Reconnaissons que l’intégration supranationale de la législation dans les Etats de l’UE a depuis longtemps atteint un niveau que l’on considérait comme inaccessible il n’y a pas encore si longtemps. Cette intégration européenne croissante force les pays membres à mener une coopération de plus en plus étroite dans presque tous les secteurs de la vie publique.
Si les Etats de l’UE trouvaient aussi la possibilité de mener une politique sociale commune, la distribution des rôles sur la scène mondiale se transformerait durablement. Une Europe ainsi politiquement et “socialement” unie ne pèserait pas moins que les Etats Unis.
On a su faire avancer l’unification du point de vue de la technique et de l’organisation, mais on a échoué lorsqu’il fallait transformer l’UE en une unité politique capable d’agir vraiment, avant les élargissements intempestifs et trop rapides. L’appareil de l’UE, ses méthodes de communication et de prise de décision se sont arrêtées au stade de la simple diplomatie entre Etats. La majorité des citoyens voit à juste titre, dans le projet d’Union tel qu’il est mené, un monstre technocratique antidémocratique plutôt qu’une alternative d’avenir à leurs Etats-nations.
Une Europe “malformée” pour cause de “prématurité” hâtive et de greffe anglo-saxone ratée, peut-elle vaincre les handicaps accumulées à l’adolescence ?
Un dossier est très important pour notre pays et pour toute l’Europe, celui de “l’Union pour la Méditérranée” (UPM). Pourtant, Nicolas Sarkozy semble avoir renoncé, sous la pression de ses partenaires, notamment de l’Allemagne, à une grande partie de ses ambitions en ce domaine. Les propositions de la Commission réaffirment la prééminence des institutions européennes sur cette “politique”. L’UE souhaite la continuation du “processus de Barcelone“. Il est pourtant dans l’impasse, mais mieux vaut, aux yeux de nos partenaires, une politique euroméditerranéenne bloquée que voir la France prendre de l’ascendant en Méditerranée !
La politique de l’UE en Méditerranée est pourtant inexistante ou presque; la Commission est donc fort mal placée pour prétendre diriger ce projet, après avoir manifesté si peu d’intérêt jusqu’ici.
Bruxelles récuse une coprésidence française de l’Union pour la Méditerranée
LE MONDE | 19.05.08