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Preuves tangibles d’une tectonique des plaques sur Europe, une lune de Jupiter

Publié le 11 septembre 2014 par Pyxmalion @pyxmalion
Europa lune glaciale

Portrait d’Europe, lune de 3 120 km de diamètre, recouverte de glace et émaillée d’une multitude de lignes ; sa banquise de 20 à 30 km d’épaisseur abriterait un immense océan potentiellement habitable – image de la sonde spatiale Galileo

Autour de Jupiter, le satellite galiléen Europe se révèle animer par une véritable tectonique des plaques. C’est la première fois que ce processus est observé ailleurs que sur la Terre. Cet astre glacial, légèrement plus petit que la Lune, renferme plus d’eau que la planète bleue. Sous son épaisse banquise, il existerait en effet un vaste océan d’eau liquide considéré comme un milieu potentiellement habitable.

Lorsqu’il observa pour la première fois Jupiter, au début de l’année 1610, le Florentin Galileo Galilei découvrit, non sans étonnement, la présence de quatre satellites naturels autour. Près de quatre siècles plus tard, plus exactement entre décembre 1995 et septembre 2003, une sonde spatiale qui portait son nom vint explorer la planète géante et sa banlieue, approcher tous ces corps célestes encore méconnus et survoler une douzaine de fois Europe. Les scientifiques — et le grand public ensuite — découvrirent alors sur les clichés magnifiques de Galileo, des détails stupéfiants de sa surface gelée, zébrée d’une multitude de lignes et de crevasses. Que peut bien cacher ce monde glacial légèrement plus petit que la Lune (environ 3.120 km de diamètre) ?

Comme l’avaient indiqué des observations terrestres, Europe est entièrement recouverte de glace d’eau. En surface, sa température moyenne est estimée à – 150 °C. En revanche, de nombreux signes suggèrent qu’à l’intérieur, sous une banquise de 20 à 30 km d’épaisseur, il existe un vaste océan d’eau liquide dont les abysses seraient en contact avec le noyau rocheux… Située, certes, à quelque 800 millions de km (en moyenne) du Soleil, cette lune n’en est pas moins considérée, depuis plusieurs années, comme potentiellement habitable. Un astre fascinant qui ne cesse d’intéresser les astronomes et les exobiologistes de la planète Terre.

coupe de la banquise d'Europa

Tectonique des plaques de glace à la surface d’Europe

Intrigués par l’expansion et le renouvellement, observé dans certaines régions, de la banquise du sixième plus gros satellite naturel, Simon Kattenhorn (Université de l’Idaho) et Louise Prockter (laboratoire de physique appliquée de l’Université Johns Hopkins dans le Maryland) ont revisité les données acquises par feu la sonde spatiale Galileo (au terme de sa mission, en 2003, celle-ci fut volontairement échouée dans l’atmosphère de Jupiter afin qu’elle ne s’abîme pas à la surface d’Europe). Puisque cette lune glacée ne grossit pas, il leur a donc fallu explorer d’autres explications à ce processus et la seule qui tient la route à leurs yeux est celle d’une tectonique des plaques.

Sur de nombreuses images, on peut voir de vastes bandes où semble émerger de la glace fraîche. Leur bordures sont comme déchirées et séparées, à l’instar de ce qui est observé au fond des océans sur notre planète. Dans leur article publié dans la revue Nature Geoscience, les deux chercheurs évoquent une véritable tectonique des plaques qui animerait continuellement la surface du satellite naturel. Rappelons qu’avec un âge estimé entre 40 et 90 millions d’années (seulement), la surface d’Europe est une des plus jeunes du système solaire. Aussi, comme chez nous, une part des ces plaques de glace se rencontrent et se chevauchent, l’une plongeant sous l’autre — phénomène connu sous le nom de subduction — et ailleurs, de la matière semble remonter et renouveler l’écorce. En reconstituant une partie (134.000 km2) de sa surface, comme pour un puzzle, les deux scientifiques ont constaté qu’environ 20.000 km2 manquaient à l’appel, vraisemblablement recouvert. Pour étayer ce scénario, des formations s’apparentant à du cryovolcanisme ont été plusieurs fois observées près des lignes de fractures. Pour eux, il est envisageable que la glace qui plonge sous une plaque se réchauffe et favorise ainsi l’émergence ponctuelle de coulées de lave d’eau…

« Si elle dispose d’un système global de tectoniques des plaques, Europe ressemble plus à la Terre que nous l’imaginions » résume Simon Kattenhorn. « Non seulement cette découverte en fait un des corps du système solaire les plus intéressants géologiquement, cela présuppose aussi une communication bidirectionnelle entre l’extérieur et l’intérieur, un processus qui a des implications significatives pour le potentiel d’Europe comme monde habitable ». Curt Niebur, chercheur à la Nasa dans le cadre du programme des planètes externes ne dit pas autre chose : « l’étude d’Europe pose des questions fondamentales sur cette lune glacée potentiellement habitable et la recherche de la vie ailleurs que sur Terre ». Le vaste océan qui, par ailleurs, contient plus d’eau liquide que la Terre apparait donc comme le moteur de cette activité superficielle et aussi comme un milieu propice à la vie. Il ne nous reste plus qu’à nous rendre sur place.

l'intérieur d'Europa

A quoi peut ressembler l’intérieur d’Europe, lune glacée en surface (- 150 °C) gravitant autour de Jupiter, à plus de 778 millions de km en moyenne du Soleil

Crédit photos : NASA/JPL/Ted Stryk/Noah Kroese/I.NK.


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