Assise dans un petit studio photo en plein Soho, je souris en remplissant le formulaire que la réceptionniste vient de me donner. Age, taille, poids, mensurations… Je ne connais la réponse à aucune de ces questions (enfin si la première)… Je ne me suis pas mesurée depuis que j’ai compris que je ne grandirai plus, j’ai pas de balance, quand à mes mensurations… mystère et boule de gomme ! Si c’était un contrôle de maths, j’aurai un zéro pointé.
Je rends le formulaire à la réceptionniste en m’excusant, elle est charmante et me dit que c’est pas grave ces questions sont pour les « pros », pas les « amateurs ». Je retourne m’asseoir, il fait une chaleur assommante. Je regarde les jeunes femmes autour de moi. Elles remplissent leurs questionnaires avec assiduité. Je me demande comment elles sont arrivées là, si elles sont stressées, si elles savent répondre à toutes les questions… je rigole tout doucement.
Quand j’ai reçu l’invitation pour ce casting, ni une, ni deux ; j’ai partagé sur les réseaux sociaux. Je n’ai pas pensé une seconde y participer. Et puis l’assistante de casting m’a recontacté et m’a demandé si je pouvais envoyer des photos.
Ma première réaction a été « oh la la c’est pas pour moi ça et puis de toute façon je ne serai jamais sélectionnée alors… » et puis je me suis reprise. Depuis quelques mois j’essaie d‘être plus spontanée et d’envoyer deux, trois photos. Apres tout l’important dans la vie c’est le voyage, pas la destination ;) et me voilà quelques jours plus tard assise dans un studio photo en short et débardeur.
Bon une chose est claire, je ne suis pas mannequin. Je suis là pour l’expérience, c’est quelque chose que je n’ai jamais fait et ça m’amuse de le faire. C’est si loin de mon quotidien, ça fait du bien de s’échapper de temps en temps et puis c’est sympa de n’avoir aucune pression, aucune attente, de « cueillir l’instant présent ».
Au bout d’une dizaine de minutes, l’assistante de casting m’appelle. Elle est grande, mince, a de longs cheveux sombres et une voix douce et chaleureuse. Adorable, elle me complimente sur mon blog. Ça me fait toujours bizarre de savoir qu’il il y a tellement de gens qui me lisent et avec qui je n’ai jamais été en contact, que je n’ai jamais rencontré.
Le studio photo est très minimaliste : il y a un parquet en bois, un mur blanc avec du matériel pour l’éclairage, une table contre le mur et un canapé en cuir. Il y a aussi un cameraman. L’assistante de casting a un appareil photo. J’aperçois sur le sol deux bouts de chatterton qui forment une croix, ça me rappelle mes spectacles de danse de fin d’année. Je demande en riant s’il faut que je me positionne sur la croix comme à la danse. Ils acquiescent et me disent que je suis la deuxième personne aujourd’hui à leur faire la remarque aujourd’hui.
Je me commence mon entretien. Ils cherchent une française. On me pose des questions en anglais et je dois répondre en français. Fastoche ? Pas tant que ça, mon cerveau s’est reprogrammé pour répondre en français aux français et en anglais aux anglais et là… Il y a comme qui dirait un croisement un peu difficile à franchir. J’ajoute un peu de franglais dans le schmilblick mais après tout c’est normal… je suis franglaise ;)
L’exercice d’après m’était carrément étranger. Je ne suis pas la reine des « selfies » et photos en tout genre. Je ne sais pas trop poser, sur les photos je suis en général la nana qui fait des grimaces ou qui se cache derrière quelqu’un d’autre et pourtant me voilà, cheveux relevés à poser pour un gros plan, une photo de profil, de dos (ma préférée) et puis mon autre profil. Le tout est fini en une vingtaine de minutes. On m’explique que le client devrait visionner la vidéo et étudier les photos dans les prochaines semaines. Ils rappelleront les candidates qui correspondent le mieux à leur brief dans trois ou quatre semaines.
Voilà, c’est fini ! Ben dites donc. C’est allé vite ! Ça doit pas être évident quand même quand c’est son gagne-pain. Il faut une belle dose de confiance en soi pour faire ce métier. Dire qu’il y à temps de petites jeunes filles dans cette industrie, je ne crois pas que j’aurais eu les tripes pour faire un tel job – sans parler du physique hein… mais ça c’est un tout autre sujet ;).
Je quitte le studio le sourire aux lèvres. C’était une jolie expérience, j’en tire deux leçons :
- la première : les choses sont plus simples quand on ne se met pas la pression. Aaaah si j’avais une baguette magique qui pouvait m’empêcher de procrastiné !
- la deuxième : ça fait bien plaisir de penser à soi. J’ai pas trop le temps de faire des choses pour moi – je tire tellement sur la corde que c’est un miracle qu’elle ne casse pas ! Le samedi suivant, j’ai mis mon nom sur la liste d’attente du national circus arts. Je ne sais pas combien de temps ça va prendre pour sécuriser un place, je ne sais pas comment je vais trouver une baby-sitter et où je vais bien pouvoir trouver les £10/heure pour la payer mais il est temps de renouer avec les nouvelles expériences, pousser mes limites et mordre la vie à pleine dents !
Si j’étais invitée à un autre casting, je ne sais pas si j’irai ça prend du temps et tout et tout mais comme bon c’est fait encore un truc à barrer sur ma bucket list