Magazine Cinéma

Les stagiaires - 3/10

Par Aelezig

z09

Un film de Shawn Levy (2013 - USA) avec Owen Wilson, Vince Vaughn, Rose Byrne, Josh Brener, Max Minghella, Tiya Sircar, Dylan O'Brien, Tobit Raphael

Saint Google, priez pour nous.

L'histoire : Billy et Nick, quarantenaires, sont virés de leur boîte, où ils étaient commerciaux. On leur fait comprendre qu'ils sont désormais has been, trop vieux, que l'avenir, c'est l'informatique. Mais ils n'y connaissent rien. Ils y vont alors au culot et participent à un recrutement Google, qui cherche des stagiaires, pour leur faire faire des batteries d'exercices tests : les plus doués auront le sésame, un job. Evidemment, les deux hommes étonnent... et finalement cela attire l'attention d'un geek recruteur et formateur qui pense que leur "innocence" pourrait apporter quelque chose de neuf à l'esprit maison. Ils sont donc confirmés stagiaires et commencent leur première journée... entourés de petits jeunes hyper pointus, hyper branchés, hyper connectés, hyper Google, qui se moquent d'eux dans les grandes largeurs.

z11

Mon avis : J'adore Owen, j'adore Vince, et les deux ensemble, en général, je me tords de rire. En plus ils sont sexy ! Mais hélas ce film est assez raté. Quelques gags et puis c'est tout.

Vu l'indigence du scénario (est-ce fait exprès ?), on est obligé de se focaliser sur la toile de fond : GOOGLE. C'est pire que FEDEX dans Seul au monde, puisque l'entreprise, future impératrice du Nouvel Ordre Mondial (je blague... mais j'ai peur quand même) n'est pas qu'un accessoire, mais le LIEU où se passe tout le film. Il est étonnant que ce genre de publicité géante (en ont-ils vraiment besoin ? à moins de vouloir nous endoctriner encore un peu plus ?) soit "autorisée". Pourquoi ne pas avoir choisi un nom imaginaire ? Vince, qui a co-écrit le scénario, déclare que Google, c'est comme le monde merveilleux de Charlie et la Chocolaterie. Et qu'il a eu l'idée, seul, émerveillé par cette entreprise d'un nouveau genre qui (soi-disant) fait tout pour que son personnel soit heureux. M'ouais. J'y crois pas beaucoup, moi, à ce désir d'un acteur et d'un réalisateur de tourner dans une boîte qui existe...

Cette hagiographie, cette description idyllique d'une entreprise merveilleuse, qui offre pains au chocolat et café gratos, toboggans ludiques à la place des ascenseurs, énergie et dynamisme... moi, ça ne me fait pas rêver, ça me fait froid dans le dos. Google, je m'en sers vingt, trente fois par jour. J'ai un ami qu'on vient de baptiser Mr Google, et son téléphone Miss Google, car maintenant il peut lui demander n'importe quoi vocalement et une voix féminine lui répond aussitôt. C'est absolument prodigieux et magique... Mais tellement effrayant !

z12

Donc un film à la gloire de Google, ça m'a bien énervée. Et je me demande comment ils échappent aux lois anti-trusts. Car QUI utilise un autre moteur de recherche ? Et en plus, les sièges sont basés dans des paradis fiscaux ; tout le monde le sait, personne ne dit rien.

Il paraît que leur objectif est maintenant d'offrir à l'homme l'immortalité. Rien que ça. Ils rachètent des labos entiers et des médecins spécialistes hyper pointus.

Ils sont pas un peu bizarres ? Ce film n'est-il pas un peu bizarre ? On notera bien sûr l'angélisme hypocrite de la chose, et de Google, qui montre que les vieux peuvent s'intégrer au marché du travail s'ils le veulent et s'ils travaillent dur... Un truc totalement invraisemblable et mensonger.

Après le film, nous avons zappé sur la téloche et nous sommes tombés sur un reportage sur Ségolène Royal. Un truc à charge, complètement, qui la rend antipathique au possible. On était écoeurés. Non pas que nous sommes fans de Ségolène... mais c'est le concept qui nous a choqués : pourquoi démolir ainsi un personnage politique ? Pour être juste... il faudrait que désormais, France 2 nous passe tous les soirs le même type de documentaire sur tous les politiques de France. Ce qui ne se fera pas. Alors pourquoi ? Et pourquoi France 2, chaîne publique ? Pour "prouver" qu'ils sont neutres et objectifs ? 

Saint Google ; Royal bashing... nous avons éteint le poste, comme disait ma grand-mère, convaincus, s'il en était encore besoin, d'être les jouets de la manipulation des entreprises et des médias...

z10

A part quelques rêveurs qui ont vu de l'ironie dans le sujet (ah ouais ? j'imagine qu'elle a été sévèrement contrôlée...), la plupart des critiques sont assassins. "Hormis quelques bonnes vannes, l'impresson d'assister à une pub pour le géant de l'Internet dérange." (Télé 7 Jours). "C’est bel et bien l’ogre californien qui s’invite dans le scénario du film de Shawn Levy (...), et nous inflige sans trembler deux heures de prêche 2.0 à sa propre gloire" (AVoirALire). "Cette comédie (...) n'est rien d'autre qu'une gigantesque publicité pour l'entreprise Google (...). La présence [de Vince Vaughn et Owen Wilson] suggère pourtant un possible détournement, une éventuelle satire. Mais il n'en est rien." (Le Monde). "Le film (...), vaut surtout comme inestimable document sur l’inconscient à l’instant T d’une firme à l’arrogance sans limites." (Les Inrocks).

Les spectateurs ne se sont pas rués en masses chez nous : 200.000 entrées, ce qui est peu pour le tandem. Mais rassurant, quelque part.

z08


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aelezig 127315 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines