Les mots qu’on ne me dit pas, de Véronique Poulain, aux Editions Stock, août 2014, 141 pages, 16€50.
Je suis bilingue. Deux cultures m’habitent.
Le jour : le mot, la parole, la musique. Le bruit.
Le soir : le signe, la communication non verbale, l’expression corporelle, le regard. Un certain silence.
Véronique Poulain nous parle de son enfance. Elle est née de deux parents sourds. Mais elle, est entendante. Elle est même une petite fille très bavarde. Elle a donc vécu son enfance dans le silence le plus total lorsqu’elle rentrait chez elle, le soir. Lorsqu’elle n’en pouvait plus, et qu’elle voulait parler, elle se rendait chez ses grands-parents, qui habitaient dans le même immeuble.
Ainsi, je passe d’un étage à l’autre, d’un état à un autre en un claquement de doigts. Au troisième, avec mes grands-parents, j’entends et je parle. Beaucoup. Très bien. Au deuxième, avec mes parents, je suis sourde. Je m’exprime avec les mains.
Une communication s’est installée entre ses parents et elle. Ils se sont toujours compris, mais jamais Véronique n’a pensé être vraiment différente des autres. Elle ressentait parfois une gène, face à ses amies qui ne comprenait pas, parfois qui ne la croyait pas. Jusqu’au jour où ils ont déménagé, et où le bruit a remplacé le silence. Adolescente, elle a commencé à tout entendre : les portes qui claquent, les raclements de gorges, les chaises qui grincent, la vaisselle, et le bruit de ses parents, le soir, dans leur chambre. L’enfant "sourde", comme elle s’appelle, est devenue sensible à tous les bruits. Elle est devenue une adolescente irritable.
On n’imagine pas comme les sourds sont bruyants.
Ce récit, sincère et parfois violent, plonge le lecteur dans un univers où les mots racontent le silence. Véronique Poulain évoque tous les thèmes et tous les moments importants qui ont touché son enfance, et son adolescence. Même si l’amour reste au centre de tout, elle n’épargne pas ses parents, et tente parfois de s’échapper de son quotidien. La lecture est sans aucun doute l’un des meilleurs moyens. Laissons les derniers mots à Véronique Poulain :
Je dévore les mots qu’on ne me dit pas.
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