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187 – cosmogonie et mythes fondateurs

Publié le 10 septembre 2014 par Jeanjacques

EXTRAITS DE WIKIPEDIA

La cosmogonie (du grec cosmo- « monde » et gon- « en­gendrer ») est définie comme un système de la formation de l'Univers1. Elle se distingue de la cosmologie, qui est la « science des lois générales par lesquelles le monde physique est gouverné »

De multiples récits oraux et écrits de cosmogonie fondent presque toutes les religions et sociétés. Des milliers de légendes de création du monde et de récits cosmogoniques traditionnels relatifs aux origines du monde, des dieux ou des institutions, appartiennent à la catégorie des mythes fondateurs. Les figures idéales et les modèles intemporels y ont donc une place importante.

La variété des récits de création du monde, à travers leurs théories des origines, semble aussi exprimer le besoin immuable de décrire et peut-être justifier les transformations radicales du monde observable Mircea Eliade voit dans la cosmogonie une sorte de modèle archétypal de la création, l'univers étant le « chef-d'œuvre » d'un créateur offert comme modèle aux hommes.

La majorité des mythes ont en commun de ne pas présupposer l'existence d'un Univers incréé, immuable et éternel ; ils suggèrent des étapes et des devenirs possibles du monde :

- Apparition de l'Univers à partir du néant (ex nihilo), du chaos, de l'inconnu ou d'une entité hors de portée de notre compréhension;

- Naissance du temps et de l'espace, de la lumière et de la matière. À partir du chaos primordial inerte, apparition des éléments, eau, terre, feu et air (en Occident ;

Les théories scientifiques sont par essence sujettes à de profonds remaniements. Par exemple le modèle du Big-bang a été proposé en 1927 par l'abbé Lemaître à partir d'une théorie de l'« œuf primitif ». Celui-ci fut un pionnier dans l'utilisation de la relativité générale formulée par Einstein douze ans plus tôt. Einstein eut des scrupules lorsque sa brillante théorie le mena à un univers en expansion.

COMMENTAIRES

On peut considérer que le discours sur la genèse est le premier de tous les discours puisqu’il pose les bases de la représentation qu’une société se donne à elle-même, comment elle se pense et se situe dans l’univers.

La cosmogonie de l’occident a évolué à mesure que progressait les découvertes astronomiques, de l’univers clos et autocentré des grecs à l’univers héliocentrique de la renaissance pour aboutir à notre conception d’un big bang fondateur et à l’expansion des galaxies.

Ce qui est remarquable, c’est que : « La majorité des mythes ont en commun de ne pas présupposer l'existence d'un Univers incréé, immuable et éternel ». Notre cosmogonie scientifique s’inscrit donc parfaitement dans la mythologie traditionnelle et ne dérive pas simplement de la représentation judéo-chrétienne de la genèse. Un archétype inconscient profond semble imposer absolument un début des temps, une origine, un temps zéro de commencement de l’histoire humaine s’extrayant d’un chaos ou d’un néant.

Cet archétype paraît calquer sur celui du développement de la vie qui suppose une naissance, des étapes de développement et une disparition : l’éternité est réservée à Dieu mais pas à sa création.

Mais ce qui est original dans notre cosmogonie scientifique actuelle, c’est l’idée de l’expansion de l’univers dont on peut se demander quelle mythologie profonde la fonde. Elle nait paradoxalement d’une rencontre contradictoire entre un homme d’église (L'abbé Lemaître initiateur du big-bang) et d’un scientifique (A. Einstein). Celui-ci concrétise dans sa physique la disparition d’un référentiel inertiel central à partir duquel s’initiait le mouvement. La science achevait la laïcisation des valeurs qui ne s’alimentait plus à la source divine unique et s’imposa ainsi comme maîtresse du discours sur la genèse.

L’homme perdait son référentiel divin pour entrer dans l’ère de la relativité des points de vue qui dépendaient désormais non pas d’un lieu central fixe mais de l’absolu d’un  mouvement, celui de la lumière. Le mouvement était référé à lui-même dans une société elle-même lancée à pleine vitesse dans la course au progrès.

Il faut alors pointer la remarquable cohérence du paradigme d’une époque, la connivence étroite entre l’esprit de celle-ci et les théories scientifiques. En effet, surtout à partir de l’industrieux XIXème siècle, l’humanité a accéléré la conquête de la planète et son expansion à la fois technologique, démographique et territoriale. Sa représentation d’un univers en expansion cadrait donc parfaitement à son propre mouvement d’extension, la mythologie scientifique lui offrait ainsi un discours en parfaite adéquation à son vécu collectif. Époque bénie où la notion de progrès historique était centrale et supposait un temps vectorisé à partir d’une origine, ce qui là aussi concordait avec la cosmogonie d’un temps daté où s’inscrit l’histoire humaine.

On comprend que l’idée d’un Univers incréé, immuable et éternel  ait été inaccessible aux hommes de cette époque - comme de la nôtre qui vit sur la lancée de la précédente. On peut se demander cependant si le fin de la conquête de la planète, le relatif ralentissement de l’expansion économique, les discours écologiques de précaution, la pénurie prévisible de ressources naturelles et bien d’autres facteurs inquiétants, n’ont pas déjà préparé le terrain à un autre paradigme scientifique : celui Univers incréé, immuable et éternel 


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