Ca faisait un bail que je n’avais pas eu l’envie de prendre le clavier pour un billet d’humeur, mais cette rentrée de Septembre aura eu raison de ma mise en repos. En effet depuis quelques semaines/mois/années on voit fleurir des « influenceurs » qui aiguillent les gens vers la bien pensée. Tout ce qui n’est pas de leur goût ou qui ne trouve grâce à leurs yeux pour une quelconque raison fini immanquablement discrédité, sali, rejeté.
Que l’on soit d’accord ou pas sur la manière ou le contenu, la parole doit être libre pour que les idées puissent être combattues.
Mais petit à petit au début, à grandes enjambées maintenant on ne répond plus aux idées par des arguments, ça serait trop simple, non on disqualifie, on dégomme, on dézingue et au pire si ça ne marche pas on se victimise pour que l’autre ne puisse plus avoir la libre parole.
Dernier exemple en date, le livre de Valérie Trierweiler « Merci pour ce moment ». Je souris souvent ces jours ci. Savez-vous pourquoi? Parce que tous les biens-penseurs, les humoristes, les journalistes, les politiques, tous ces gens bien intentionnés qui disent que ce livre est un torche-cul, et bien ces simples commentaires sont la preuve qu’ils ne l’ont pas lu ou alors fort mal… En effet je l’ai lu, et je sais ce qu’il contient. Et contrairement aux extraits utilisés pour la promo c’est un livre réfléchi, politique, avec certes des moments parfois du domaine intime qui ne sont que de peu d’intérêt, mais qui sont l’apanage de tous les ouvrages autobiographique que je connaisse… Alors oui clairement la plupart des ressentis de l’auteur mettent à mal celui dont elle parle. Clairement aussi, elle ne le présente certes pas à son avantage. Mais elle l’humanise, le rend « normal » ce qui entre nous est ce qu’il a toujours souhaité pour se démarquer de son principal concurrent pendant la campagne qui l’a mené au pouvoir. Et comme tout humain, il n’est pas exempt de défaut.
Mais finalement ça surprend qui? Notre président est un homme, et un homme imparfait? Le propos n’est pas ici de faire étalage gratuitement de leur vie privée devenue publique de par la fonction. Mais aussi de pouvoir prendre le temps de justifier et de répondre à tout ce qui jusqu’à présent a été écrit sur elle. Alors j’avoue ne pas aimer le personnage, mais son parcours atypique, sa manière d’avoir tenté d’habiter une fonction que tout le monde lui a refusée depuis le départ la rendent presque attachante.
Mais voilà, c’est mal! Elle parle d’un président en fonction. Et en plus elle ne parle pas de lui de manière « institutionnelle » alors c’est mal, il faut la discréditer, la mettre au banc. De toute manière elle l’a été depuis le départ ou presque donc je doute que ça lui importe.
Mais elle rentre dans le cas de ceux qui parlent mais qui ne vont pas dans le sens du courant. Qui ne disent pas ce qu’on a envie de faire entendre aux gens. Alors forcément ça pose problème. Surtout qu’elle pointe clairement le mélange des genres entre les journalistes et les politiques (mélange qu’elle a pratiqué en tant que journaliste politique justement). Finalement les commentaires acerbes ne sont-ils pas simplement des réponses aux vérités soulevées et qui montrent que malgré l’indépendance de fait que devrait avoir les journalistes leur proximité avec le pouvoir finit par nouer des liens parfois inextricablement jusqu’à dépasser certaines limites.
Difficile de nos jours de dire les choses dans les médias lorsque les choses en question vont à l’encontre de ce que les médias veulent que l’on entende. Et surtout difficile de parler de tous les sujets quand certains sont et demeurent tabous. Les sociétés anglo-saxonnes ont encore beaucoup à nous apprendre sur la liberté d’expression (oui même lorsqu’elle va trop loin) et sur l’indépendance des médias vis à vis des pouvoirs quels qu’ils soient.