Chaque année, c’est la même chose, en septembre, le mot " rentrée" est le leitmotiv pour tout le monde, entrepreneur, salarié, retraité, ministre, même si l’école n’est qu’un lointain souvenir.
Est-ce une nostalgie du passé, des cahiers neufs, des nouveaux profs ou d’une période où tout redevenait possible parce qu’on remettait les compteurs à zéro ? Oubliés les mauvaises notes, les bulletins désastreux, les interros surprises du lundi matin, les engueulades en tout genre, les surveillants ou les maîtresses détestables de l’année passée. Tout est tout beau et tout neuf.
L’objectif de chaque écolier, lycéen ou collégien est très simple : passer dans la classe supérieure. Pour ce faire, il lui faut apprendre ses leçons le soir à la maison, acquérir des connaissances et compétences qui lui ouvriront le chemin du succès. On lui demande d’être attentif, de prendre soin de ses cahiers, de respecter la règle du pouvoir qui prévaut dans la classe à savoir la toute puissance de l’enseignant. Il doit aussi parfois à son grand désarroi, se frotter à d’autres rapports de force, clairement posés, qui règnent dans la cour de récré.
Chacun s’adapte à cet univers, routinier, figé dans le temps, de septembre à juin, par des comportements très différents : ainsi on observe le bosseur, le pleurnicheur, le martyr, le manipulateur, le leader, le séducteur, le rapporteur, le chahuteur, le lèche cul.
Une entreprise n’est pas une école, certes, mais certains points sont communs.
En premier citons le pouvoir qui s’incarne dans la toute puissance des niveaux de hiérarchie, fixant les rapports entre les gens et définissant ce lien de subordination, maître mot des relations sociales. Comme le prof, le chef a raison surtout s’il est un " petit chef " nostalgique des punitions.
Ensuite, une forme de subjectivité se glisse dans toutes ces organisations qui défendent une image lisse et respectable. A l’école, on nous sert que tout tourne autour du bien de l’enfant. Il suffit de s’approcher de l’échéance du bac pour se rendre compte que tout ça n’est qu’une stratégie de communication. Stratégie que les entreprises maîtrisent parfaitement. Evolution de carrière, formation, bien-être du salarié, bla, bla, bla, ce dernier est soumis à forte pression pour " contribuer ". On constate aussi des attitudes similaires à celles des enfants, les actifs sont fayots, râleurs, manipulateurs….
Puis les choses diffèrent.
Ce qui n’empêche nullement les braves terriens que nous sommes et qui n’usons plus depuis longtemps nos jeans sur les bancs de l’école, d’espérer en leur for intérieur que septembre leur apporte d’un coup de baguette magique un changement qu’ils appellent de leurs vœux. Car ce qui les chagrinent le plus, après le soleil, la liberté, les pots en terrasse ou la pêche à la ligne, est que tout est resté parfaitement identique. Les horaires sont les mêmes. Il y a toujours la réunion du lundi, les menus à la cantine immuables, les collègues qui font la gueule.
Alors que les écoliers se mettent en route tranquillement pour obtenir le premier bulletin de l’année, suivi de deux autres dont le poids est équivalent dans la notation finale, le salarié lui, sait que le dernier quadrimestre est d’une importance vitale car sonnera bientôt l’heure de son appréciation annuelle. La bonne note qui définira une augmentation de salaire, une promotion, un changement de poste. Sur quels critères est-elle fixée ? Ses compétences, oui, la réalisation de ses objectifs, sûrement, mais bien tenir ses cahiers et apprendre ses leçons n'est pas suffisant, il faut plus. Cette notion, ô combien subtile est laissée à la discrétion de son boss qui est doté d’une mémoire courte et sélective.
Ainsi une brillante opération effectuée au mois de mai a toutes les chances d’être oubliée alors même qu’une connerie manifeste ne le sera pas. Et un 6/20 obtenu entre maintenant et fin octobre aura des conséquences néfastes et définitives sur le bulletin de fin d’année sans espoir de rattrapage.
Allez , c'est bientôt Noël, les cadeaux et la nouvelle année!