Dinkelsbühl, pépite de Franconie
De temps en temps, osons sortir des frontières de l’Hexagone et constater qu’il y a aussi de belles choses ailleurs ! Qui en douterait ? Il y a quelques mois, nous sommes partis à la découverte du Val d’Orcia et de Sienne, en Italie (sans blague) ; aujourd’hui, je vous propose l’Allemagne. Plus précisément la Franconie, qui comme chacun sait, est une des principales régions de Bavière (représentant deux cinquième de la superficie du land tout de même) située au nord du territoire le plus puissant d’Allemagne. Pour vous donner une idée, les villes les plus importantes de ce duché pluri-millénaire sont Nuremberg, Wurtzbourg, Bayreuth…
Intéressons-nous à une petite ville, jouxtant la Souabe (Bade-Würtemberg), mais très attachée à ses racines bavaroises. C’est une pépite : elle s’appelle Dinkelsbühl.
Au premier abord, ce qui frappe le visiteur est que la ville ancienne est enserrée dans une enceinte, renforcée à intervalle régulier par des tours. Il y en a une bonne vingtaine, chacune ayant un nom et une histoire. Les plus anciennes datent du XIVe siècle et ont une fonction militaire évidente. Les plus récentes ont une fonction à la fois militaire, symbolique (c’est une ville libre, il faut que cela se voie) et décorative, notamment les portes parsemant le mur et qu’il faut toujours franchir pour entrer dans la vieille cité. Un agréable et ombragé chemin suivant le tracé des anciennes douves permet de se promener en bas du rempart et d’observer ces différentes tours dont la diversité d’architecture atténue le côté un peu « carton-pâte » de la ville : nous ne sommes pas dans une reconstitution mais bel et bien dans une ville historique qui a vécu une histoire mouvementée. Cette ancienne ville libre a notamment été assiégée par les troupes suédoises pendant la guerre de trente ans : les habitants sont exténués et la capitulation proche. La légende dit alors que des enfants, conduits par la fille d’un gardien de porte, viennent implorer la grâce des troupes suédoises, grâce qui leur sera accordée. Cet événement est fêté chaque année par une reconstitution interprétée par la population. A l’intérieur, que peut-on admirer ? Un bourg de la Renaissance et du XVIIe siècle. Les grandes et hautes maisons s’alignent sagement le long des rues pavées. Tout est propre (nous ne sommes pas en Allemagne pour rien), les commerces désireux de s’installer ici n’ont d’autre choix que de jeter aux orties leurs néons blafards et leurs enseignes criardes ; elles voient leur nom s’afficher en lettres gothiques (ou pseudo-gothiques diront les puristes) sur une façade préservée. Moralité, les inconvénients d’un tourisme de masse se font moins sentir sur la qualité du bâti et la « pollution visuelle » est absente.Promenez-vous le long des rues et ruelles parfois tortueuses ; observez que, contrairement à des villes vraiment médiévales, ici, il y a de l’espace, les maisons ont des jardinets (parsemés de nains ?), les rues principales sont assez larges. Admirez l’église Saint-Georges (qui n’est absolument pas une cathédrale comme dit wikipédia, la ville n’ayant jamais été le siège d’un diocèse), une grande église-halle en excellent état assez impressionnante et particulièrement grande au vu de la taille de la ville. Quasiment en face, observez la maison des comtes, immense et majestueuse, avec une charpente imposante. Le couvent des carmélites, désaffecté au début du XIXe siècle et donné aux luthériens, ce qui nous rappelle qu’ici près de la moitié de la population est protestante – nous sommes très au nord de la Bavière. Etc, etc…
Profitez de cette belle étape de la route romantique, route qui traverse la Bavière et visiblement très connue en Allemagne, créée dans l’immédiat après-guerre pour attirer les touristes vers les lieux les plus emblématiques de Bavière. J’avoue que l’itinéraire est un peu artificiel, reliant Neuschwanstein (authentiquement « romantique ») à Bad Mergentheim, siège des grands maîtres de l’Ordre Teutonique ou la très baroque résidence de Wurtzbourg…C’est beau, j’y suis allé, j’y reviendrai !