Seal of Quality au Bonnefooi, Bruxelles, le 9 septembre 2014

Publié le 09 septembre 2014 par Concerts-Review

 Charles Eloy.

Ce soir,le groupe rouennais SEAL OF QUALITY exporte sa musique à Bruxelles ( au  Bonnefooi) , au cœur de l’Europe.

Seal of Quality n’est pas une bande de musiciens, mais bien un groupe d’appareils, essentiellement  trois consoles Nintendo Game Boy, un vocodeur, une table de mixage, ainsi qu’une guitare électrique  autour du chanteur-guitariste, magicien des sons Nicolas Cueille.

A l’opposé de nombreux bidouilleurs, restant effacés derrière leurs appareils, Nicolas contrôle les claviers,  joue de la guitare  électrique et chante. Son univers est la rencontre entre le punk et l’ère cybernétique de Terminator.

Notre homme-orchestre, nous jouant la musique du passé, du présent et du futur, est perpétuellement en mouvement.  Il n’utilise pas des échantillons de sons, mais  actionne  les puces audio des trois consoles Nintendo Game Boy, synthétisant les sons en temps réel sans l’apport d’un ordinateur.   C’est de la musique 8-bits ou  chiptune , de l’anglais chip, « puce informatique, et tune « musique » ,faisant  partie d’une scène underground dont la philosophie est de rechercher le maximum de possibilités offertes par  la technologie des  anciennes consoles de jeux.

Le concert débute avec la chanson « Time off » qui nous plonge de suite dans l’univers de Seal of Quality.  Nous écoutons une musique  symphonique planante et rythmique générée uniquement à partir des puces audio des consoles.

La chanson « Socket » emballe le public.  Les riffs de guitare et  la voix de Nicolas, qui résonne plus grave par l’usage d’un vocodeur,  a la même tessiture que celle de James Hetfield (Metallica). Ce morceau est un vrai régal de punk et de rock metal. Les têtes et les corps des participants balancent en cadence  sous les effets hypnotiques des rythmes saccadés. Le vocodeur lui sert également pour reproduire des sons synthétiques ou robotiques  à l’instar de Kraftwerk ou Daft Punk.

Dans une autre composition, il joue un jeu puissant et rapide comme le guitariste américain Dick Dale qui a inventé le surf rock.  En 1962, Dick Dale a repris le morceau traditionnel grec Misirlou utilisé sur la bande-son du film Pulp Fiction.

Au gré de son inspiration, il mélange des ingrédients stylistiques de musique pop et des effets dosés de noise music  et des basses liées à la musique techno.

Je reconnais l’influence de Depeche Mode, the Orb, Aphex Twin, Squarepusher dans l’écriture musicale.  Nicolas est un digne héritier des artistes des labels de  musique électronique Mute et Warp , mais avec une French touch.

Seal of quality  démontre que l’expérimentation et la recherche musicale ne sont  pas uniquement réservées pour écouter chez soi, mais s’adressent à un  large public dans une ambiance conviviale et chaleureuse.

La musique  d’origine « chiptune » n’est pas glaciale. Au contraire, Nicolas en retire la chaleur et insuffle une âme remplie de générosité  s’évaporant dans la salle du café-concert Bonnefooi. Sa démarche est indépendante, loin des ultrapuristes « chiptune », lui permettant d’explorer suivantes directions.

Résolument, Nicolas est un artiste ouvert, conscient du temps présent. Il danse sur des rythmiques similaires à celles que nous retrouvons dans des productions américaines de Timberlake.

Je n’ai pas  encore compris comment il arrive à manipuler les boutons des consoles, un écran tactile, jouer au clavier et à la guitare et danser comme Usher. Cela résume la performance visuelle de notre artiste.

Le concert punk rock Nintendo de Seal Quality, alias  Nicolas Cueille et les trois consoles Nintendo Game Boy, ont fait rêver le public au-delà des bits.