Coup sur coup, deux
sondages viennent accabler encore un peu plus François Hollande qui n’avait
vraiment pas besoin de ça.
Le premier lui donne un taux de popularité à 13%, le second le donne perdant
à l’occasion d’un hypothétique second tour face à Marine Le Pen. Certes
l’hypothèse est pour le moins improbable puisque pour qu’il soit au second
tour, encore faudrait-il qu’il ait passé le premier tour. Mais pour autant, se
dire qu’il pourrait y avoir une majorité de français qui préféraient avoir
Marine Le Pen plutôt que François Hollande à la présidence de la république est
pour le moins navrant sinon choquant.
Jusqu’à présent, tout le monde était persuadé que face au FN au second tour,
même une chèvre pourrait gagner, tant ce parti est un repoussoir pour la grande
majorité des français. Le score de Chirac en 2002 en témoigne. Ou devrais-je
dire, en a témoigné.
A un tel niveau, le rejet d’un responsable politique doit quand même amener
à s’interroger.
Dans le cas de François Hollande, on dépasse largement l’habituel clivage
Droite-Gauche. Même Sarkozy dont la popularité a été sérieusement mise à mal,
n’a pas connu une telle déroute. Contrairement à Hollande, il a toujours
bénéficié du soutien d’un noyau dur d’électeurs de droite. Pour Hollande, le
pendant n’est pas vrai puisque les électeurs de Gauche l’ont abandonné en rase
campagne au point de devenir les plus virulents à son égard.
Malgré tout, on peut se demander ou se trouve réellement la véritable
explication de son rejet massif par presque 9 français sur 10 !
Il me semble qu’au-delà de ce que l’on peut objectivement lui reprocher,
François Hollande a eu avant tout le tort d’être un socialiste arrivé à la
Présidence de la république au plus mauvais moment. A un moment ou la France se
retrouve dans l’incapacité durable de générer de la croissance, condition
indispensable à la sauvegarde de son train de vie.
Jusqu’à présent, la Gauche était arrivée au pouvoir (Mitterrand ou Jospin)
avec un tas de jolis mots comme égalité, générosité, solidarité ou encore
justice social à la bouche. Derrière tous ces beaux concepts il fallait
évidemment comprendre dépenser, distribuer, attribuer, augmenter, progresser ou
encore prélever. Ce fut notamment la retraite à 60 ans, des augmentations
massives du SMIC, le RMI, ou encore les 35 heures. Et tout cela à des moments
ou la dette de l’Etat et les déficits publics n’étaient l’apanage que de
comptables psychorigides et la productivité des entreprises celui des
ultralibéraux.
Certes la doctrine y a subis quelques accrocs comme par exemple lorsque
Bérégovoy à libéralisé le secteur financier ou quand Lionel Jospin a
allégrement privatisé à tout va. Malgré tout, rien de suffisant pour provoquer
une remise en question en profondeur des schémas idéologiques d’une grande
partie du PS. Schémas que 10 années d’opposition n’ont fait que
renforcer.
François Hollande, lui, est arrivé un petit peu par erreur dans un contexte
économique qui était devenu tout à fait incompatible avec ces fameux
schémas.
Il a vainement essayé de faire impression pendant quelques mois mais
rapidement il s’est trouvé condamné à décevoir tous ceux qui ont crus à ses
promesses de Socialiste et qui n’ont pas compris qu’elles étaient de toute
façon vaines. Pire encore, à vouloir les ménager, il a perdu du temps et loupé
le moment optimum pour prendre une série de mesures fortes et nécessairement
difficiles, le début de mandat. Au lieu de ça, la seule action que l’on retient
de ces 2 ans, ce ne sont que les hausses d’impôts et rien d’autre.
Son changement de cap à rapidement perturbé non seulement au sein du Parti
Socialiste mais également au sein de son gouvernement, laissant l’impression
d’un joyeux brouhaha qui n’a pu que conforter le sentiment d’une politique
incohérente et floue.
A l’arrivée, il se retrouve à avoir déçu la Gauche et tous les autres qui ne
comprennent pas ce qui apparait comme une inertie molle.
Pour autant, il y a quelque chose de malsain dans cette unanimité contre un
homme et dans les attaques ad hominem dont il fait l’objet. Malsaine cette
coalition de circonstance tout à fait hétéroclite réunie uniquement pour
accabler quelqu’un dont le seul tort est d’avoir été élu au mauvais
moment.
Bien sur, les Socialistes ont mis beaucoup trop de temps à réaliser que le
monde avait changé, et ils en payent à plein les conséquences. Et François
Hollande porte une lourde responsabilité dans cet échec. Pour autant, les
Français jugent encore leurs responsables politiques à l’aulne de critères de
l’ancien temps, ceux d’il y a 10 ans. La France est à un tournant de son
histoire moderne. Elle doit réorienter son modèle social et économique avant
qu’il ne soit trop tard pour avoir le choix. Les Français sentent bien que
François Hollande n’est pas l’homme de la situation mais sans pour autant
appréhender pleinement cette situation et donc ce qu’ils attendent de
lui.
Tout cela les amène à lui faire des critiques souvent excessives et pas
toujours fondées.
Hollande est d’une certaine manière la victime expiatoire de tout un pays qui trouve plus simple de s’en prendre à son Président plutôt que de regarder en face ce que signifierait pour lui une France adaptée au monde de demain.