Ce que Facebook ne peut pas acheter, il le crée. En effet, 3 milliards de dollars n’ont pas suffi à Facebook pour racheter Snapchat, l’application de messages mobiles éphémères qui rassemblent aujoud’hui plus de 50 millions de membres.
Facebook contre-attaque en créant Slingshot (« lance-pierre »). Lancée officiellement mardi 24 juin, il s’agit de la deuxième création du « Facebook Creative Labs », le département de développement d’applications de Facebook.
Une apparence envoutante, un temps de chargement inexistant, un fonctionnement accommodant (les puristes noteront l’allitération en « en »), Slingshot marque clairement un point au niveau de son design. Le principe est le même que Snapchat sur le fond : partager des photos/vidéos avec ses contacts.
Sur la forme on notera une grosse différence : Quand on reçoit un contenu de la part d’un utilisateur, il n’est pas lisible/décodable tout de suite, il est bloqué. Slingshot impose la nécessité d’envoyer à notre tour un contenu pour visualiser celui qu’on vient de recevoir. De quoi favoriser les échanges entre ses utilisateurs, où bien les contraindre, tout dépend du point de vue. Le motto de facebook étant que « tout le monde est créateur et personne n’est un simple spectateur ».
Les opportunités commerciales de Slingshot sont très larges d’un point de vue CRM. On imagine aisément une marque offrir des coupons de réduction moyennant un témoignage produit vidéo, ou une photographie de ses articles préférés avec justification. L’idée étant d’approfondir les informations sur sa clientèle, et d’obtenir un retour produit plus complet. En faisant évoluer l’application, il serait intéressant d’imaginer un jeu concours où chaque participant reçoit un contenu exclusif (bloqué), mais seul le gagnant du concours obtient le privilège de débloquer ce contenu. Vous imaginez alors le caractère exclusif de ce contenu ! En somme, le business model de cette application est l’engagement. Slingshot a été conçue pour maximiser les statistiques d’engagement des utilisateurs et faire sourire les Community Manager en charge d’une campagne media dédiée. Du moins, cela dépend jusqu’où les utilisateurs sont prêts à nous suivre.
En effet, Facebook surfe sur le besoin d’extimité et de voyeurisme de ses utilisateurs en créant une application qui leur propose d’accéder à une information qui leur est adressée, seulement s’ils acceptent d’échanger un contenu qu’ils n’étaient pas nécessairement prêts à communiquer, de façon spontanée. C’est une sorte de monnaie d’échange, un troc de l’information personnelle. Je te donne une info sur moi contre une information sur toi.
Nait alors une frustration : L’information devient payante, et le règlement s’effectue en nature par des morceaux de vie privée. Les utilisateurs sont confrontés à un arbitrage entre curiosité et contrôle de leur intimité.
En extrapolant à l’extrême, si ce type d’application basée sur le partage forcé se généralise, on est en droit de se poser la question – jusqu’où ira t’on pour accéder à un message qui nous est adressé ? Ya-t’il un seuil au delà duquel nous préféreront ne pas accéder une information, par peur de trop s’exposer ?
N’hésitez pas à partagez vos opinions dans les commentaires.