Avant que le raz de marée provoqué par une certaine Valérie T n'emporte tout sur son passage, l'été avait accouché d'un autre phénomène littéraire ( en même temps, est ce que le livre de Valérie T a quelque chose à voir avec de la littérature?) d'autant plus exceptionnel qu'il prolongeait déjà un succès foudroyant acquis il y a déjà deux ans.
En effet, après avoir été la grande révélation de l'année 2012, un jeune auteur suisse de même 30 ans, est devenu cet été un phénomène mondial. Son roman, La Vérité sur l'affaire Harry Quebert, publié par la maison d'édition indépendante Bernard de Fallois, venu un peu de nulle part, avait décroché le Goncourt des lycéens et le Grand Prix du roman de l'Académie Françaises et atteint les ventes stratosphériques: un million d'exemplaires en grand format, et ce roman est d'ailleurs actuellement en cours de discussion pour être adapté sur grand écran par un studio holywoodien.
Et deux ans après ce carton en grand format, l'édition de poche parue le 28 mai dernier a également fait des miracles, car tous ceux qui, comme moi, l'avaient raté en grand format ont voulu se rattraper sur la version poche. D'autant plus que cette période estivale, où on a un peu plus de temps devant soi, était idéale pour se plonger dans un pavé de 800 pages.
Cela étant dit, par rapport à d'autres pavés que j'ai lu récemment, comme par exemple le roman de mariage de Jeffrey Eugenides, La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert se lit bien plus rapidement pour deux raisons assez dissemblables. D'une part, le roman, écrit d'une plume limpide, simple ( simpliste parfois) est moins érudite que le roman d'Eugenides, ce qui facilite grandement la rapidité de lecture, et d'autre part, La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert est quand même un sacré bon "page-turner", de ceux que le lecteur n'arrive pas à décrocheravant de parvenir au mot fin et qu'on lit d'une seule traite, tant les retournements de situations et pistes inattendues s'additionnent, surtout à la fin du roman.
J'ai d'ailleurs été victime de ce dommage collatéral de ce page turner, puisque figurez vous qu'alors qu'il me restait plus de 300 pages à lire, et qu'il était une heure du matin le soir où j'ai repris ma lecture, et je n'ai pu lacher le livre qu'une fois que j'ai connu le fin mot de l'histoire, soit vers les 4 h du matin passées (heureusement que je ne bossais pas le lendemain, mais je ne suis pas sur que cet élément serait rentré en ligne de compte).
' Autrement dit, si on se situe à ce niveau là, "La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert" est une réussite totale : le livre contient, surtout dans ces 300 dernières pages tellement de révélations, de rebondissements et de surprises, je n'avais pas connu pareille excitation pour finir un livre depuis Shutter Island de Denis Lehane...
Sauf que si on pousse plus loin la comparaison entre les deux, le bouquin de Lehane m'avait semblé aussi d'une autre qualité littéraire, car c'est là tout le paradoxe du livre de Joel Dicker et bien d'autres que moi l'ont déjà stigmatisé : le livre arrive autant à subjuger par bien des points, qu'à irriter, voire profondément agacer sur d'autres cotés.
Si on parle d'abord de ces défauts qui énervent un peu, la lourdeur de certains passages, et surtout la mièvrerie de l'histoire d'amour laisse parfois pantois, même si on se demande si l'auteur ne joue pas avec la parodie dans ce cas là... de même, certains personnages vont plus que froler les caricatures ( la mère du héros, too much, son agent, un peu trop dessiné à gros traits aussi) et enfin la fin du livre accumule tant les rebondissements qu'on aurait pu en supprimer un ou deux...
Mais ces défauts incontestables n'altère pas pour autant la jubilation avec laquelle on parcourt ce bouquin. Il faut savoir que Joël Dicker fait montre d'un don inné de conteur et arrive à nous prendre immédiatement dans son engrenage particulièrement malin, en sachant doser à la fois suspense; émotion et humour.L'auteur maitrise parfaitement son récit, ce qui est vraiment à saluer vu son jeu âge une intrigue bien tortueuse et somme toute assez surprenante (j'avais vaguement deviné le coupable, mais sans énormément de certitude non plus) et tout ceci contribue à faire de cette affaire Harry Québert un vrai moment de lecture que seuls les grincheux bouderont.