Publié le 09 septembre 2014 par Universcomics
@Josemaniette
Daredevil fête ses cinquante ans, l'occasion de compiler ce petit dossier spécial, afin d'éclairer les nouveaux lecteurs qui souhaitent plonger dans l'univers de Hell's Kitchen et du justicier aveugle le plus célèbre de la planète.
Car oui, Matt Murdock est aveugle. Il n'était encore qu'un gamin lorsqu'il n'écouta que son courage pour sauver un passant distrait des roues d'un camion qui s'apprêtait à le renverser. Grièvement atteint par la cargaison du véhicule (des produits radioactifs en plein New-York...) il perd la vue mais acquiert un don incroyable : tous ses autres sens sont décuplés et il va peu à peu développer un "sixième sens radar" des plus utiles pour appréhender la réalité qu'il ne peut plus voir. Cette histoire est relatée, avec d'autres détails modernes qui placent l'ensemble sous un jour nouveau, dans le Graphic Novel Father, de Joe Quesada, récemment reproposé par Panini dans une nouvelle édition.
Après l'assassinat de son père, un boxeur courageux qui refusa de se coucher devant les pressions et les exigences de mafieux désireux de combiner et truquer matchs et paris, Matt Murdock décide de devenir avocat et de placer son existence sous le signe de la justice. Au passage il parvient à régler le compte des malfrats, comme cela est est fort bien relaté par Miller et Romita Jr, dans les deux Top Bd (parus chez Semic, dans les années 90) Man without Fear / L'Homme sans peur. Stick, un vieux sage maître mystique, le prend sous sa coupe et le forme pour devenir un guerrier efficace et concentré.
Pour ceux qui veulent vraiment tout savoir des premières années de Daredevil, et lire des récits aujourd'hui datés mais toujours délicieux pour les fans des comics des années soixante et soixante-dix, Panini propose des Intégrales, et le tome correspondant à l'année 1964-65 est actuellement disponible. Vous noterez que le premier costume du héros est à dominance jaune, et que le rouge ne deviendra sa couleur distinctive que plus tard. Vous apprécierez probablement la galerie de vilains bigarrés, et le coté très old-school de ces pages qui fêtent en ce moment leurs 50 ans!
Le sommet de la carrière de Daredevil, pour de nombreux fans quadragénaires comme votre serviteur, c'est sous l'ère Frank Miller, dans les années 80. L'artiste révolutionne les codes de la narration du comic-book en milieu urbain, et propose une longue saga passionnante, qui culmine avec plusieurs faits d'armes. Tout d'abord la mort d'Elektra, le premier grand amour de Matt, des mains du cinglé de service, Bullseye, également nommé Le Tireur en français. Celui-ci ne rate jamais sa cible, et face à la belle ninja, il maintient tristement sa réputation (depuis Elektra va mieux... sa résurrection est expliquée dans deux Top Bd parus chez Semic, du nom de Renaissance – Fall from Grace en Vo – réalisés par Chichester et Mc Daniel). Autre tragédie : la descente aux enfers de Matt Murdock, traqué et méthodiquement détruit (dans ses affects, son travail, ses économies...) par le Caïd Wilson Fisk, son grand ennemi légendaire. A cette occasion notre héros retrouve son ancienne secrétaire, Karen Page, dont il est éperdument amoureux. Hélas, la jolie blonde a sombré dans la drogue et tourne dans de sordides vidéos pornographiques, et elle a bien besoin d'aide pour s'en sortir! Comme tout junkie, elle est prête à tout pour une autre dose et a fini par vendre la double identité de Murdock à la pègre (au Caïd donc...) Tout ceci figure au menu de Born Again, une des plus belles sagas de Daredevil. Pour relire l'ère Frank Miller, c'est le moment ou jamais car Panini a eu l'idée de sortir ces épisodes dans la collection Marvel Icons. Le premier pavé est dans les librairies en ce moment et c'est un pur plaisir de lecture.
La carrière du justicier aveugle est jalonnée de triomphes, de dépressions, de relations sentimentales qui finissent mal, ou en tragédie. De nombreux artistes vont donner à Daredevil l'occasion de s'illustrer dans des aventures qui oscillent entre l'anecdotique ou le franchement passionnant. Je citerais au passage Ann Nocenti, qui insère dans une trame super-héroïque des éléments sociaux, écologiques, et une réflexion plus poussée et approfondie de ce que peut être la société. Ce sont ces histoires que Semic proposa dans la collection "Version Intégrale" dans les années 90.
Plus récemment, Brian Bendis a repris en main la destinée de Daredevil, en sérieuse panne d'inspiration. Il en a fait une oeuvre majestueuse, actualisation moderne et remarquablement pertinente du travail précédent de Miller. Là encore l'identité de Daredevil est révélée, et Matt doit vivre avec cette épée de Damoclès sur la tête, et se défendre contre ses ennemis (le Caïd est encore là dans l'ombre) et la presse qui souhaite le lyncher. Chez Panini, tout ce cycle est édité dans la belle collection Marvel Deluxe en quatre tomes. Après Bendis, Brubaker prolonge le plaisir avec des épisodes qui s'inscrivent dans une veine assez similaire.
Enfin autre point d'orgue, les épisodes les plus récents, ceux de Mark Waid. Ils sont publiés dans la revue Marvel Knights, et permettent de lire un Daredevil plus souriant, plus solaire, avec le retour des couleurs, d'une certaine positivité latente (merci aux artistes comme Paolo Rivera ou Chris Samnee, par exemple) sans pour autant que la série devienne plate ou infantile. Au contraire.
Ce résumé est bien sur extrêmement sommaire, subjectif, et incomplet. C'est juste un petit jeu de pistes, pour donner envie au nouveau lecteur de se plonger dans le monde de Daredevil, en y lisant les principaux jalons qui permettent de comprendre l'essence et la nature du personnage.