Hippocrate

Benjamin va devenir un grand médecin, il en est certain. Mais pour son premier stage d’interne dans le service de son père, rien ne se passe comme prévu. La pratique se révèle plus rude que la théorie. La responsabilité est écrasante, son père est aux abonnés absents et son co-interne, Abdel, est un médecin étranger plus expérimenté que lui. Benjamin va se confronter brutalement à ses limites, à ses peurs, celles de ses patients, des familles, des médecins, et du personnel. Son initiation commence.

Il y a quelques années je faisais partie des fana de séries télévisées médicales avec une large préférence pour Urgences et Grey’s Anatomy et ce n’est pas tant ce monde médical qui m’attirait particulièrement mais l’émotion qui suscitaient les personnages et leurs interactions avec les malades. C’est exactement ce que j’ai retrouvé dans ce film et que j’ai beaucoup aimé.
Hippocrate est un film très réussit. Le réalisateur, lui même médecin s’est servi de faits réels, qu’il a vécu de près ou de loin durant sa carrière. Cela rend le film hyper réaliste, à la frontière entre la fiction et le documentaire.
Une chose est sûre, le tableau qu’il dresse de l’hôpital français fait froid dans le dos. Il n’y a pourtant rien de surprenant là dedans, on connait le manque de moyen, le manque de personnel, les coupes drastiques dans les budget hospitaliers désormais gérer par des économistes plutôt que des médecins, on sait aussi la pénurie de docteurs qui fait venir chaque année des centaines de médecins étrangers utilisés par le système français comme des serviettes jetables. On sait tout cela mais le voir ainsi porter à l’écran a de quoi mettre mal à l’aise et souhaiter de rester en bonne santé le plus longtemps possible.
Ce qui m’a certainement le plus choqué c’est l’état de délabrement des locaux. Le fil a été tourné dans plusieurs hôpitaux français et il y a de quoi avoir peur ! Peur pour les patients mais peur aussi pour le personnel hospitalier qui doit vivre dans ces bâtiments insalubres. Et quand on connait le nombre d’heures qu’ils y passent il y a vraiment de quoi trouver cela honteux.
Pour en revenir au scenario, le personnage de Benjamin n’est au final qu’un prétexte pour dénoncer les nombreux dysfonctionnement du système. Ce jeune interne débute sa carrière plein de confiance en lui et en son métier mais va très vite déchanter.
C’est finalement le personnage d’Abdel interprété par le génial Reda Kateb qui porte le film et qui m’a le plus touchée.
A noter que certaines des infirmières présentes à l’écran le sont réellement dans la vie.
Un film réaliste sur un sujet qui nous concerne tous. Drôle et très émouvant à la fois.