Délivrez Nous du Mal // De Scott Derrickson. Avec Eric Bana, Edgar Ramirez et Olivia Munn.
Ah les films de possession, on nous en sort à toutes les sauces ces derniers temps sauf que pour une fois c’est sous un angle policier, un mélange à mi-chemin entre du polar de David Fincher et du Jean Christophe Grangé. L’association des deux influences que je trouve à Délivrez Nous du Mal n’est pas totalement réussie malheureusement. Disons que bien que cela soit honorable comme film, cela n’apporte pas grand chose de nouveau au genre. D’un point de vue purement narratif, la proposition est donc un peu morne. C’est sur le reste que le film se rattrape légèrement, notamment dans son immersion dans l’univers très glauque et froid du Bronx à New York. C’est un terrain de jeu parfait pour ce genre de films. Scott Derrickson (Sinister, Le jour où la Terre s’arrêta) fait preuve d’une très grande maîtrise de sa caméra. C’est beau tout simplement et l’on ne peut s’empêcher de se dire que David Fincher n’aurait qu’à bien se tenir avec ses polars si seulement le scénario était lui aussi à la hauteur. Car la grosse faiblesse de ce film vient bel et bien de là, ne pas délivrer une histoire suffisamment bien ficelée pour ne pas devenir prévisible. Car on voit plus ou moins tout venir à des kilomètres et Scott Derrickson n’était pourtant pas à son premier essai dans le film de possession.
La violence et la noirceur, le sergent Ralph Sarchie connaît bien. Flic dans le Bronx, il est chaque jour témoin du pire de la nature humaine. Ce qu’il endure a même fini par affecter sa relation avec sa femme, Jen, et leur petite fille, Christina. Pourtant, rien ne l’avait préparé à l’affaire que lui et son partenaire Butler vont découvrir. Dépassé, Sarchie va devoir s’allier à un prêtre renégat dont la foi a souvent vacillé, qui tente de le convaincre que les horribles événements qui se multiplient sont liés à des possessions démoniaques… Ensemble, le policier et le prêtre accumulent les preuves que le Mal est à l’œuvre, et Sarchie est forcé de remettre en cause tout ce en quoi il a toujours cru pour combattre les puissances occultes qui menacent la ville et sa famille…
L’histoire de Délivrez Nous du Mal manque donc un peu de punch. Le scénario s’en sort cependant plutôt bien dans son côté classique. Cela reste assez correct dans son ensemble avec une bonne dose d’humour bienvenu qui permet de détendre l’atmosphère grâce à un Joel McHale (Community) bien exploité. Je dois avouer que lorsque j’ai vu cet acteur apparaître à l’écran, j’ai eu peur que cela soit complètement raté. Et finalement, il apparaît un petit peu de légèreté dont ce film avait bien besoin pour que l’on puisse un peu plus l’apprécier. Petit à petit, au fil du temps qui passe, le film nous explique donc son histoire et tente de venir à bout de toutes ces aventures de possessions. La base là dedans est peut-être le problème (des soldats qui se sont retrouvés possédé face à une porte faite d’inscriptions sur un mur) mais heureusement que le duo composé de Sarchie et Mendoza, le flic et le prêtre, fait plutôt mouche. Le film fait parfois légèrement frissonner (il y a donc des adages très classiques encore une fois mais étrangement j’ai été surpris) et c’est une très bonne nouvelle même si j’ai aussi pu rire à certains moments sensés être apeurant pour le spectateur.
Mais disons que cela fonctionne comme ça. Le monde de la possession au cinéma, je ne connais. L’une des meilleures scènes de Délivrez Nous du Mal reste donc celle du grand exorcisme. C’est une scène dans une pièce cloisonnée. On est donc immergés dans un lieu où tout peut se passer et où le but est de nous surprendre et de nous en mettre plein la vue. Visuellement Scott Derrickson ne s’en sort pas trop mal. Je dirais même que ce metteur en scène était un atout majeur dans tout ce que ce film a pu réussir à faire. Le mélange du thriller avec de l’horreur est donc plutôt efficace en son genre et je dois avouer que je ne m’y attendais pas nécessairement. Surtout que quand j’ai vu la bande annonce du film, j’avais peur que cela ne soit pas à la hauteur de la réputation de Scott Derrickson et qu’il nous ait donc délivré un film fainéant. Mais c’est tout le contraire qui s’est passé et l’on ne pouvait pas demander mieux de la part de Délivrez Nous du Mal. Lorgnant sur une thématique récurrente ces derniers temps au cinéma (Insidious, The Conjuring, etc.), voici donc un film qui tente de changer un peu la façon de faire et qui, même en se prenant un peu les pieds dans le tapis ne s’en sort pas trop mal.
Note : 5.5/10. En bref, la possession qui mélange le polar Fincher-esque à un peu de Grangé. Cela donne Délivrez Nous du Mal.