Oui je sais, c'est triste, c'est le dernier billet de la série de la rentrée mais voilà, elle s'achève en beauté, tu ne trouves pas? Boogers, honnêtement, je crois que c'est un peu la meilleure façon de terminer cette jolie liste d'artistes bien inspirés.
Faux je-m'en-foutiste mais vrai libertaire, Boogers fait ce qu'il lui plait et il déploie autant d'énergie lorsqu'il s'agit de sortir un album produit de façon irréprochable que lorsqu'il est question de faire de ses concerts un grand happening où tout (et n'importe quoi)(surtout n'importe quoi, même) devient possible.
Rock, punk, electro, reggae, il n'a jamais été facile de classer Boogers et ce troisième album confirme que l'artiste n'est pas décidé à se ranger.
Jamais en reste quand il s'agit de surprendre son monde, il mixe toujours les genres avec génie et va même jusqu'à innover complètement en chantant un titre en français (Dis moi pourquoi) et ça, il ne nous l'avait encore jamais fait!
Alors oui, bien sûr, les tatillons me feront remarquer que question actualité je suis un peu décalée vu que l'album est sorti en juin dernier. Oui mais attend il a plein de dates qui tombent, là, et il sera notamment au café de la danse le mercredi 19 novembre (tu peux retrouver toutes ses dates ici)(tu peux même y réserver tes places, mais oui!).
Si tu n'as jamais assisté à un live de cet énergumène je te conseille de t'y presser, je suis à peu près certaine que tu n'as jamais assisté à un évènement de ce genre! Entre folie douce et musique déstructurée, un concert de Boogers ce n'est pas une récitation d'album, loin de là, c'est un moment d'exception qui ne ressemble ni au concert de la veille ni à celui du lendemain. Un instant unique qui peut-être celui de tous les débordements et où l'improvisation tient une grande place.
Comme je sais qu'on est nombreux à les aimer fort, Chacha et sa bizarrerie géniale, je me dis que peut-être c'est bien, au fond, de remettre un peu de lumière sur ce touche à tout qui n'en finit pas de surprendre son monde en marchant toujours en dehors des plates bandes. En solitaire, défricheur sans attaches, il navigue d'un bord musical à l'autre avec une grâce déconcertante, depuis un moment maintenant, réussissant brillamment l'exercice qu'il s'impose à chaque nouvel essai de toujours tenter de se renouveler.
J'en veux pour preuve "Don't want me", véritable petite bombe taillée pour le dancefloor ou encore la pointe de country explosive qui fait mouche sur "Goin' downtown". Je pourrais aussi te parler, dans ce registre, de la touche de reggae lo-fi sur "Oh my love", méconnaissable version d'un titre initialement interprété par Lennon...
Sur "the big summer" on croit pourtant reconnaitre une sorte de Boogers touch dans une inspiration qui n'est pas sans rappeler le très bon "I lost my lungs" mais ne t'y trompe pas, rien ne permettra jamais d'identifier cet OMNI venu d'on ne sait où. Cet artiste bricole un son qui n'appartient qu'à lui, une sorte de fusion qui n'aurait pour limite que sa seule imagination.
L'homme maitrise comme peu l'art du gimmick qui surprend, de l'intro qui tient des promesses que le morceau ne tiendra pas et quand on pense qu'il est seul derrière ses instruments, c'est bien simple : on n'en revient pas.
Boogers est de ceux qui s'affranchissent pas mal des contraintes de l'époque et cet album est, comme ceux qui l'avaient précédé, comme un pied de nez à la standardisation des productions musicales dont on nous abreuve constamment.
Cet album dit que oui, aujourd'hui, il est encore possible de jouer la musique qu'on aime, celle qu'on compose en se laissant porter par l'inspiration du moment, avec un sens de la mélodie imparable qui permet d'accoucher de pépites telles que celles qu'on découvre sur "Running in the flame".
Si tu n'as toujours pas succombé à "Burning in the flamme", il est encore temps de le faire, ça me semble même être le programme parfait pour accompagner ton week-end tout frais ...
PS : tu remarqueras que je n'ai rien dit à propos de la pochette et pourtant j'aurais pu me fendre de nombreux "oh" et "ah" d'admiration. Bien entendu j'aime autant l'idée que la façon dont elle a été concrétisée.
Il a décidément tout pour plaire cet album, vraiment!