des anticapitalistes, des courants de la gauche de la social-démocratie, ainsi que l'extrême-gauche et l'ultra-gauche ».
Ah ! Bouh ! C’est donc pas bien. Remarque, un truc utilisé comme une insulte par l’extrême-gauche peut aussi paraître sympathique.
« Le terme est désormais employé en sciences-politiques et par les journalistes pour caractériser une orientation politique à part entière. Cette sorte de reconnaissance est notamment passée par le manifeste de la troisième voie/du nouveau centre, rédigé et signé par Tony Blair et Gerhard Schröder dans une perspective de rénovation de la gauche européenne et dans la volonté d'ériger de nouvelles synthèses politiques. »
Héhé ! Les copains ! Qu’est-ce qu’elle foutait à complimenter Tony Blair votre favorite ?
« L'opposant historique à la ligne de Tony Blair au niveau du Parti socialiste européen fut Lionel Jospin, qui bien qu'acceptant l'économie de marché a préféré mener une politique socialiste classique plutôt que de rejoindre une ligne centriste ». Le Jospiniste que je suis (que je fus serait plus exact vu qu’il s’est retiré) rigole. Depuis 6 ans maintenant, vous critiquez le vieux sous prétexte d’un discours malheureux le 21 avril 2002.
Le pire, dans cette histoire, c’est qu’en lisant les blogs qui parlaient de l’affaire Delanoë, je suis tombé sur un type qui disait en commentaire que si Jospin avait perdu en 2002, c’était parce qu’il avait dit un truc du genre « mon projet n’est pas socialiste ». Le type en question n’a rien compris ! Jospin n’a pas plus perdu pour cette phrase que Ségolène Royal pour son projet de faire encadrer les délinquants par des militaires !
C’est vachement motivant pour le peuple de gauche de penser que l’éducation peut être confiée à des militaires...
Je sais ! J’ai relayé l’appel de Valério Motta pour qu’on ne critique pas les dirigeants socialistes dans les blogs et je ne devrais pas critiquer Ségolène Royal ! Mais quand je vois les mesquineries sorties sur Delanoë depuis hier par d’autres blogueurs ayant relayé cet appel, je me trouve particulièrement gentil pour celle qui a perdu l’élection imperdable.
Revenons à Wikipedia.
« On peut rattacher au social-libéralisme l'expression de libéral-libertaire revendiquée par Daniel Cohn-Bendit, qui correspond à la revendication simultanée de l'économie de marché, d'une démocratie exigeante (participative, sociale) et de la liberté des mœurs. »
Notons quelques mots au hasard pour les utiliser plus tard : Cohn-Bendit, participative.
Ah ! Non ! J’ai dit qu’il ne fallait pas jouer avec les mots.
Bertrand Delanoë parle de libéralisme. Et alors ? Ségolène Royal a bien appelé à soutenir le mini-traité Européen.
Qui fait une erreur de communication ? Allez ! Au boulot ! Il y a un projet à monter. Arrêtons les conneries.
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