Et si on faisait des micro-réformes turbo-libérales ?

Publié le 12 septembre 2014 par H16

Surprise, bouffée de chaleur, tête qui tourne, cœur qui palpite dans une cage thoracique trop longtemps comprimée par la tristesse et l’effroi… Paf, selon un récent sondage, une majorité de Français approuverait les réformes « libérales » du gouvernement Valls. Rien que le titre donne des petits frissons aux extrémités des membres.

Par Baptiste Créteur et h16

Frissons modérés, cependant : il y a une bonne et une mauvaise nouvelle.

D’abord, la bonne nouvelle, c’est que, même avec le carpet-bombing anti-libéral permanent d’une presse, d’une opposition et d’une majorité qui ont tout fait pour agglutiner le mot « libéral » avec « mal ultime », « désolation », « enfer aride » et « chatons torturés », des réformes de bon sens qui seraient présentées comme « libérales » peuvent avoir l’assentiment des Français. On peut le dire : c’est, au choix, parfaitement fortuit parce que le sondeur qui interrogeait l’échantillon parlait avec une patate chaude dans la bouche et les sondés auront mal compris, ou, si l’hypothèse d’un défaut de prononciation n’est pas retenue, une véritable performance contre-intuitive.

La mauvaise nouvelle, cependant, c’est qu’il faut vraiment fort peu de choses pour être aujourd’hui qualifié de libéral en France. La moindre déviance déviation du dogme collectiviste est, de ce point de vue, immédiatement taxée de libérale et le rappel que le travail et l’entreprise sont, mine de rien, la première source de richesse déclenche l’utilisation pavlovienne des adjectifs « ultra », « néo » voire « turbo », avec un peu de bave à la commissure des lèvres. Et le pire dans cette mauvaise nouvelle, c’est qu’il n’y a qu’une majorité de Français pour approuver. Autrement dit, même au pied du mur, il se trouve encore des gens pour s’y opposer.

Et dans le détail, sur quoi tombe-t-on ?

Concrètement, quatre réformes passent pour libérales. Rien que la faiblesse du chiffre laisse songeur, mais baste, ne nous focalisons pas et retenons que l’ouverture à la concurrence des professions réglementées, la réforme territoriale, celle du marché du travail et celle du logement semblent tenir la corde.

Et si l’on épluche un peu les petites statistiques du sondage, cette idée même d’un vent de libéralisme s’évapore assez vite.

Ainsi, l’ouverture à la concurrence des professions réglementées (qui ne touche pas, par exemple, les taxis toujours aussi protégés par le gouvernement) remporte moins l’adhésion des sympathisants de droite, prompts à dénoncer les droits acquis des fonctionnaires mais refusant qu’on touche aux privilèges des petits notables. Évidemment, on voit mal comment on pourrait s’opposer aujourd’hui à une réforme qui aurait dû avoir lieu depuis longtemps — ou ne jamais être justifiée — et qui, pour être consensuelle, a été préparée sur le plan médiatique. Mais voilà : il reste quand même 29% de Français pour justifier les privilèges de ces professions, et 37% des sympathisants de droite.

Histoire de ne pas encombrer le billet, évacuons rapidement la réforme territoriale qui serait une bonne blague si elle ne nous était pas, encore une fois, facturée. Las. Elle n’instaure pas le principe de subsidiarité, ne réduit nullement le mille-feuille administratif et alors qu’il aurait fallu supprimer plusieurs couches de ce gâteau inefficient, indigeste et gluant qui crée des doublons au lieu des synergies, on ne supprimera que quelques régions. En plus, les regroupements effectués sont surtout l’illustration de l’influence de quelques barons locaux, démontrant s’il le fallait encore que l’État sert ses intérêts et ceux de ses dirigeants, et pas celui des citoyens.

Enfin, la réforme du code du travail se contente de micro-ajustements dans une tornade de bons sentiments et de pieux espoirs, qui ne modifient ni la physionomie du marché, ni les principales motivations des entreprises pour embaucher (ou plutôt, s’abstenir de le faire). Bref, c’est encore quelques changements à la marge, tout comme la réforme du logement, qui, très concrètement, consiste à annuler (avec un brio largement ouvert à débat) une loi catastrophique dont la mise en application n’a même pas eu complètement lieu. Pour ce qui est d’une remise à plat, d’une réforme ou d’un changement cap, on repassera.

Non, vraiment, les réformes ont beau, de près ou de loin, aller dans le sens d’un léger relâchement de l’étau, elles ne sont pas réellement libérales. La goutte de libéralisme, diluée dans une piscine d’agitation médiatique et plusieurs hectolitres de socialisme rose fuchsia, ne se décèle qu’avec des instruments extrêmement précis, mais dont l’étalonnage a été réalisé il y a 50 ans et plus jamais revu depuis.

Aucune de ces réformes ne s’attaque aux vrais enjeux. Dans leur frénésie surjouée, elles déplacent un peu le curseur mais partent toujours du principe que celui-ci doit être fixé par l’État. En fait, elles sont aussi libérales que le serait une pause fiscale qui stabiliserait les prélèvements à leur niveau actuel de tabassage confiscatoire : comme l’intensité des coups n’augmente pas, et qu’on pourrait, si on voulait, eh bien c’est qu’on est libéral. Mais oui.

Tristement, on voit déjà ce qui se profile : une fois passée cette « tornade libérale » dans un verre d’eau, une fois faites les micro-économies sur un budget ne donnant pas vraiment d’autre choix, le gouvernement, courageux comme pas deux, fera porter le chapeau des conséquences de quarante ans de collectivisme et de dirigisme au (méchant) libéralisme et à la (vilaine, très vilaine) austérité qu’il aura ainsi introduits à doses homéopathiques dans les derniers mois.

Moyennant l’appui des médias, impartiaux, analytiques, judicieux et bien lunés, et des années à répéter les mêmes bobards, les Français tomberont dans le panneau.

Oui, certes, bien sûr, ils constatent aujourd’hui l’échec de toute les autres « recettes » et semblent vouloir une France plus libre, plus libérale. Ils sont désespérés et comprennent qu’il faut maintenant revenir à la réalité ; 82% n’ont pas confiance dans l’avenir de l’économie française. Leurs espoirs de « changement » de mai 2012 sont morts (déjà). Sauf ceux des 32% d’indécrottables qui pensent encore que l’État doit réglementer et contrôler plus encore qu’aujourd’hui où ramener son verre au comptoir du bar, c’est du travail dissimulé.

Comprendront-ils que le libéralisme, c’est bien plus que quatre réformettes ? S’ils sont effectivement un peu plus favorables au libéralisme, aux entreprises plutôt qu’à l’État, les Français doivent aller plus loin.

Rome ne s’est, certes, pas faite en un jour. Ni défaite, d’ailleurs. L’URSS a tenu soixante-dix ans avec son idéologie débile, et depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la France tient depuis aussi longtemps son collectivisme et son dirigisme à marche forcée. Comme en URSS à l’époque, nos dirigeants tentent d’introduire un peu de liberté et de marché dans un système qui, sans eux, ne tiendrait plus bien longtemps. Et, comme en d’autres temps et d’autres lieux, cela ne suffira pas : on ne détruit pas les effets d’un poison en ajoutant à la mixture un peu de nourriture saine.

Il ne reste plus qu’à espérer que les Français comprendront qu’un pays où la dépense publique représente 57% du PIB et qui vit à crédit depuis quarante ans n’a pas besoin de réformes libérales mais d’une véritable révolution. Un retour aux principes fondateurs de la liberté et de la responsabilité individuelles, la fin des privilèges, la décentralisation des décisions non à divers échelons de vassaux mais jusqu’aux individus, et pas simplement une réduction de la dîme et de la gabelle permettant de maintenir un peu plus longtemps le socialisme féodal français.

Les Français semblent le vouloir ; à eux d’aller au bout.

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