En cette période particulière que l'on appelle "rentrée des classes", j'ai voulu, à ma manière, ajouter une pierre à l'édifice en vous proposant aujourd'hui une lecture ayant en partie pour thème l'éducation. Pour celles et ceux qui connaissent bien la série littéraire jeunesse à succès d'Anne-Marie Desplat-Duc intitulée Les colombes du Roi-Soleil, vous ne serez pas dépaysés par le livre que je vous présente aujourd'hui puisqu'il se situe sensiblement dans le même univers, à la différence près qu'il s'agit ici d'un livre à destination des adultes. Par ailleurs, Saint-Cyr : La maison d'Esther a été publié avant Les colombes du Roi-Soleil et a très probablement été une source d'inspiration pour Anne-Marie Desplat-Duc. Ce livre va donc plaire aux amatrices du genre !
L'histoire telle qu'elle nous est racontée ici par Yves Dangerfield s'inspire d'un fait historique réel datant du règne de Louis XIV, le fameux Roi-Soleil. Pour celles et ceux qui l'ignorent, à la fin de son règne, Louis XIV, sous l'infuence de sa compagne Madame de Maintenon, ouvre une maison d'éducation à destination des jeunes filles nobles mais pauvres issues de toutes les provinces du royaume. Le projet est novateur, car pour la première fois dans l'Histoire, on s'intéresse vraiment à l'éducation des filles en leur proposant des matières réservées jusqu'à présent aux hommes, telles que l'histoire, la géographie, la littérature et parfois de la philosophie ou des mathématiques. Une éducation plus que complète puisqu'il faut ajouter à cela les matières réservées à l'époque aux filles (couture, morale, religion...).
A partir de ce contexte, Yves Dangerfield s'est plu à imaginer le destin de certaines pensionnaires de la Maison de Saint-Louis. Alors que nous suivons la vie paisible au sein de la Maison de Madeleine de Glapion, Anne de la Haye et Catherine du Pérou, leur quotidien est bousculé par la nouvelle pièce de Racine, Esther, commandée et écrite spécialement pour les jeunes filles de Saint-Cyr. L'excitation est à son comble pour ces pensionnaires qui sortent tout juste de leurs provinces car elles joueront la pièce devant le Roi et sa Cour au moment du Carvanal. Ces conditions extraordinaires vont transformer radicalement ces jeunes filles dociles. Elles vont s'ouvrir au monde qui les entoure et s'opposer aux lois de la Maison pour changer ainsi leurs destins.
J'ai été, si on peut le dire ainsi, "biberonnée" par la série d'Anne-Marie Desplat-Duc durant mon enfance. Je connaissais donc sur le bout des doigts les aventures des Colombes et de la Maison de Saint-Louis à force de les relire. Des années plus tard, j'ai été ravie de retrouver cette atmosphère qui me plaisait tant en lisant le livre d'Yves Dangerfield. Comme c'est un livre à destination des adultes, le romancier apporte une psychologie plus profonde aux personnages et l'intrigue colle beaucoup plus à la réalité historique. Il y a ainsi moins de merveilleux mais c'est sans doute mieux comme cela. Cette volonté de retracer au plus près le destin de cette maison unique en son genre m'a beaucoup plu, et j'ai été étonnée par le final... mais je ne vous en dirais pas plus !
Une lecture sur une période du règne de Louis XIV assez méconnue mais qui en vaut le détour. On découvre une Madame de Maintenon différente, plus humaine, un Racine en fin de vie, qui semble apaisé. Saint-Cyr : La maison d'Esther permet également aux lecteurs de mieux visualiser le déclin de la plus grande Cour d'Europe à la fin du règne du Roi Soleil ainsi que l'application du traité de Fontainebleau qui a obligé des milliers de prostestants à quitter le pays. Pour celles qui ne souhaite pas lire le livre, il a été adapté au cinéma en 2000 par Patricia Mazuy (la couverture est d'ailleurs une image du film, avec Isabelle Huppert dans le rôle de Madame de Maintenon).
Cette lecture est une nouvelle participation aux challenges auxquels je participe : le challenge "Cartables et tableaux noirs saison 2" chez George, le challenge "La littérature fait son cinéma" sur mon blog, le challenge "Plan ORSEC 2014" chez George et le challenge estival de Métaphore.