Une fois n’est pas coutume, écrire sur un livre qui a eu moultes critiques, c’est pas mon truc mais comme j’ai beaucoup aimé ce bouquin, j’ai envie que vous ayez envie aussi de le lire. Maylis de Kerangal n’en est pas à son premier coup. Et c’est ici, ce qui semble être un coup de maître.
Cette dame écrit sur des sujets originaux et qui sortent souvent des sentiers battus. La construction d’un pont, le don d’organe, autant de sujets qui font tilt.
Bloggueurs, lecteurs, journalistes et critiques paraissent d’accord; écrire un roman sur le don d’organes et la transplantation, c’était coton pourtant mais l’auteure a été jusqu’au bout avec délicatesse et intelligence. Assez en tous cas pour nous faire ressentir ce que nous ressentirons peut-être jamais. Ou peut-être. Quoi qu’il en soit, elle a réussi à nous faire sentir ce que nous sommes tous les jours, vivant et faillible.
C’est au travers de l’histoire de Simon tout d’abord qu’on entre dans ce récit tout particulier. Simon, c’est un fan de surf, du petit matin qui se lève sur la plage et sur les vagues. Il aime le déferlement de l’écume et partager ces moments de pure adrénaline avec ses potes. Quand il prend la mauvaise route au mauvais moment, il devient un jeune homme mort cérébralement dont les organes sont encore viables.
Donneur ou pas, il s’agit de savoir vite pour répondre aux besoins vitaux d’autres personnes en attente.
Commence alors un parcours épineux pour les proches, les soignants, les malades qui attendent et la vie en suspens tout simplement.
De la toute première étape à la dernière qui clôt une émouvante histoire, on entre dedans avec quelque difficulté au début.
Le style de l’auteure est parfois compliqué, au début, il ne m’a pas tenu en haleine et a failli me laisser sur le bas côté de la route; trop de métaphores, de comparaisons pour souligner ou mettre en exergue un détail, un lieu, une chose. Mais accrochez-vous, vous ne vous rendrez même pas compte que vous êtes entré dans l’histoire et que vous avez laissé de côté le style et les fioritures. Plus les pages défilent, plus c’est émouvant et même sans l’avoir vécu, l’authenticité est palpable. On se doute que tout ne doit pas être similaire à la vraie vie, à une vraie transplantation avec les caractéristiques de chacun.
Cependant, ce livre donne du grain à moudre. On s’interroge très vite sur nos envies, nos ressentis et notre capacité à en parler autour de nous. On y apprend beaucoup sur les procédures, le refus, le choix d’une telle décision mais également sur soi.
C’est un bon moment passé qui fait relativiser sur sa propre existence.
C’est aussi le pari de la littérature ?
Réparer les vivants, Maylis de Kerangal, Verticales, 2014