Un nouveau livre, un sujet nouveau.
Les Editions Garae Hésiode viennent de publier un nouveau livre sous le titre : Joseph Bouas, Saint-Lys la Fidélité, compagnon charpentier. Cette maison d’édition, établie à Carcassonne (Aude), s’est spécialisée dans la publication d’écrits relevant des sciences humaines et notamment de l’ethnologie. Elle a accueilli dans sa collection « Les Mémoriaux » le manuscrit du compagnon charpentier du Devoir Joseph BOUAS dit Saint-Lys la Fidélité (1875-1963). Rédigé au soir de sa vie, ce récit de tour de France est le seul publié à ce jour qui soit signé d’un compagnon charpentier du Devoir, alors que l’on connaît depuis le XIXe siècle des Mémoires de compagnons menuisiers, cordonniers, boulangers ou maréchaux-ferrants.
Qui était Joseph Bouas ?
Né le 22 mars 1875 d’une lignée de compagnons charpentiers établis à Saint-Lys en Haute-Garonne, Joseph Bouas est reçu compagnon à Toulouse à la Saint-Joseph 1893. Il a alors 18 ans et entreprend son tour de France. De 1893 à 1896 il séjourne de quelques semaines à plusieurs mois à Agen, Bordeaux, Nantes, Angers, Tours, Paris, Auxerre, Lyon et Marseille, puis rentre au pays en 1896 pour accomplir ses trois années de service militaire. Libéré en 1899, il repart à Paris, attiré par les chantiers de l’exposition de 1900. En août, il rentre définitivement à Saint-Lys pour prendre la succession de son père. En 1919, il y sera élu maire jusqu’en 1929 et deviendra une personnalité locale connue pour sa franchise et ses positions socialistes et pacifistes. Durant la guerre, il participera aux opérations de la Résistance.
Un témoignage de première main.
Ces Mémoires de tour de France se lisent d’une traite et fourmillent d’informations sur le comportement des compagnons et la vie ouvrière, les usages locaux, les curiosités des villes, le type de constructions réalisées à la fin du XIXe siècle. L’un des intérêts majeurs du récit est le rapport du jeune Bouas au travail. Courageux, travaillant de 10 h à 12 h par jour, il n’hésite pas à faire grève lorsqu’il estime que son salaire est trop bas. A Paris, il nous rapporte un témoignage inédit sur la reconstitution du mouvement ouvrier et le souvenir resté vivace de la Commune de 1871. Au fil des pages, on mesure le déclin du compagnonnage des charpentiers au tournant du XIXe et du XXe siècle et la montée en puissance du syndicalisme.
Les « révélateurs » du manuscrit.
Laurent BASTARD : directeur du musée du Compagnonnage de Tours. Il a publié plusieurs livres sur le Compagnonnage. Il a annoté le manuscrit de Joseph Bouas et inséré un chapitre montrant l’originalité de ce témoignage vécu à la Belle Epoque, à la charnière d’un tournant au sein du mouvement ouvrier.
Colette BERTHÈS : romancière et essayiste elle a découvert l’autobiographie de Joseph Bouas. Elle l’a enrichie d’un chapitre sur les années qui ont suivi le retour du compagnon à Saint-Lys jusqu’à sa mort en 1963, avec de précieux témoignages recueillis auprès de sa famille et des habitants de la commune où il a laissé son empreinte de maire aux idées « avancées ».
Nicolas ADELL : membre du Comité national du CNRS, maître de conférences en anthropologie à l’Université de Toulouse, il étudie le Compagnonnage depuis plusieurs années. Il explique que le récit de Joseph Bouas s’inscrit dans une démarche à la fois compagnonnique, initiatique et familiale.
Le livre pratique.
Editeur : GARAE, Maison des Mémoires, 53, rue de Verdun 11000 Carcassonne (tél. 04 68 71 29 69) www.garae.fr
Format : 15 x 22 cm. Couverture à rabat. Cahier central de 9 photographies. 168 pages.
ISBN 290616463. Dépôt légal : 4e trimestre 2013. Prix : 14 €.
En vente en librairie et au musée du Compagnonnage de Tours (voir l’onglet boutique sur le site www.museecompagnonnage.fr)
L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)