A peine rentrée de Bolivie, je cours dans la Brenne. Que voulez-vous, trop de montagnes, une envie de plat pays... Je plaisante. Bien sûr. Non, juste, après avoir quitté un lieu cher, et c'est toujours une déchirure, le besoin d'aller se faire consoler par les souvenirs.
Chaque été, au retour des Alpes, c'était les tomates farcies de mamie, les grenouilles qu'on attrapait à la main et qu'on faisait tremper dans un seau toute la journée de pêche, et la cueillette des mûres près de l'étang. Les confitures pour adoucir les premières semaines d'école. Le bruit de la cuillère qui gratte au fond de la passoire pour séparer le jus des pépins.
Cette année, quand je reviens, les oiseaux ne m'ont pas attendue et beaucoup ont déjà déserté les lieux. Dans les observatoires de la réserve naturelle de Chérine, lieu privilégié pour voir sans être vu toute la faune de la Brenne, il ne reste plus qu'une aigrette ébouriffée et une mouette solitaire qui se font la tête sur une branche échouée. Plus de tortues non plus qui se font dorer au soleil. Déjà, les premières feuilles jaunissent et on pressent le prochain passage des grues cendrées qui voleront vers leurs destinations septentrionales.
Pour l'heure, profitons des derniers souffles de l'été, des doigts tachés du noir des mûres, du souvenir des confitures...